l'inique vengeance 18 (à suivre )

Suite 18
Mais au cœur du printemps se répandit, terrible,
Le mal, dit des ardents, qui fut le plus horrible
De tous les grands fléaux.
Il gagna le pays de façon très rapide
Et répandit partout ses remugles putrides
Jusque dans les berceaux

Ce mal gâtait le sang sous une peau livide
Exsudant fortement une sueur acide
Qui glacait jusqu’aux os ;
Puis survint peu après un feu intolérable,
Qui consuma les corps tant que l’on crût que Diable
Entraînait au chaos.

Le mal nauséabond attaqua l’organisme,
Car il n’épargna rien dans son cannibalisme,
Qui dévorait les chairs.
Il attaqua le tronc, les membres, le visage,
Et tous furent atteints que ce soit sexe ou âge
Par ce feu des enfers.

L’on vint alors de loin pour aller à consulte
Voir Angèle et Tonin pour qu'un pouvoir occulte
Conjura le fléau.
Sous la pluie et le vent, à même la caillasse,
A l’endroit qu’on trouvait, sans la moindre paillasse
On dormait s’il le faut.

Terrible mais très beau, on sent les forces destructrices qui agissent sous ta plume.

J'ai bien aimé ce passage où tu retraces parfaitement l'épidémie et le comportement des gens de l'époque. A qui s'en remettre quand tout semble perdu autour de soi ? Seules la foi et les croyances pouvaient susciter l'espoir et on se tournait alors vers celles et ceux qui plus tard, finiraient au bucher pour sorcellerie et pactes diaboliques.


du à l'ergot de seigle, le mal des ardents est aussi connu sous le nom de "feux de Saint Antoine"... dans sa forme gangréneuse les membres tombaient avant même que l'individu ne soit décédé... on en parle depuis la nuit des temps. L'autre forme est dite d'hallucinations ... on en parlait encore dans le milieu de XXième siècle.
A ne pas confondre avec "le bal des ardents" qui causa la mort de quatre amis de Charles VI lors de "noces" où ils s'étaient enduit de poix et de plumes...

Echange carioca contre mal des ardents...

Je ne connaissais pas ce nom donné à l'ergotisme.

Je m'instruis et je prends plaisir en même temps à te lire.

Merci ClaireLyse

Amicalement, Pierre

Bonsoir Clairelyse,

C'est une magnifique prestation qui nous est offerte là, d'une grande justesse et d'un grand réalisme, que dire de plus c'est parfait. Félicitation et mille merci pour ce partage.

Bien cordialement,
Philippe Andrejean.

Merci à vous tous. Il est bon justement d'avoir ensuite des explications pour des mots qui sont un peu désuets et pour des faits que je ne peux faire entrer totalement dans ma poèsie. C'est ainsi et par le jeu et l'exemple que l'on garde en sa mémoire des choses importantes. Merci donc à tous ceux qui nous donnent à réfléchir ou à nous rappeler des choses oubliées...
J'appelle cela vraiment du PARTAGE


Le retable d'Issenheim (musée de Colmar) de Mathias Grünewald peut être interprété de la même manière. Il a été peint selon les instructions données par les moines de l'ordre de St-Antoine d'Issenheim (village situé à proximité de Mulhouse au pied des Vosges). Il est l'une des représentations les plus impressionnantes de l'ergotisme au Nord des Alpes.