"L'aurore"

Sujet: "L'aurore" Jeu 28 Oct 2010 - 15:48

Voici venir l'aurore sanglante, la rose trompeuse des chagrins cosmiques, le rayon méprisé des amours noctambules. Par la fenêtre grillagée de ma cellule humide, je déchiffre le mystère des ombres féroces, le secret de l'azur vagabond, le message crypté des cryptes d'Écho. Je navigue donc invraisemblablement par-delà les dalles endeuillées de mon monde de décombres, de mon caveau païen, de mes limbes crucifiés, de mon jardin fané où se meurent les loups de mon esprit. J'ai beau frapper et cogner de toutes mes forces la rouille de mon cachot, le silence seul me répond, résonnant fatalement à travers mes immondes branchies d'adolescent prématuré. Mes mains se mettent alors à pleurer, à supplier cette barrière d'acier de lever son voile, son masque du néant. Le soleil lui aussi dédaigne me rendre visite. Il se contente de parcourir follement son sentier quotidien, comme le vent polaire, comme une voiture de laurier, comme un char mystique, pour ne pas entrevoir la laideur des Hommes. C'est un lâche, un être abject qui se bande les yeux, qui se crève le regard afin de ne pas tomber, comme Phaéton, son cher bâtard, dans les abîmes tournoyants de la Terre mère. Mon enfer n'a, en définitive, pas de remèdes, il est incurable. C'est un infâme cancer, une plaie découverte, une brume étouffante qui me noie cruellement les poumons. L'aube est devenue semblable au crépuscule pour mes deux paupières embaumées, et il ne m'est même pas permis de gémir (car il faut bien être un Homme, n'est-ce pas ?). L'horreur m'a dépouillé de tout signe de vie, de toute empreinte de sens, rendu aveugle, sourd, muet, estropié, mutilé, défiguré jusque dans les moindres recoins de l'âme. Les blanches nefs de la souffrance reprennent peu à peu leur élan, sans le moindre remords, telle une guillotine assoiffée de rêves, vers les poissons du lagon céleste. On assiste à l'incompréhensible substitution des éléments : le doux ventre du hanneton, gai compagnon de l'enfance et vaillant ennemi des incultes, est disséqué par le vil baiser d'une mante religieuse, divinité amie de ces derniers bouffons. Le chant de la cruauté apparaît de nouveau, sous les allures d'une plume innocente, voici venue l'aurore sanglante...

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Marc, alias : Le vicomte de Montalautré

Sujet: Re: "L'aurore" Jeu 28 Oct 2010 - 17:14

Un monde à soi à la découverte de sentiments, d'émotions...

amitiés,

André, épervier

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André Epervier
Douce plume, guide ma main
dans tes folles aventures..

Sujet: Re: "L'aurore" Jeu 28 Oct 2010 - 19:48

Que de travail Marc pour tes méninges...c'est mieux que de le garder pour soi.

Clin d'oeil

Sujet: Re: "L'aurore" Ven 29 Oct 2010 - 8:20

Une vision de l'aurore assez tourmentée. On pourrait presque se croire aux chants de "Maldoror".

Bravo en tout cas pour la poésie qui s'en dégage !

Amicalement.

Roger