Notre invité

Il était invité comme un hôte de marque.
On l'avait habillé, vêtu comme un monarque,
Embelli et paré de bijoux scintillants.
Était-il honoré de nos bras accueillants ?

Assis à ses côtés, les enfants enchantés,
Ecoutant une histoire, admirant l’invité,
Ne se demandaient pas « d'où il vient ? », ni « pourquoi ? ».
Pour un jour, pour un mois, ce serait lui le roi.

Au matin de Noël, à ses pieds déposés,
Des cadeaux pour les grands et les petits enfants.
Pas un seul destiné au précieux invité,
Qui restait là, muet, avec un air penchant.

Noël est terminé, le voilà presque éteint.
Sous les jeux déballés, les papiers déchirés,
On oublie l'invité. Il n'est plus qu'importun.
Il encombre l'espace. