Volens Nolens

Sujet: Volens Nolens Mar 23 Sep 2008 - 21:51

Volens Nolens

La lucidité vient, tout comme va le vent :
Au hasard du relief, en deux temps trois instants :
Le temps d’ouvrir les yeux, scruter et rescruter
La pente qui s’élance en me tirant les jambes.
De voir que je suis seul, que les montagnes flambent
Et même le soleil semble glisser sans foi.
Moi je suis dangereux : j’abats d’un poing l’air froid !
Je me rempli la bouche des rayons cinglants !
L’avalanche m’appelle, à vous ! Et je l’attends.
Pour être sur son dos, je ferme mes yeux morts
Je vais à mon balcon, m’y glace tout le corps,
Et saute enfin de haut, pour tomber au plus bas,

Voila j’échoue encor’, mes tripes ont peu de mots
Et le verbiage pèse, et j’en dis pleins de trop.
Plus court : j’aime les hommes et notre monde fou
Un jour il ne me le rendra pas, je m’en fou !

Agissons ! Agissons dans le temps échappé !
Tout est vain pour un homme dans le monde avoué :
Dans le temps composite une place se dresse,
Où nous demeurerons, nous que rien ne confesse !
Les corridors étroits s’élargissent enfin.
Dans le temps et nos veines avancent même train
Le sang et les espoirs ; adopte ce vieux jour
Ô dieu païen, chrétien, dieu de haine et d’amour.
Paul ! Minable naissant, dieu, christianique enfin !
Par tes efforts portés, le dirigisme éteint.

Dans les vallons moelleux et les ruisseaux sauvages,
Votre logique ancienne a fait tant de ravages…
Je jurerais pourtant que sous les branches basses
-Les branches des mélèzes… Eternelles rosaces-
J’ai vu courir un lièvre aux pattes si légères…
Que ma noble besace en aurait fait affaire !

Et nous irons alors jusques aux grecques rives
A bord des vieux caïqs croulants sous les olives,
Vers les baies esseulées, sanguinolentes biches
Aux succulentes bouches que le monde aguiche…
Mais malgré nous, tout paysage est un miracle.
Et nous rirons aux pics des désolants spectacles,
Mais pas ensemble. Alors je penserai à vous,
Peut-être, qui serez devenus, de bons fous.
Mais moi, privé de vos soleils, de mon côté
A la lumière j’écrirai la liberté.