La Mer Sans Arrêt….

L'ardent rayonnement du soleil, sur les ondes,
Ciel azur... Plafond de la Chapelle Sixtine,
Et la cajolerie du Levant, bien mutine,
Fixent dans mon esprit des envies vagabondes.

Dans mon transat, le corps et l’esprit languissants,
Sur ce bord de mer où domine l’ordonnance
De la nature, subornée à la dominance
Des manies et caprices, d’êtres florissants.

Loin d’ici, voilà que je bourlingue et navigue,
Surgissent les merveilleuses odes marines
Que tant de bardes ont prônées pour héroïnes.
Rêve aux flots écumeux des rives, je chavire.

Mon imagination débridée voyage...
« Oh Combien de marins, combien de capitaines »*1
Ont tous péris, comme « dans les « courses lointaines »*2
Les drames semblent beaux, quand ils sont d’un autre âge !

C’est que la mer est un élément naturel.
Qui semble concéder, mais n’est jamais soumise ;
Les audacieux pensent, qu’elle leur est acquise,
Oublient qu’elle est un espace conjoncturel.

Sur mon transat, je naviguais sur un nuage
Où j’ai traversé, un peu, l’espace et le temps.
La réalité m’atteint en un bref instant.
La mer démontée, m’a presque mise en naufrage !

Sur le sable bien peigné, le chaos s’étend.
Sont irritées, toutes ces personnes prospères,
Le luxe doit les protéger de ces impairs !
La nature ne choisit pas en s’excitant.

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*1- « Oh Combien de marins, combien de capitaines »
Premier vers du poème de Victor Hugo : Océano Nox

*2 – Phrase du poème «Waterloo, Morne Plaine » de Victor Hugo

"Le rayonnement du soleil, sur les ondes," => 11
=> Le rayon du soleil ondulant sur les ondes (par exemple)

"Ciel azur, Plafond de // la Chapelle Sixtine,"
L'hémistiche est bof je trouve… correcte mathématiquement, mais lit la première partie du vers et arrête-toi à "de", ça perd son sens.
=> Ciel azur au Plafond (par exemple), Chapelle Sixtine,

En fait les 3 premiers vers de ton quatrain ils sonnent bizarre… ça fait un peu trop énumération je trouve. Tu sais, un peu comme dans un roman moderne :
4h du matin.
Le soleil se lève.
Je revois ce tableau devant moi.
Il est beau…
J'apprécie pas tellement cet effet de style même si parfois ça peut donner un peu de tonus au poème. Il ne faut pas en abuser, ou, si on le fait, le faire avec tact et pertinence. Mais je t'avoue que ce n'est pas facile, j'ai essayé, et ce n'était pas très concluant. Je ne te proposes pas de reformulation, je te laisse te débrouiller

"Sur ce bord de mer où // domine l’ordonnance" => même remarque pour la césure : Où, sur le bord de mer, domine l'ordonnance (là tu met en valeur le "où" et donc le lieu)
après ton quatrain n'a pas de verbe j'ai l'impression, enfin, d'action principale… j'étais partis pour attendre qu'un truc se passerait sur ce bord de mer, mais non :(

Je vais manger et je finis de te commenter !

En fait je crois avoir compris là : l'ordonnance qui domine est celle des être florissants, autant pour moi. C'est le "De la nature" et la proposition qui est entre les deux qui m'a induit en erreur.

"Loin d’ici, voilà que // je bourlingue et navigue, " => le "que" appelle le "je"

"Surgissent les si merveilleuses odes marines" => 13 et pas d'hémistiche
Je ne sais pas si tu connais ce site, mais il m'aide bcp quand je sèche sur des mots : http://www.crisco.unicaen.fr/cgi-bin/trouvebis2?requete=merveilleux&refer=%23&proc=1924_32264b

"Que tant de bardes ont // prônées pour héroïnes." => tu coupes ton vers :/

"Mon imaginati//on débridée voyage..." => hémistiche

"Les drames semblent beaux, quand ils sont d’un autre âge !"
Très beau vers ! J'aurais supprimé la virgule pour donner un peu de punch au poème ; la virgule est pas mal, car ça marque une sorte d'hésitation… tu sais, un peu comme une grand-mère qui parle à son petit-fils, un truc du genre. Pour marque plus cette pause, qui est assez intéressante, tu peux donc remplacer la virgule par "…" ça ne gênera pas :)

"C’est que la mer est un // élément naturel." tu disloque le GN

"Elle semble concé//der, mais n’est jamais soumise ;" => 13

"Les aventureux pen//sent, qu’elle leur est acquise," => 13 (je pense que tu pense trop par hémistiches de 6 avec le "e" final muet, et ça t'induis en erreur. J'ai moi-même expérimenté ça, et j'ai un vers dans le premier chant qui me bloque de cette façon, triste à avouer et dur à éviter. Mais c'est une question de pratique : penser le vers dans son ensemble, et non par moitié, sauf si tu penses finir en syllabes dures).

"Oubliant qu’elle est un // espace conjoncturel." => 13 + dislocation GN

"Sur mon transat, je na//viguais sur un nuage"
=> Assise je voguais (tu peux contester le ise-je qui est dur à prononcer…) sur ce(/mon) transat-nuage (tant qu'à faire, une petite image surréaliste sympatoche ^^)

"Où j’ai traversé, un // peu, l’espace et le temps." => hémistiche

"La réalité m’a//tteint en un bref instant." => hémistiche ?

"La mer démontée, m’a // presque mise en naufrage !" => incorrect la césure (peut-être pourrais-tu être un peu plus ambiguë : tu parles avant de navigation sur les nuages, pourquoi ne pas parler de cieux démontés ? En plus, un ciel démonté par le tonnerre et par le vent est tout aussi impressionnant qu'une mer "déchaînée [je préfère ce mot mais le tiens est correct !], qu'en penses-tu ?).

"Sur le sable bien pei//gné, le chaos s’étend." => hémistiche ?

"Le luxe doit les pro//téger de ces impairs !" => césure ?

"La nature ne choi//sit pas en s’excitant." => césure ?

Pour tout tes problèmes de césures-hémistiches, des fois ça peut facilement se résoudre en inversant quelques mots dans le vers. Parfois c'est plus dur, il faut tout reprendre (c'est en forgeant qu'on devient forgeron).

N'hésite pas à regarder un peu plus en détail les vers d'Ithaque, ils sont pas mal. Quelques petites erreurs de temps en temps, mais il se débrouille bien. Sinon je ne peux que te conseiller de lire des alexandrins, et encore des alexandrins, d'acheter un petit ouvrage poétique et de le gribouiller avec un crayon gris : tu places les // aux hémistiche, des / pour les césures de la ponctuation (genre aux virgules), tu peux aussi t'amuser à diviser les syllabes, à lire en comptant, etc…

Sinon ton poème est très bien, tu as une bonne pâte à modeler !

Je t'encourages sur la voie de la poésie classique, mais c'est une voie assez dure. Je te conseillerais peut-être d'essayer d'écrire des poèmes en vers de 6, assez courts, rapides, puis d'augmenter petit à petit les mètres des vers : ocosyllabes, puis décasyllabes, puis alexandrins. Tu verras que les rythme ne sont pas du tout pareil. Après tu peux jouer en les mélangeant, ça donne de bons résultats de temps en temps :)

Bonne continuation !

Voici un sujet que j'adore... la mer, quelle source d'inspiration, j'ose dire.
Et j'ai voyagé sur cette mer calme ou houleuse, elle est d'une beauté sans cesse renouvelée... un poème très bien inspiré!

Bien amicalement,
Ithaque

Frollo merci ami,

Je corrige mon premier vers. Je vais mettre « L’ardent rayonnement »

En revanche, je ne suis pas d’accord pour la suite – Ou plutôt si, tu as mis justement le doigt dessus, en parlant d’énumération.
C’est exactement l’effet que j’ai recherché, voulant citer tout ce qui a amené mon esprit à vagabonder.

