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Si toi aussi, tu entends souvent ton cœur parler à ta plume, viens déposer tes escarpins dans l'empreinte de nos pas.
Tu pourras alors alimenter cette rivière afin qu'elle devienne un fleuve prolifique de douceurs où tous, nous venons à notre tour, pour y tremper notre plume féconde.
Et cet affluent de pensées innombrables finit sa course magnifique dans un océan de lumières.
J'aime cet idée de partage.
Elle devrait régir le monde sans aucune faille.
Pour que nous regardions tous dans la même direction.
C'est pour cette raison que nous aimons tant la poésie... Et les poètes !...
Gérard SANDIFORT alias Sandipoete
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Si toi aussi, tu entends souvent ton cœur parler à ta plume, viens déposer tes escarpins dans l'empreinte de nos pas.
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Et cet affluent de pensées innombrables finit sa course magnifique dans un océan de lumières.
J'aime cet idée de partage.
Elle devrait régir le monde sans aucune faille.
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 l'inique vengeance 25 (à suivre )

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MessageSujet: l'inique vengeance 25 (à suivre )   l'inique vengeance   25 (à suivre ) EmptyMer 15 Mai 2013 - 18:13

Suite 25

En ces temps de terreur, ceux qui avaient recours
A la sorcellerie pour des filtres d’amour
Etaient aussi condamnés.
A l’agora public, on les amenait, nus,
Puis fouettés au sang ils étaient reconnus
Tels des êtres damnés.

Ils devaient avouer avoir prêté serment
Et jurer sur l'honneur cet aboutissement
De pactes sataniques.
Sur la place au soleil, plus d'un fou confia
Avoir fait appel au couple de paria
Envoûteurs hérétiques.

Paysans au complet réunis sur la place
Condamnèrent donc, les regardant en face,
Angèle et Antonin
Pas un de ceux, ici, ne se sentit parjure
Les vouant à la mort pour blasphème et injure
Contre le Nom Divin.

Mais les deux jeunes gens jamais ne renoncèrent
En la foi au Seigneur et peu se dénoncèrent
Avoir guéri par eux.
On les jeta tous deux dans un cachot immonde
Où régnait une odeur âcre et nauséabonde
Suintant de murs crasseux.
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MessageSujet: Re: l'inique vengeance 25 (à suivre )   l'inique vengeance   25 (à suivre ) EmptyJeu 16 Mai 2013 - 9:26

Un petit retour sur "la question" :

Citation :
La Torture au Moyen Age






Il était affreux qu'on admît toutefois le recours à la torture pour
extorquer des confessions aux sorcières. Plus affreux encore qu'on les y
soumit à plusieurs reprises quand elles rétractaient leurs aveux et
qu'on leur promît des remises de peine qu'on savait ne pas devoir tenir.
Parmi les méthodes les plus usitées, citons : la chaise à clous,
l'élongation, l'estrapade, les garrots, l'immersion, les fers brûlants,
les rouleaux à épines, les tourniquets, les brodequins, le plomb fondu
et l'eau bouillante.


La question préparatoire


On effrayait l'accusé en lui expliquant le maniement des différents
instruments de torture, puis on fouettait et on le torturait avec des
cordes serrées.


Question définitive ou Torture finale


Ici le sadisme et la variété se donnaient libre cours. On subdivisait
parfois en ordinaire (estrapade) et extraordinaire (dislocation des
membres). Tout cela sans exclure des tortures traditionnelles (
arrachage des chairs avec des pinces rougies).
source :"Inquisitor"

C'est dans ce domaine que tu nous plonges petit à petit, et au travers de tes lignes on retrouve l'ambiance de ces actes.

Merci pour le partage

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MessageSujet: Re: l'inique vengeance 25 (à suivre )   l'inique vengeance   25 (à suivre ) EmptyJeu 16 Mai 2013 - 9:45

Afin de mieux suivre je mets le poème jusqu'au dernier épisode écrit, mais d'autres arrivent encore.....


Ils étaient tous venus, nantis et misérables
Voir brûler à midi les deux pauvres coupables
Dans le feu des enfers
Le bûcher était prêt et c’était prévisible,
 Plus d’un vil délateur se rendait invisible
Des enchaînés aux fers.

La place se comblait, en formant un grand cercle ;
Marchands de tripaille, entrouvrant leur couvercle
préparaient des abats,
Dont l’odorant fumet s'élevait dans l’air lourd,
Tandis que les crieurs faisaient battre tambour,
Lors des tristes sabbats.

