Le cours d'eau

I.
"Isolé sur le mont, loin de la vie humaine,
"J'étouffais en mon sein les élans de ma haine
"Sous de puérils discours.
"Ayant rougi l'autel, je n'ai plus qu'à attendre
"Un signe de mon Dieu, lui qui devrait m'entendre
"Et me porter secours."

II.
Descendit des hauteurs l'homme au regard sévère,
Lui qui avait vécu en être solitaire.
Et le triste soleil,
L'accompagnant de loin avec son air funèbre,
Éclairait froidement ce malheureux célèbre
De son rayon vermeil.

III.
Il arriva enfin au milieu de bois sombres,
Et ouït un doux son résonnant sous les ombres ;
Vide était l'horizon,
Mais allait, guidé par l'oreille attentive,
Vers l'écho accueilli en son âme captive
Foulant l'or du gazon.

IV.
Alerté, il se penche, et voilà qu'il s'étonne ;
Surpris par la vision, tout entier il frissonne
Sans la quitter des yeux.
Charmé par son reflet, longuement il soupire,
S'affaisse et reste là, prisonnier de l'empire
Du visage gracieux.