L’hémistiche ?
Je ne peux, pour faire joli, mettre ici la césure ou l’hémistiche, juste au 6ème vers, d’ailleurs tout au long du poème, je n’ai pas forcément respecté l’hémistiche classique.
Je parle du célèbre « Plafond de la Chapelle Sixtine » dont la dénomination est Universelle et ne peut être mise en scission.
Quand je commence, je pense au ciel, mais mon esprit vagabonde et sa couleur « Bleu azur » me conduit immédiatement à penser à la couleur du « Plafond de la Chapelle Sixtine »
La mer, le soleil, l’environnement, et l’esprit qui s’endort et vagabonde, perd de sa rationalité,
Tout le poème est ainsi, dans un demi sommeil, je traite de l’environnement en laissant entendre que pour des endroits luxueux, on la conditionne, tout en rejoignant Victor Hugo, d’un Poème « Océano Nox » traitant de Héros Mythologiques, sur la Mer- suivi irrationnellement d’un morceau de vers qui correspond au poème « Waterloo, Morne Plaine » ici loin de la mer, mais dans la neige...
Tout cela c’est une sorte de divagation.

Le seul fil conducteur étant une vague dénonciation de la transformation de l’environnement pour satisfaire le luxe, et la revanche des éléments (ici la mer).

- Les énumérations dans les poèmes, ça ne se fait pas ? J’ai un exemple célèbre à te proposer :
http://www.copiedouble.com/node/201

Demain, dès l'aube (Victor Hugo) - Exploitations de l'alexandrin
Exploitations possibles : Alexandrins. Rimes croisées. Rythme des vers. Progression du poème. Présent indicatif et Futur. Parallélismes de construction. Métonymie. Enumérations. Inspiration autobiographique (mort de Léopoldine Hugo en 1843, âgée de 19 ans, qui venait de se marier ; les deux jeunes époux étaient dans un bateau sur la Seine, à hauteur d'un village nommé Villequier, ils sont morts tous deux noyés).


Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et, quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
[/color]

Et un autre lien toujours d’un poème de Victor Hugo « Mélancholia »
http://www.bacdefrancais.net/melancholia.php

(Sourire) Non pas que j’ose vouloir comparer avec mon travail – Mais pour te montrer que la césure à l’hémistiche, ce n’est pas toujours absolu, dans les alexandrins)

Qu’en penses-tu ? Peut-être que quelque chose m’échappe ?

Merci Ithaque -
Mais comme tu vois, je crois que j'ai encore à apprendre et comprendre.

Peut-être que si j'avais commencé mon poème, par un quatrain, avant l'énumération, il aurait été plus explicite, et le reste aurait été compris. C'est vrai qu'arriver directement dans les divagations d'une personne à moitié assommée par l'alanguissement et le soleil ...? :!Pasbon :!Pasbon

Tacherais de faire mieux, promis Frollo.

Citation :

Je corrige mon premier vers. Je vais mettre « L’ardent rayonnement »

Bon choix, c'est encore plus classe que ma proposition ! Comme quoi il a fallut ici d'un simple inversement !

Alors qu'on se comprenne bien, car tu n'es pas la première à bien comprendre ce que je dis parfois xD

Hémistiche : césure avec ponctuation
césure : espace de blanc où devrait pouvoir se mettre une hémistiche sauf que tu n'as pas mis de virgule

Je reprends le poème d'Hugo : // pour les césures marquées par la ponctuation (hémistiche), et / pour les césures "sous-entendues"

Demain, // dès l'aube, // (que tu peux lire d'une taire : demain dès l'aube) à l'heure où blanchit la campagne
Je partirai. Vois-tu, // je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, // j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer / loin de toi plus longtemps. => hémistiche-césure sous-entendue !!!!!
Je marcherai les yeux / fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, // sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, /: les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi / sera comme la nuit.

Ensuite je t'enverrai bien écouter ceci hihi : https://www.youtube.com/watch?v=igC_ZTxbWnI (mixe de deux poèmes d'Hugo, dont celui-ci, mis en chanson :D j'adore j'adore j'adore :D )

Ce que je te reprochais dans ton poème, c'est que tu ne respectais pas les césures "sous-entendues" ( / )… tu peux regarder mes vers, je m'efforce de mettre une syllabe dure ou une voyelle liée à ce 6è temps de l'alexandrin. De plus, j'essaye de faire des demi-vers indépendants. Pourquoi ? Comme ça tu peux tout simplement prendre la liberté de t'arrêter 5 minutes au milieu du vers sans perdre le sens du vers :)
Avec toi, j'ai relevé quelques vers, on ne pouvait pas s'arrêter faire une "pause pipi" au milieu de l'alexandrin (oui, ça m'arrive en lisant Lamartine de le reposer pour aller dans la cabane au fond du jardin xD)

Citation :

C'est vrai qu'arriver directement dans les divagations d'une personne à moitié assommée par l'alanguissement et le soleil ...?