On exécuterait sur la place publique
Angèle et Antonin dont une règle inique
Avait scellé le sort.
Dans un débat houleux les traitant de sorciers
La sentence tomba de tous ces justiciers
Les condamnant à mort.

Angèle et Antonin, n’avaient pour seule tâche
Que d’avoir délivrés à quelques sombres lâches
Prières et onguents
Ils étaient rebouteux, avaient la connaissance
D’un savoir ancestral de divine puissance
Mais sans être arrogants.

… à suivre

suite 2

Dans le ciel du mois d’août, quand le soleil culmine
avec son bleu très dur sur la place on devine
Les hommes embrasés,
Par ce spectacle vu sans baisser les prunelles,
où ils assisteront lors des scènes mortelles,
Sans en être blasés.

L’attente, en excitant les chevaux à l’attache,
Irritait encor plus cette gent trop bravache
Et indisciplinée.
Des tonneaux de vin blanc, qu’on avait mis en perce,
Attiraient autour d’eux, séduits par ce commerce,
Une foule avinée.

Angèle et Antonin, dans une robe blanche,
Les mains, liées au dos, dépassant de leur manche,
psalmodiaient à mi-voix.
Cette humble prière, dévotement apprise
Redevenait pour eux le plus beau chant d’église,
Car ils avaient la foi.

La peste cet hiver avait fait des ravages !
Sur plus d’une porte, malgré les lessivages
Restaient en blanc les croix.
Le bétail, lui aussi, pris de fièvres malignes,
Mourut en une nuit ce malgré les consignes
D’un badigeon de poix.

Suite 3

On avait accroché, en leur coupant les serres,
chouettes et hiboux pour chasser les misères
S’abattant sur Tournon.
Et les morts, entassés dans un trou de chaux vive,
Recevaient tous les jours la poudre corrosive 
D’un autre compagnon.

Les habitants craintifs avaient peur des ténèbres.
Quand à la nécropole, les convois funèbres
Avaient bientôt cessé,
On enterrait alors, lorsqu’il faisait plus sombre,
Dans les bois écartés chaque mort qui encombre,
En étant empressé.

Angèle et Antonin, paysans un peu frustres,
Connus dans la région comme des êtres rustres,
Donnaient aux consultants 
Leurs bons soins au cheptel et aux femmes en couche,
Guérissait le soleil, soignaient les maux de bouche,
Sans compter de leur temps.

Chacun leur apportait, qui un tonneau de bière,
Des couples de lapins dans une gibecière
Ou des colifichets,
Bijoux de pacotille ou fruits au sirop,
Des poulets bien dodus et du vin pour chabrot 
Et de l’huile en pichets.

Suite 4

Et puis vint cet hiver, gelant l’étang du diable,
Cassant les cyprès noirs comme aiguille de sable,
Décimant les troupeaux.
Dans les sombres maisons, aux fenêtres huilées,
On brûla tout le bois, écourtant les veillées,
Le froid glaçant les os.

Des enfants nouveau-nés, bleuis de froidure,
Dans leurs berceaux de bois en une nuit moururent.
Leur corps raide au matin,
Ont trouva les lapins, les moutons à l’étable !
Dès lors la famine fut plus épouvantable,
Bien funeste destin !

Il arriva bientôt qu’on se prenne à chercher
Dans chaque paroles ce que pouvaient cacher
Angèle et Antonin.
Puis s' entendit partout, soupçon abominable
Que leurs dons supposés étaient la main du diable,
Et l'oeuvre du malin.

Et depuis, chaque fois, l’inquiétante camarde
Aux yeux des villageois devenait la pillarde
Des âmes des défunts
Ils dénoncèrent alors d'être les coupables
De faits inavouables
Angèle et antonin.

Suite 5
Cet hiver fut si long que même au mois d’avril
On ne pu labourer la terre, qu’un grésil
Empêchait de germer.
Car les graines gelaient et adieu la récolte !
Plus de blé au grenier, fomenta la révolte,
Qui ne se put calmer. :

Chacun avait caché, tout ce qui se conserve :
Orge, blé, sarrasin, et mis même en réserve,
La viande des matous !
Ont les avaient salés, et gardé leurs pelages
Qui sur les lits, cousus en petits assemblages,
Gardaient le chaud, dessous.

