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Si toi aussi, tu entends souvent ton cœur parler à ta plume, viens déposer tes escarpins dans l'empreinte de nos pas.
Tu pourras alors alimenter cette rivière afin qu'elle devienne un fleuve prolifique de douceurs où tous, nous venons à notre tour, pour y tremper notre plume féconde.
Et cet affluent de pensées innombrables finit sa course magnifique dans un océan de lumières.
J'aime cet idée de partage.
Elle devrait régir le monde sans aucune faille.
Pour que nous regardions tous dans la même direction.
C'est pour cette raison que nous aimons tant la poésie... Et les poètes !...
Gérard SANDIFORT alias Sandipoete
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 Quand nos povin’ muchneu (Quand nous pouvions glaner)

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sandipoete
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Quand nos povin’ muchneu (Quand nous pouvions glaner) Empty
MessageSujet: Quand nos povin’ muchneu (Quand nous pouvions glaner)   Quand nos povin’ muchneu (Quand nous pouvions glaner) EmptySam 28 Jan 2006 - 13:52

QUAND NOS POVIN' MUCHNEU
(Quand nous pouvions glaner)

Quand nos povin’ much’neu du coteu d’eùl Marquète,
Su lès têres dès Vindal ou lès cieùnes dès Cloquète,
Nos s’ é dalin’ ésan.ne, tout à potron-mineut,
Quë nos-z-avin’ à pin.ne pris l’ tans d’ no dèjuneu.

No man, d’bout co pus tèpe, avwat fét no malète :
In bidon d’ yô du puch, in pun, deûs-trwas ôflétes,
Ène mîlète dë froumâje, in bon grand cougneut d’ pin.
Tout cha bieu résèreu dëdès in biô sûe-mins.

Lès pouyes n’ ètin’të gneu co bieu dèrèvèyées.
Au d’bout dès grandès yèrbes, dès pèrlètes dë rosée,
Blinquant ôs prëmieus rés dou solèy dou matin,
Fèsin’të dès dantèles ô long dès brèles dès k’mins.

Dëspwîs in bon bout d’ tans, eùl moulin d’eùl piqu’teûse
Ramonchèlwat su l’ twale lès oviôs pou l’ louyeuse.
Lès garbes ètin’t’ é rangs èt lès jés, é monchô,
Lès métin’t’ à-z-ètokes; eùl dèrniêre é capiô.

Èt nous, pa d’zous l’ solèy dë cès aouts’ dë guêre,
Nos s’ é dalin’ courbeus, eùl neùz à râse dë têre,
Pou cacheu lès èpis - crus d’ côd come dès pichons -
Pougnîe apreus pougnîe, pou parfé nos muchons.

À doûze eûres, pou l’ din.neu, on-n-arètwat l’ dalâje :
Eùl piqu’tâje, eùl louyâje, l’ ètokâje èt ... l’ much’nâje.
Du cóp, vos n’ étèdîz pus ôte côse su lès camps,
Quë l’ maniêre dë d’viseu dès jés quand i sont scrans.

I-y-avwat co dès vakes pou brâkeu à patûre;
Mès là, vos n’ ètèdîz pus rieu dëssus l’ coutûre.
Nos vèyin’, tout ô d’ bout, tran.neu dëdés l’ ér côd,
Pa d’zeûr tamintès boches, eùl cieùne dou mont d’ Mèyô.

Du stok, lès g’vôs minjin’t’ eùl neùz dés leû musète,
Dounant dë l’ queùye pou fé s’ é daleu lès mouchètes.
Dîre chô qu’ il avwat dés leûs grands ieus tout pièrdus,
- Dë l’ bonteu ? Dë l’ tristèsse ? - vos n’ ârîz gneu so.u.

Nous, nos dalin’ din.neu, du dos conte ène ètoke.
Quand l’ vét ètwat bieu mis, nos étèdin’ lès cloques.
C’ ètwat biô, c’ ètwat à vos fé prène vo capleut :
Vos ârîz pésseu vîr l’ Anjèluss’ dë Mileut.

QUAND NOUS POUVIONS GLANER
(Quand nous pouvions glaner)

Quand nous pouvions glaner du côté de la Marquette,
Sur les terres des Vindal ou celles des Cloquette,
Nous partions ensemble, tout à la pointe du jour,
(Alors) Que nous avions à peine pris le temps de notre déjeûner.

Notre mère, debout encore plus tôt, avait préparé notre sacoche :
Un bidon d’eau du puits, une pomme, deux-trois gaufrettes,
Un peu de fromage, un bon grand morceau de pain.
Tout cela bien enfermé dans un bel essuie-main.

Les poules n’étaient pas encore bien éveillées.
Au bout des grandes herbes, des petites perles de rosée,
Brillant aux premiers rayons du soleil du matin,
Formaient des dentelles au long des talus des chemins.

Depuis au bon bout de temps, le moulin de la moissonneuse
Ramenait sur la toile les javelles pour la lieuse.
Les gerbes étaient en rangs et les gens, en nombre,
Les disposaient en dizeaux ; la dernière en chapeau.

Et nous, sous le soleil de ces étés de guerre,
Nous cheminions courbés, le nez près du sol,
Pour chercher les épis - mouillés de chaud comme des poissons -
Poignée après poignée, pour compléter nos glanes.

À midi, pour le dîner, ou arrêtait l’activité fébrile :
Le moissonnage, le liage, la mise en dizeaux et ... le glanage.
Du coup, vous n’entendiez plus rien sur les champs,
Que la façon de parler des gens quand ils sont fatigués.

Il y avait encore des vaches pour beugler en prairie ;
Mais là, vous n’entendiez plus rien sur la campagne.
Nous voyions, tout au loin, trembler dans l’air chaud,
Au-dessus de beaucoup de mamelons, celui du mont de Main Vault.

Debout, les chevaux mangeaient le nez dans leur musette,
Donnant de la queue pour faire partir les petites mouches.
Dire ce qu’il y avait dans leurs grands yeux tout étonnés,
- De la bonté ? De la tristesse ? - vous n’auriez pas pu.

Nous, nous allions dîner, le dos contre un dizeau.
Quand le vent était bien orienté, nous entendions les cloches.
C’était beau, c’était à vous faire prendre votre chapelet :
Vous auriez pensé voir l’Angélus de Millet.

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Quand nos povin’ muchneu (Quand nous pouvions glaner) Pngfin12Gérard SANDIFORT, alias Sandipoete
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