Il est vrai que je n'avais pas du tout compris cela mdr
Mais garde cet effet, faudrait juste essayer de le faire sentir par la suite, que tu ne fais que divaguer :) (fais gaffe à l'insolation par contre mdr)

Mais ne t'en fais pas, on a tous un début, et je sais que tu y arriveras car tu as déjà assimilé plein de règle. Mais ne perd pas de vue pour autant la poésie moderne, parce que bon, je la connais très mal, et tu semblais la préférer à la poésie classique, donc ne la perds pas de vue, surtout si c'est là où tu peux plus amplement d'exprimer (ce qui est le plus important pour moi) !

Merci Frollo, il semble en effet que sur les pauses, les césures, les hémistiches,
je sois en parfait imbroglio. :Fou: :Fou:
Je recopie ton commentaire, pour bien le comprendre à tête reposée.
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Il est vrai que je ne tends pas à devenir une pro du classique. Mon plaisir, ce serait de pouvoir écrire des poèmes, comme des petites histoires à suspens, avec des chutes, et de préférence, humoristiques. : :Rire:
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Mais quand je fais un poème classique, je voudrais qu'il soit dans les règles, et pour cela, je suis aussi rigoureuse que toi - même si plus longue à la détente (sourire)
De plus, je ne vais pas te mentir, celui-ci précisément, je l'avais travaillé de façon à ce qu'il soit classique.

Merci fois.

Je ne parlerai pas de la forme bien que l'effort fourni pour nous offrir un vrai poème classique est ici évident. Il y a des imperfections, certes, mais nous ne sommes, ni les uns ni les autres des Rimbaud, Hugo ou Verlaine pour ne citer qu'eux. Beaucoup de poètes reconnus ont pris des libertés avec le classicisme de la poésie, certains même, commettant involontairement des erreurs, ont vu leurs poèmes adulés par le lecteur.
Moi je retiens le fond, et surtout la mer. Pour être né au bord de celle-ci, et l'avoir quittée très tôt pour l'armée puis la gendarmerie en montagne, je sais Ô combien elle me manqua durant ces longues années d'errance à travers la France.
Et sur le tard, je n'ai pu résister à l'envie de revenir vivre là où je suis né, là où la mer chante, gronde, se fait d'huile ou ravageuse. J'ai beaucoup aimé mes passages en montagne, mais jamais ils ne m'ont fait oublier la mer.
Dans ta rêverie sur les flots, dans ce "La mer sans arrêt..." (très belle chanson de Ferrat "deux amants au soleil"), j'y ai pris beaucoup de plaisir dans la lecture. J'aime les images qui se dégagent de ce long poème, cette rêverie et ces pensées qui, volages, voyagent d'un même élan.
Bon j'aime, tout simplement.

Ben j'en ai raté des choses ! Heureusement que Frollo veille au grain !

et je crois que je n'aurais pas fait mieux ! Sûrement pas ! Frollo ton analyse est titanesque ! le temps que tu prends est un cadeau fait à tous
Evelyne je n'ai plus grand chose à rajouter ! sinon ! Bisous

Je fais peut-être de longs commentaire mais d'un point de vue esthétique ils sont laids x)

Claude, heureuse de tes apparitions, et plus ! Ton aide !
Frollo, "tu es le meilleur des hôtes de ces bois" - Vu ton âge, et le mal que tu te donnes pour nous tous - Je crois que je n'exagère pas.
Pendant l'absence de Claude, tu as su admirablement lui emboiter le pas.

Mille à vous, et à ce forum, que j'apprécie de jour en jour davantage.

Je dirais tout simplement merci Frollo pour ton dévouement, ta gentillesse, ton humour et tes explications claires! L'esthétique ne rentrant pas en compte dans ce domaine...
Evelyne, je suis d'accord pour le début de la fable mais pas pour qu'il perde son fromage
Mes amitiés à tous les deux :)
Ithaque.