Puis on traqua les rats, écureuils et fauvettes,
Hérissons et serpents, enfin toutes les bêtes
Pour faire des brouets.
Et l'ortie elle aussi, les sauvages asperges,
Finirent au printemps par déserter les berges,
Dans ces vents aigrelets.

Angèle et Antonin, connaissant le refuge
Des biches et des cerfs et de leur subterfuge,
Plus loin étaient allés
Dans les coins escarpés de la haute éminence,
Aux flancs creusés de trous, point trop en évidence
Et jamais signalés.

Le couple avait trouvé, en suivant une biche,
L'entrée d'un aven caché par la corniche
D’un rocher de grès noir.
Du hameau, tout en bas, nul ne pouvait surprendre,
Surtout s’il gelait fort la nuit à pierre fendre,
L’entrée de leur dortoir.

Ils avaient maintenant la peur collée au ventre
Car, menacés de mort, ils devenaient le centre
De soupçons insensés, 
D’avoir avec leur sang, mêlé au sang du diable,
Paraphé des pactes d’un nombre incalculable, 
pas désintéressés.

Et l’on cracha sur eux cet antique anathème,
Qu’ils brûleraient un jour pour punir ce blasphème :
Parjurer le bon Dieu.
On alluma d’abord, une nuit, leur cabane,
Tuant leur très vieux chien et puis aussi leur âne
Sans en craindre les cieux.

Tous les crurent réduits en cette grise cendre,
Qui boucanait la carne et purent enfin prétendre
Avoir tué le mal.
C’est alors que survint le premier cas de peste,
Suivi chacun des jours d’un cortège funeste,
Sans l’aide d’un cheval.


Suite 7

On avait dépecé sur la place publique
Le très vieux canasson puis son corps famélique
Fut à tous réparti .
Il ne porterait plus les cadavres en terre,
Depuis seuls les hommes menaient au cimetière
La bière en bois verni.

Ils avaient pourtant cru que les deux hérétiques
Avaient brûlé la nuit et que, diaboliques,
Leurs âmes en enfer
Confessaient leurs péchés, et que serait chassé
Par de l’eau bénite, ce qui était censé
Venir de Lucifer.

Pourtant à la nuit noire on entendait souvent
Le cri très angoissant du grand engoulevent
Comme mauvaise augure.
Il se disait jadis, que sous le grand auvent,
On avait pendu là, un sorcier servant
Son démon en armure.

Avant que de mourir il leur avait prédit
Que le vengeraient de tout ce discrédit
Deux âmes innocentes
Et que lorsque l’oiseau chanterait dans la nuit
Devant la lune noire Il naîtra un grand bruit
D’affreuses voix démentes.

Suite 8

Il avait dit aussi, qu’un midi en été ,
Le soleil s’éteindrait, créant l’anxiété
Devant ce phénomène.
L'azur s’assombrirait, les oiseaux se tairaient,
Le feu ne prendrait pas, les hosties fondraient
Au fond de la patène.

Mais ces paroles-là s’estompèrent bientôt,
Car des ans s’ajoutant, s'oublia du suppôt
La prédication.
Sainte Anne fut élue, afin de protéger
Les habitants d’ici et ainsi alléger
Cette malédiction.

Le village vécu dès lors des temps prospères ;
De riches moissons enfantèrent ses terres
Et puis les greniers.
Les bêtes à l’étable, le poisson aux rivières,
Furent si abondants que l’on crut aux prières
De leurs aumôniers.

Puis un beau jour de mai, quand sonnait la même heure,
Naquirent à Tournon, dans deux vieilles demeures,
Deux nouveau-nés voilés.
Ils étaient apparus, recouverts de crépine,
Comme sont les enfants, que le sort prédestine
A être dévoilés.
Suite 9

La chrétienté d'alors le monde s’éveillait
Mais le paganisme encore réveillait
Un fort obscurantisme.
On craignait le démon et par superstition,
On croyait que sorciers seul par la combustion
Perdraient leur magnétisme.

Se pratiquait souvent la cruelle ordalie
En Jugement public quand une anomalie
Ne pouvait s’expliquer.
On consultait pourtant, panseur et guérisseur
Mais s’il ne pouvait pas refouler l’agresseur
C'est lui qu'on impliquait ?

On leur nouait les mains en attachant un poids
Au corps du charlatan puis enduisait de poix
Un fagot de branchages
Pour brûler le sorcier sur la place publique,
En le traitant alors de ce nom d’hérétique,
Sans soucis d’arbitrages.

