L’oie, le chat et la plume

C’était une volaille stupide comme ses pattes.
À sa beauté grasse, on rendait les hommages.
Du sot-l'y-laisse, elle se balançait sans hâte.
On n’accordait aucune foi à son incessant ramage.

L’oiseau fut au jeu de l’oie, toute déconfite !
A chat perché, pensez, y laissa ses belles plumes !
Honteuse d’avoir le croupion à nu, prit la fuite.
Le félin se posa sur le muret comme à sa coutume.

Souvenir de campagne il va, tout couvert
Du duvet de Dame Gallidé ; Misti n’est pas affable
Mais il fait le régal de mes heures solitaires
Et parfois studieuses à vous écrire des fables.

À petits points, toutes ses vilénies, je cousus
Dans un coussin qu’il eut tôt fait de s’approprier,
A chaque retour de joyeuses bordées, abattu
Ou de batailles entre gouttières, tout estropié.

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Il faisait macabre dans la geôle de tissu.
Les fils étaient d’infranchissables barreaux.
Pour ses filles de l’air, c’était sans issue.
Par poignées, je les y avais jetées en bourreau.

Un soir de pluie qu’il ne pouvait sortir,
Le greffier s’acharna sur l’oreiller qui se creva.
En belles diablesses, les prisonnières s’enfuirent.
Mais l’une, en ces termes s’adressa au chat :

- Du ventre d’un volatile …
… de ce vilain sac, tu m’as tirée
Je suis Fée… et pour te remercier,
… Je t’accorde à mon tour, la liberté !

A ces mots, le chat fustigea, la peur à l’âme,
La rémige pointant sur moi son calame :

« La liberté est un bien qui ne me plait point !
De ma maitresse, j’y préfère les soins!
Qui me donnerait
.. Ma pâtée
… Et mon lait ? »