Fracas

Fracas

Et il se réveilla, au milieu des fracas,
De ceux qui se fuyaient, peines et peurs mêlées,
Des frères ignorés, aux colères zélées,
De ceux mis à quia, sans traiter de leur cas.

À cette époque on voulait être le meilleur,
Et nous en oubliions par peur qui nous étions,
Sans le moindre recul ni sans modération,
L’intégrité et l’empathie étaient ailleurs.

À cette époque on voulait de la solitude
Et nous en oubliions nos frères et nos voisins,
Sans que nos colères se couvrent de fasin,
La solidarité fuyait dans l’inquiétude.

À cette époque on voulait soumettre le monde,
Et nous en oubliions que nous pouvions parler,
Sans empêcher les croyances, les haines, déferler,
Les échanges partaient en une guerre immonde.

Et il s’interrogea, cerné de brouhaha.
Pourquoi s’ignoraient-ils, se noyant dans leur bile ?
Pourquoi ne s’aidaient-ils, se perdant dans leurs bisbilles ?
Pourquoi crier « à bas ! », la raison des états ?

Il suffisait pourtant de se trouver sincère,
De se trouver la confiance d’avoir conscience,
Avec l’objectivité armée de patience,
Alors on pourrait retrouver le nécessaire.

Il suffisait pourtant de se trouver social,
De se trouver l’envie de vivre fraternel,
Avec des dialogues élevant le rationnel,
Alors on pourrait réinventer le cordial.

Il suffisait pourtant de se trouver entiers,
De se trouver le besoin d’apprendre et comprendre,
Avec l’ensemble des croyances réduit en cendres,
Alors on pourrait revoir le chef éclairé.

Mais il savait que rien ne serait jamais vrai.
Les frères, envahis de la guerre malhonnête,
Etendraient à leur tour leur haine à la planète.
Jamais en ce monde un homme verra la paix.