Cependant un enfant, qui arrivait coiffé,
Pouvait bien malgré lui, par un autodafé
Périr par ordalie.
Il était notoire qu'un don surnaturel
vivait dans son esprit tant c’était culturel
Et croyance établie.

Suite 10

Angèleet Antonin, jumeaux de même étoile
Arrivèrent tous deux recouverts de ce voile
Et dotés de pouvoir.
Ils imposaient les mains, barraient la brûlure,
Guérissaient les douleurs quelqu’en soit la nature.
Grand était leur savoir.

Le vieil apothicaire leur enseigna les plantes,
Mais ils le surpassèrent de façons étonnantes,
Dispensant leurs secrets
Auprès des miséreux, des êtres malheureux,
Des couches trop ardues, des animaux fiévreux,
Tout en étant discrets.

On les louait tous deux et ce depuis l’enfance.
Ils couraient près et bois, trouvant en abondance
Les herbes inconnues
Du commun des mortels. Puis préparaient avec :
Tisanes et onguents, qu’ils conservaient au sec
Dans d’étranges cornues.

Antonin plus costaud, réparait les brisures,
Epaules déplacées, entorse ou bien fractures ;
Angèlesavait dédier
Les paroles sacrées, puis les conjurations
Aux saints appropriés, qu’en invocations
On devait psalmodier.

Suite 11

Ils comblèrent ainsi leur sagesse insondable,
Par la connaissance d’un pouvoir admirable
Propre à transfigurer
Leur visage à tous deux, devenu diaphane,
Car le même esprit agitait sous leur crâne,
Ce qu’on doit augurer.

Cheveux tissés d’or fin et des yeux qui s’azurent ,
Puis deviennent soudain comme améthyste pure,
D’un violet d’émaux.
Ils se ressemblaient donc, comme deux effigies,
Femme et homme portant les mêmes énergies
Pour soigner tous les maux.

Ils savaient à l’instant, sans parler ni répondre,
Qu’un divin flux d’amour allait couler et fondre,
Pour enfin accomplir
Ce miracle rendant tremblant de gratitude,
Celui qu’ils guérissaient de grande lassitude
Et sans jamais faillir.

Ils restaient, certains jours, tous les deux en extase,
Devant un grand dolmen, portant au centre un vase
Captant, providentiel,
Un clair ruisseau dont l’eau, en jaillissait très pure,
Provenant simplement depuis une fissure,
Comme cadeau du ciel.

Suite 12

L’amour qu’ils se portaient datait de leur enfance
Et naturellement, sans magnificence,
Ils s’unirent en mai.
Ils partirent la nuit se coucher sur la mousse,
Près du dolmen géant et, dans l’herbe qui pousse,
Là ,Ils se sont aimés.

Lui qui déjà était pour elle comme un frère,
Devint vite un amant, dans l’humble chaumière
Qu’il lui avait bâti,
Un peu en retrait, presqu’à flanc de montagne
Dominant le vieux bourg et toute la campagne
Au relief aplati.

Des ces deux tourtereaux, Angèleétait la seule
Que les gens craignissent tant l'esprit un peu veule
Ceux-ci parfois pensaient
Qu’elle avait en secret des dons inavouables,
Car même devant eux malgré qu’ils soient affables
Ils ne surent jamais.
SUITE 13

Tant que se déroulait ainsi cette existence,
Pas exempte de maux et même de souffrance,
Angèleet Antonin
Pouvaient couler ici les jours bien tranquilles
Et être acceptés, avec les familles,
Aux messes du matin.

Elles avaient lieu tôt, quand le soleil se lève,
Pour que les paysans aient au moins une trêve,
Au cours de leurs labeurs.
Ils se rendaient aux champs, sitôt l’eucharistie,
Car ils étaient les serfs de la suprématie
Accordée aux seigneurs.

Lorsque venait l’été, quand le blé se moissonne,
Aux paysans restait juste à peine une aumône
Car, excessive était
La part de la récolte au seigneur impartie,
Qui se moquait souvent de la péripétie
Que le gel amenait.

Les serfs accomplissaient toutes les besognes,
Cédaient un porc sur huit car sans avoir vergogne
Prince levait l’impôt,
Quelque soit la saison, sur toutes les corvées
Accomplies à son nom et, au cours des années,
Il vidait l’entrepôt

Suite 14
Antonin et Anna, recevaient pour leur table
Légumes et lapins, œuf, ou lard délectable
Pour service rendu.
Ils retrouvaient souvent, posés devant la porte,
Un panier de fruits frais et une poule morte,
Ou un beau pain fendu.

