Les mois qui s’écoulent ne sont jamais les mêmes,
D’hivers jusqu’en étés ils mènent tous nos pas
Vers la vie qui nous pousse à faire des poèmes,
Et la danse des saisons nous emmène au trépas.
Jadis s’écoulaient lentement
Avec une froide dérision
Nos journées vides de tout serment.
Ventôse aux portes des maisons
Incitait le monde à se taire
Et de folie en déraison
Rêvait de routes moins austères.
Fantomatiques nuits d’hiver,
En saisissant nos bleus rivages,
Venez vous perdre dans la mer
Rampez aux portes de nos plages.
Invitez donc la neige le gel
En refermant sur vous la cage
Rompez cette folie irréelle.
Mêlant les senteurs d’une rose nouvelle,
Avec les embruns de la brise parfumée,
Redoutant les silences de la nuit éternelle, il
Savoure la paix renaissante de l’été.
Avec le vent du nord
Ventôse enfin s’endort.
Rempli de certitudes
Il rêve d’altitude.
La bise le suit, candide.
Matins du monde, où les embruns du vent
Annoncent la faconde des jours renaissants
Insolence rayonnante d’un soleil triomphant.
Jardins aux senteurs enivrantes qui guettent
Une larme de rosée les embruns parfumant,
Il y a dans vos espoirs des rêves de tendresse,
Nul ne sait pourtant d’où vient votre tourment.
Jamais au grand jamais sur notre vieille terre,
Une rose d’amour ne pourra se donner,
Il faudrait que le vent s’en aille faire la guerre, aux
Licornes ailées vivant dans les marais,
Luttant contre la force de l’infinie détresse
Echouée sur le rivage et rêvant de tendresse
Tandis que la lune nous dirait ses secrets.
Avec le vent du sud, mon horizon s’embrase,
Occillant sur les vagues de l’Est jusqu’au couchant,
Une brise légère en cascade m’embrasse
Tandis que le soleil fait l’amour aux brisants.
Serpentant dans les dunes au son d’un vieux tambour,
Elle poursuit, nonchalante, son voyage au long cours,
Posant, de-ci de-là, indolente, ses bagages,
Tapissant de velours nos plages et nos rivages,
Elisant domicile sur une île sous le vent,
Mêlant le silence aux cris des goélands,
Bords de mer sauvage, aux reflets chatoyants,
Ravissement suprême, étoile du matin,
Elle est mon âme sœur, sans elle je ne suis rien.
Obsédante nuit d’automne,
Crépuscule tentaculaire,
Ta chanson si monotone
Ouvre la porte à l’hiver.
Bondissant dans la compagne
Rougissante feuille d’érable
Elle s’envole la première.
Novembre de brume inonde doucement notre ciel bleu
Obscurci, comme une offrande, à l’ombre de la lumière ; un
Véritable vent de sable s’engouffre dans nos cheveux,
Eclipsant les nues qui passent sur notre vieille terre ; un
Manteau de bruine glace nos mémoires rouillées ;
Barbotant dans les flaques nous voilà tout mouillés ; les
Rires dont l’écho ne cesse de mourir
Enlisent le temps sous les plis des souvenirs.
Dans la neige, l’hiver a figé les sous-bois,
Enlaçant les ruines du soir de ses bras.
Cette nuit les enfants fêteront la Noël,
En priant, de tout cœur, qu’elle soit éternelle ; la
Majesté du silence et le temps qui passe
Bercent nos cœurs d’une langueur vivace ; les
Rougeoiements du feu crépitant dans les cheminées
Eclairent nos mémoires et nous font rêver.
Antigone (Octobre 2005)