Nuit nocturne

Nuit Nocturne

Cette promenade dans l’obscur vallon,

Eveilla à nouveau tout mes anciens démons.

Je me souviens encore, abandonnée du monde,

Errer dans la brume étrange, la foret immonde.

Cet homme sous l'effet du philtre envenimé,

M'aperçut dans le voile obscurci. Terrifiée

Reculant contre l'arbre, dans un espace réduit.

Je ne pouvais bouger, le courage est parti.

Ne voulant pas le voir, s'avancer, s'approcher,

Juste partir, m'enfuir, je ne pouvais crier.

D'une voix abîmée par l'alcool, il fendit

Le non-bruit de la nuit, mon être s'éteignit.

Lui comme une faveur, caressa mes cheveux.

Je reçus cette touche comme un terrible adieu.

Audacieux, crapuleux son étreinte tomba,

Bientôt je vis dans ses yeux le muet contrat:

Un son, un seul et c'est moi qui en prendrait.

A mon encontre, mes seins naissants, il m'irritait.

Sa main fut cruelle et violente. Une ennemie

Qui s'infiltrait sans hésiter, sans le souci,

Mis à nu, devant lui, ma chair vierge, chaste et pure.

Innocentes lamentations sous son regard dur.

Le voleur étranger déroba mon diamant.

L'anonyme écorcha mon joyau. Hurlements

De fureur, de rage; seules les larmes coulent.

Entre douleur et gémissements tout s'écroule.

Et lorsqu’il prit possession de mon trésor,

Il aurait pu tout autant enterrer mon corps,

Sur cette même place; enfant je suis morte.

Il étouffa mon agitation en cohorte,

D'un rude regard et s'exila loin de moi.

Pauvre et découverte, contre le tronc je m’assois.

"Toi qui va me hanter par tes actions funèbres,

Meurtrier inconnu, sombre dans les ténèbres!"

Ma perle précieuse devient hideuse caverne,

Mon âme malchanceuse délaisse sa gouverne,

Et l'offre à la sorcière de la mésaventure,

Afin qu'elle panse mon éternelle blessure,

Et guérisse la détresse d'une mauvaise maîtresse.

J’aurais voulu rêver et vivre la tendresse,

Plutôt que fréquenter l’enfer de l’absence.

Je m’entretiens comme compagne du silence.

D’un sommeil effroyable, amoureuse pitié.

Je fus. Je vis dans l’ombre, menacée, effacée.

Quelle tragédie !combat en sens unique, tout à l'intérieur de cette pauvre enfant.

Tu as décrit ce viol d'une façon étonnante avec des mots purs et bien réels. Vraiment Bravo Aimer

Je trouve ce poème dur, réel. Je n'ai voulu que voir cette immonde vérité à travers les yeux d'une enfant innoncente. Faire comprendre, simplement, sans autre mot, l'horreur éprouvée sans utiliser de mots d'adultes.

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