Ils passaient tout leur temps au chevet des malades,
En cueillant en passant, pendant leurs escalades
Quelques simples en fleur.
Ils connaissaient les coins où naît la mandragore,
Végétal au pouvoir, quand cueilli à l’aurore,
D’être ensorceleur.

Quand ils venaient les voir, sans vergogne à toute heure,
Les hommes se signaient en croyant que ce leurre
Ferait peur au Malin.
Se colportaient parfois quelques vils Commérages,
Quand on voyait Anna, défier les orages
Les poussant au déclin.

On disait à mi-voix qu’elle avait fait commerce
Avec les succubes et que, combien perverse
Etait sa charité.
Mais on allait chez elle, afin que ses breuvages
Rendent plus vigoureux ou fassent des ravages
En toute impunité.

Suite 15

Son seul défaut sans doute était qu’elle était belle
Mystérieuse aussi et surtout très rebelle
A croire les ragots
Bien qu’elle recevait de tous des confidences
Jamais rien ne filtrait malgré les décadences
De quelques bons bigots.

Elle refusait fort de nouer l’aiguillette
Au mari volage qui courant la fillette
Délaissait sa moitié
Qui, vouée au travail n’était plus qu’une nonne
Avec un corps trop sec n’intéressant personne
Même par la pitié.

Certains gens de Tournon concevaient des rancunes
Pour des refus très nets à des inopportunes
Demandes de poison.
Certains pistaient Angèlejusque dans les collines,
Pour connaître ses coins où poussent les caprines
Dans un très vert gazon.

Angèleles baladaient et les perdaient dans l’ombre
Des forêts, que les loups hantaient dans la pénombre
Sans les paniquer.
Comme elle avait appris, pour pénétrer la meute,
Leurs différents signaux il n’y eut pas d’émeute,
Ni un pour l’attaquer.

Suite 16

Et puis vint cet hiver, qui faisait encor suite
A des temps de rigueur et pitance réduite.
Maigres avaient été
Les récoltes de blés et même le vêlage,
Car les vaches mourraient sans atteindre l’alpage,
Leur veau étant mort –né.

Le seigneur récoltait malgré cela la dîme,
Délogeant les vilains, sans être magnanime,
De leurs taudis prêtés.
Il y avait toujours d’autres serfs pour les prendre
Mais nul d’eux ne donna pour venir les défendre
Chaleur et charité.

Puis lorsque le scorbut, les fièvres catarrhales,
Sur des corps affaiblis en ces années fatales
Firent de nombreux morts,
On alla prier Dieu, nuit et jour à l’église,
Où s’entassaient les gens dans le froid et la bise,
Dans un grand inconfort.

Mais, quand un jour de mars le premier cas de peste
Se déclara soudain, alors la peur funeste
Fondit sur le vieux bourg.
On ne mit pas longtemps pour lancer l’anathème
Sur nos deux guérisseurs, les traitant de blasphème
Et aussi de vautour.

Suite 17

Dans chaque ruelle on vit se fermer les portes
Des amis qui craignaient que le miasme emporte
Toute la maisonnée.
Mais malheur ne vient seul et bien qu’on agonise
Un autre mal rôdait qui serait la hantise
De la prochaine année

Voilà trois ans déjà que chaleurs excessives Suite 17

Dans chaque ruelle on vit se fermer les portes
Des amis qui craignaient que le miasme emporte
Toute la maisonnée.
Mais malheur ne vient seul et bien qu’on agonise
Un autre mal rôdait qui serait la hantise
De la prochaine année
Voilà trois ans déjà que chaleurs excessives
Hivers trop rigoureux rendaient plus que chétives
La population.
Mais La famine en plus et les épidémies
Firent aussi le lit à d’autres endémies
Sans leur solution

En Avril le printemps n’était pas en avance
Beaucoup de paysans, cruelle déchéance
Etaient morts maintenant.
Les villes devenues de grands déserts immenses,
Eprouvées elles aussi par toutes ces souffrances,
S’emplissaient de manants.

De grands bûchers brûlaient sur les places publiques,
Sur lesquels se voyaient, vue apocalyptique,
Tant de morts entassés !
Et les cloches sonnaient, même si clandestine,
La charrette passait sans que l’on y devine
Les noms des trépassés.

