une masure aux yeux clos

Une masure aux yeux clos.

La masure élevée tremblante, si fragile
En son habit de paille alourdie par l’argile,
Semblait les yeux mi-clos* scruter dans l’horizon,
Le retour d’un navire et de sa cargaison.

Les arbres du jardin secoués par la bise
Cachaient bien du chagrin en cette journée grise.
Une mère attendrie regardait son enfant :
Lui aussi partirait demain sur l’océan.

Sur les quais s’affairaient, toutes mains aguerries,
A manœuvrer misaine ou les cordes vieillies
Et de la cale au pont, vaillant par la chanson
L’ensemble s’activait, du loup au moussaillon.

Au matin du départ semblait pleurer la rade
Les larmes et sanglots y venaient en cascade.
La femme du marin, la mère de l’enfant
A chacune sa peine en son cœur lancinant.

Quatre longs mois de mer et de nuits en galère
A lutter dans le vent, priant la Sainte Mère
Pour que les vieux gréements résistent dans le vent,
Pour que chaque marin revienne au port vivant.

La lutte fut bien rude et de force inégale
Sous les assauts rageurs l’issue était fatale.
Le grand bateau blessé sombra dans le néant
Emportant avec lui l’équipage et l’enfant.

On attendit longtemps du vaisseau des nouvelles
Mais quand vint le printemps avec les hirondelles,
Les bougies au calvaire éclairèrent la nuit
Tous les rêves brisés, comme l’espoir détruit.

La masure élevée, tremblante, si fragile
En son habit de paille alourdie par l’argile
A gardé ses yeux clos tournés vers l’horizon.
En des murs défraîchis s’élève une oraison.

© Pagnolesque

*maison de bord de mer aux volets à demi clos

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Mon Grimoire

Telle est la vie des hommes.
Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins.(Marcel Pagnol)

C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme une masure aux yeux clos 3289

encore un voyage merci l'ami ^^

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Le temps passe,
Moi, j'attends le partage,
Au passage de ton coeur.
Méli-Mélo-mi-cendres-mi-eaux

Merci à toi... dans le temps elle prenait l'homme et l'enfant hélas.
Gros Bisou

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Telle est la vie des hommes.
Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins.(Marcel Pagnol)

Bonsoir,

Très beau poème. J'ai vraiment apprécié sa lecture !

Invité

Quel beau poème... et triste fin... mais un grand Bravo j'ai adoré.

adrienf a écrit:: Bonsoir,

Très beau poème. J'ai vraiment apprécié sa lecture !

Merci de ta lecture et de ton commentaire. Lorsqu'on écrit, on se doit de faire passer des sentiments, des musicalités, quand bien même on écrirait que pour soi.
C'est ce que j'ai tenté de faire modestement dans cet alexandrin et si cela t'a plu alors j'en suis heureux.
Au plaisir de te lire moi même
Poétiquement

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Telle est la vie des hommes.
Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins.(Marcel Pagnol)

Kérrydwen a écrit:: Quel beau poème... et triste fin... mais un grand Bravo j'ai adoré.

Défier la mer aujourd'hui comme par le passé est un pari dangereux. Comme je l'ai dit par ailleurs, nous avons à Boulogne sur Mer, le calvaire du marin où sur les murs sont apposées tant de plaques en souvenir des disparus que cela m'a donné l'envie d'écrire ces vers. Natif du bord de mer et y résidant à nouveau, il y aura d'autres poèmes, moins tristes peut-être, mais consacrés à la mer.
Merci d'être passé me lire.
Poétiquement

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Telle est la vie des hommes.
Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins.(Marcel Pagnol)

Invité

Pagnol,
Voilà un nouveau chapitre, que tu rajoutes à tes écrits poétiques et descriptifs, et aussi consacrés aux Métiers.
Celui des marins, est fascinant et ils méritent l'hommage de la poésie.
Tu a su parfaitement nous faire participer et du côté des marins, et de leurs familles, sur terre, de manière parfaitement réaliste qui a transcendé la poésie.
Encore un élément d'une œuvre qui ne va pas être vaine ni immatérielle.
Bravo

Evelyne* a écrit:: Pagnol,
Voilà un nouveau chapitre, que tu rajoutes à tes écrits poétiques et descriptifs, et aussi consacrés aux Métiers.
Celui des marins, est fascinant et ils méritent l'hommage de la poésie.
Tu a su parfaitement nous faire participer et du côté des marins, et de leurs familles, sur terre, de manière parfaitement réaliste qui a transcendé la poésie.
Encore un élément d'une œuvre qui ne va pas être vaine ni immatérielle.

Merci Evelyne, j'ai déjà dit comment m'était venue cette envie d'écrire ce texte et tu en as parfaitement saisi le sens. Quant à ton commentaire, il me fait rougir de plaisir...
Encore merci Une Rose

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