" Comme un jardin secret "
La musique des mots
Dépose sa peinture
Sur l'harmonie du temps.
Telle une sonate veloutée,
Dans le même soleil
De ce jardin tranquille,
Elle est de mon enfance
La lumière suspendue.
J'aime à me souvenir
De cette chambre claire,
De ces hautes courtines
Dérobant aux regards
Le lit haut d'autrefois,
Jonché de courtepointes
Ornées de boutis blanc.
Tout est sons et odeurs
Et d'heureuses alliances
Saupoudrent alentours
Les double-rideaux blancs.
Il y a des relents
De chocolat au lait
Posé sur une nappe
De batiste brodée,
Des fragrances gourmandes
De brioches un peu cuites,
Les effluves du beurre
Fraîchement baratté.
Les bruits de la cuisine
Me parviennent feutrés
Sauf les ferraillages
De ces ronds de fourneaux
Qu'un crochet tire et place
Sous d'énormes poêlons.
Les lilas bancs et roses
S'agitent à la fenêtre,
Tandis que sur le fond
Contrasté bleu du ciel,
Nonchalamment s'inclinent
D'enivrantes aubépines
Aux couleurs pastel.
Elles ruissellent dans l'herbe
Comme une source d'eau
Aux tendresses sensuelles,
Soulignant les tendances
Très douces du jardin
Où ce matin les fleurs
Ont de tendres parfums.
Les chants de ces couleurs,
Des images qui passent,
Incrustent ma mémoire
Et rappellent à mes tempes
Le temps des cheveux blancs,
Pour que je garde au cœur
Les yeux clairs d'un enfant.
Sur l'harmonie du temps
Où chantent tous mes rêves
Et renaît la beauté,
Mon âme voyage et plonge
Mouvante de lumière,
Sous les courtines blanches
De l'enfance éphémère.
Elle rejoint les jardins
Rayonnant d'apparence
De tous ces camaïeux,
Où mon cœur d'homme hélas,
Est percé d'un épieu.