A l'orée du sommeil

Je vois, à l'orée du sommeil
Au sein d'un univers de brume
Paraître des cieux inconnus
Eclatants de rayons vermeils
Mon âme chargée d'amertume
En est transportée dans les nues

Pratiquant l'art et la manière
De belles fées évanescentes
M'attirent vers la léthargie
Enivré d'or, sous la lumière
De leurs pupilles caressantes
A fleur de peau, je réagis

Vais-je voir un marchand de sable
Tout décharné, sur son squelette
Déambuler cauchemardesque
Dans une atmosphère inclassable
Où la lune, de sa palette
Tirerait d'incroyables fresques ?

Quand les fées deviennent sorcières
Que, soudain, la lune pâlit
Que des nuages la submergent
Ses rayons deviennent poussières
Et la rivière dans son lit
Se rapetisse entre ses berges

Je suis là, entre chien et loup
Un oeil à demi évéillé
Et l'autre à demi endormi
Le jours s'estompe, devient flou
Je m'accroche à mon oreiller
Seul face au voile de la nuit

Vais-je par le sommeil léger
Atteindre le paradoxal
En passant par le transitoire
Vivre des rêves imagés
Etre suzerain ou vassal
Dans une passionnante histoire ?

Je voudrais devenir marmotte
Calée dans les bras de Morphée
Quand l'aiguille avance au cadran
Plutôt que vivre en rase-motte
Je préfèrerais m'empaffer
Bien vite et m'élever d'un cran

Je ne sais si le bout de phrase
Dont l'écho frappe mon tympan
Est onirique ou bien réel ?
J'aimerais faire table rase
Au firmament tirer des plans
Explorer le surnaturel

Voir se gorger d'eau des déserts
Se gonfler des fruits racornis
L'arbre mort reprenant racines
Que soient oxigénés les airs
Que l'on sente un vent d'harmonie
Plutôt qu'un vent de dioxine

Je vois, à l'orée du sommeil
Paraître des formes étranges
Et leurs sanglots ou leurs chansons
Me font de l'ombre ou du soleil
Sont-ce des démons ou des anges ?
Qu'importe, beaux sont mes frissons !