Le chat

Il est las, étendu, le pelage lissé
La brise glacée se perd dans ses moustaches
Les badauds remarquent, à son corps figé
A la patte une crampe, à la tempe une tache


Sous son front il arbore deux miroirs trompeurs
Pleins de rêves fatigués, de candeur saumâtre
Des chemins incarnats, capillaires de torpeur
Nous guident par détours dans le jaune de son plâtre


De sa bouche entrouverte une litanie parvient
Plainte de celui qui ne voit que le ciel
Les passants, tous pressés, d’un regard de dédain
Décident qu’il va bien, c’est bien là l’essentiel


Bien qu’il soit immobile, je sais qu’il n’est pas mort
Ses yeux gris grands ouverts, impassible, le chat dort
Quand vous serez passé, il dormira encore
Restant sourd aux suppliques d’un cœur brisé d’enfant

J'ai aimé lire celui-là

Ce poème-ci est une histoire vécue. Je l'ai écrit dans l'heure qui suivait la mort d'un chat.