Pour la beauté du geste

Pour la beauté du geste, quand bien même,

L’ultime fournaise, engloutira,

Toute matière et le dernier poème.

Que plus aucun souvenir ne sera.



Brûlants de nos feux sans y chercher gloire,

Nous serons des pourfendeurs d’anathèmes.

Et si le spleen s’empare de nous un soir,

Pour la beauté du geste, quand bien même…



Les légendes masquent d’obscurs desseins,

Faisant fi des symboles, l’âme à ras,

Portons haut notre sang fier, qu’à la fin,

L’ultime fournaise, engloutira.



Arc boutés dans la mêlée nous créerons

De tous les temps l’unique Théorème.

Sans le souci de ce que deviendront

Toute matière et le dernier poème.



Sans rien espérer de notre sort,

Ciselons camées, émaux, opéras

Joyeux ou tristes, qu’importe, dès lors,

Que plus aucun souvenir ne sera.



Vivons la vie sans rêver notre mort.

Lorsque viendra le moment d’avoir peur,

Avec grâce, malgré le son du cor,

Cueillons et humons la dernière fleur,

Pour la beauté du geste.

Luke, je lis ton poème après ton commentaire sur le mien...
Tu me sembles monter à des hauteurs auxquelles je ne puis aspirer.
La jeunesse sans doute, qui te donne un souffle que je n'ai plus et un vocabulaire plus riche et plus recherché.
Bravo !

A la deuxième strophe riment un pied féminin et un pied masculin (l'alternance n'est en outre pas toujours respectée comme dirait l'autre). Le nombre de pieds est variable avec une forte domination de dizains (même avec les bonnes diérèses et synérèses ).

Pour le reste, je suis coi... C'est superbement écrit. Les appels à la première strophe, les champs lexicaux, le rythme, et j'en passe, rendent le texte très riche et impliquent le lecteur.
Dis-moi si je me trompe, mais il y a de nombreuses références à des poèmes classiques, ici, ce qui ne gâche rien ! Bref, bravo !

Il va falloir que je regarde sérieusement les aspects techniques...
Merci pour les remarques.

Pour les références, il n'y en a qu'une de volontaire (émaux et camées de Théophile Gauthier), tu en as vu d'autres ?

Eh bien le spleen fait forcément référence à Baudelaire, puisque c'est lui qui a introduit ce mot dans la langue française, et il lui reste associé.
La fuite du temps à travers le thème floral était un classique chez Ronsard, également.
Ensuite, mes cours de français commencent à remonter loin et je ne me suis pas plus plongé dans la poésie classique depuis très longtemps. Mais quand j'ai vu déjà ces quelques références, je me suis dit qu'il devait y en avoir plus ^^

Le titre de ton poème (très réussi) m'a conduit à Maïdi Roth dont la chanson sur le même thème a servi à réaliser ce flash sur Dailymotion.

me fait songer au pendu "la balade des pendus"

Ravi donc de te faire songer...
Ronsard s'en remet à Dieu, pour ma part je m'en remet à quelque chose d'autre.
Peut-être plus simple, ou plus compliqué.
Finalement peut-être à Dieu... Va savoir...

J´avoue ne pas beaucoup connaître la forme du rondeau mais j´admire votre poeme qui semble , je le vois en tout cas ainsi , un vibrant hommage á la
création artistique. Le choix des mots, des expressions est d´une finesse particulierement recherchée.
Je percois votre écrit plus comme un poeme romantique que comme un poeme classique mais ca ne ternit en rien son grand charme , bien au contraire.
Merci pour cette belle oeuvre !

Merci pour ce joli commentaire,
Après celà je ne puis me taire.