Hivers trop rigoureux rendaient plus que chétives
La population.
Mais La famine en plus et les épidémies
Firent aussi le lit à d’autres endémies
Sans leur solution

En Avril le printemps n’était pas en avance
Beaucoup de paysans, cruelle déchéance
Etaient morts maintenant.
Les villes devenues de grands déserts immenses,
Eprouvées elles aussi par toutes ces souffrances,
S’emplissaient de manants.

De grands bûchers brûlaient sur les places publiques,
Sur lesquels se voyaient, vue apocalyptique,
Tant de morts entassés !
Et les cloches sonnaient, même si clandestine,
La charrette passait sans que l’on y devine
Les noms des trépassés.


Suite 18
Mais au cœur du printemps se répandit, terrible,
Le mal, dit des ardents, qui fut le plus horrible
De tous les grands fléaux.
Il gagna le pays de façon très rapide
Et répandit partout des remugles putrides
Jusque dans les berceaux

Ce mal ronge le corps sous une peau livide
exsudant fortement une sueur acide
Qui glace jusqu’aux os
Puis survient peu après un feu intolérable
Qui brûle tel l’enfer et l’on croit que le diable
Est maître du chaos.

Le mal nauséabond attaque l’organisme
Et Il n’épargne rien dans son cannibalisme
Qui dévore les chairs.
Il attaque le tronc, les membres, le visage
Et tous en sont atteints que ce soit sexe ou âge
Tel le feu des enfers.

L’on vint alors de loin pour aller à consulte
Voir Angèleet Tonin pour leur pouvoir occulte
Conjurant le fléau.
Sous la pluie et le vent, à même la caillasse,
A l’endroit qu’on trouvait, sans la moindre paillasse
On dormait s’il le faut.

[center]Suite 19
Vit-on jamais avant, de si grands désastres
Que ces maux non prévus en consultant les astres
Mais semèrent la peur ?
Des villages déserts, maisons à l’abandon
Et terres incultes envahies de chardon
Montait la même odeur

On enterrait les morts à peine trépassés
Car il en mourait tant qu’à peine ramassés
On les jetait au trou.
Partout dans le pays, troupeaux abandonnés
Vont errants dans les près, leurs ventres ballonnés
Sans longe sur le cou.

Se racontait déjà, que lors de funérailles
On retrouvait des gens les mains pleines d’entailles,
Car enterrés vivants !
Les hommes, morts de peur, se refusaient à mordre
Un seul doigt du défunt et dans un grand désordre,
Vivaient les survivants.

Sortant d’on ne sait où, l’influence mortelle
Déferla sur Tournon et sur sa citadelle
Car mourut le seigneur.
Il s’était bien gardé de sortir dans la ville
Ce qui n’empêcha pas que le maudit bacille
Se moqua de sa peur.

Suite 20

Il arriva aussi que le feu de la terre
Ebranla une nuit dans un bruit de tonnerre
Sol, murailles et tours.
On aurait dit soudain que le feu des abysses
Sortait brutalement sans même des prémisses
De tous les alentours.

Dans leur inconscient restait cette épouvante
De la nuée ignée qui depuis ce jour hante
Encore les esprits.
Le village voisin disparut, emporté par la lave
Que vomissait le mont, comme d’un autoclave,
Avec force et mépris.

La famine, la peur, puis les morts par centaines,
Alimentaient l’effroi fomentèrent les haines
De ceux qui survivaient.
Le démon était là, la chose était certaine
On avait reconnu ses pas à la fontaine,
Où fourchus ils restaient.

Le vieux bourg s’éteignait et se fermaient les portes
Des trépassés d’hier, grandissant les cohortes
Des morts pestiférés.
Seuls Angèleet Tonin semblaient franchir la vie,
Répondant tous les deux, même pour leur survie,
Aux cris désespérés.

Suite 21

Et puis l’on enterra le dernier corps difforme
Aux bubons explosés et au visage informe
C’était presque l’été.
Et l’on vit s’éloigner cette peste assassine
Ainsi que se calmait la montagne voisine
Gommant l’anxiété
C’est alors que frappés par l’injustice humaine
Les rescapés alors ne purent retenir leur haine
Tant il était certain
Que si tant de drames s’étaient répandu sur leur terre
Emportant leurs enfants, amenant la misère
c’était bien le Malin.

avaient Seuls résistés malgré leur persistance
A venir secourir malgré la pestilence
Ceux qui allaient mourir
Angèleet Antonin ignorant la cabale
Qui se montait contre eux de façon amorale
Ne voyaient rien venir.

Ils étaient bien trop purs pour comprendre l’opprobre
Qui s’abattrait bientôt tant leur don était sobre
Et si près du divin.
Ils ne comprirent pas toute la malveillance
Des propos mensongers mais aussi l’arrogance
Leur servant de levain.

Suite 22

Puis un matin l’abbé, en longue robe noire
Portant l’ostensoir, la croix, l’écritoire
Et son grand chapelet
Vint asperger leurs murs avec de l’eau bénite,
Marmonna des psaumes de façon insolite
Devant leur chalet.

C’était encore très tôt en cette heure matine
Que les deux amoureux surpris devant leur courtine
Furent traînés dehors
Vêtus pareillement d’une chemise blanche
Ils semblaient étonnés par l’esprit de revanche
De ces jurés retors.

La foule grandissant, Angèleet Antonin
à travers elle, se frayèrent un chemin
Dans l’haineuse assistance
Sous les crachats et coups, ils subirent l’affront
De se voir ligotés et marqués sur leur front
Du sceau de déchéance.

Suite 23

Les pieds ensanglantés sur le sol caillouteux
Ils marchaient ahuris sous les jurons douteux
De cette populace.
Ils s’étaient dévoués, tant de jours et de nuits
Sans compter de leur temps, ignorants des ennuis
Et de cette menace.

Pourtant dans le pays, restait dans les mémoires
Le cas d’un sorcier aux dons ostentatoires
Qui fut ici brûlé.
S’était dit en ces temps que bien des maléfices
S’étaient lors abattus après des sacrifices
Sur des enfants mort-nés.

Les femmes décédant avant même leur couche
Ainsi que le bétail, cela parût très louche
A un hôte du bourg
Qui suivit Mathurin un soir de pleine lune
Le surprenant alors de façon opportune
Transformé en vautour.

Il eut beau jurer Dieu, ses saints et archanges
Personne ne le crût, car par un fait étrange
Cet oiseau fut surpris
Dépeçant un bébé dans le creux de la roche
D’où jaillit le ruisseau, et près de cette encoche
Le sorcier fut pris.

Suite 24

Mais les religieux, éloignés des procès
De ces thaumaturges, s’étaient vite efforcés
D’y voir la main du diable,
Quand Le Pape, lui-même, édita une bulle
Condamnant au bûcher, sans autre préambule,
Tous les insociables.

Les exécutions furent vite massives,
Car l’on condamna à être brûlées vives
Les sorcières instables.
Quelques uns soutenaient, que lors du grand
Sabbat,
Ils les avaient vues, cachées en contrebas,
Se transformer en diable !

Angèleet Antonin, que les bêtes sauvages
N’attaquaient jamais en allant aux alpages,
Devenaient singuliers.
Se pouvait-il alors que leurs dons prophétiques,
Soient signés de leur sang, dans un rouleau magique
Qui les firent sorciers ?

La peste noire hier, partie sans crier gare,
Les enfants à présent naissant sans une tare
Et les riches labours
Etaient miraculeux, après ces temps funèbres,
Où la mort emportait, manants ou gens célèbres,
De tous les alentours.

Suite 25

En ces temps de terreur, ceux qui avaient recours
A la sorcellerie pour des filtres d’amour
Étaient aussi condamnés.
A l’agora public, On les amenait, nus,
Et fouettés au sang ils étaient reconnus
Tels des êtres damnés.

Ils devaient avouer avoir prêté serment
Et taire sur leur vie cet aboutissement
De pactes sataniques.
Sur la place au soleil, aucun ne confia
Avoir fait appel au couple de paria
Envoûteurs hérétiques.

Paysans au complet réunis sur la place
Condamnèrent donc, les regardant en face,
Angèle et Antonin
Pas un de ceux, ici, ne se sentit parjure
Les vouant à la mort pour blasphème et injure
Contre le divin.

Mais les deux jeunes gens jamais ne renoncèrent
En la foi au Seigneur et peu se dénoncèrent
Avoir guéri par eux.
On les jeta tous deux dans un cachot immonde
Où régnait une odeur âcre et nauséabonde
Suintant de murs crasseux.
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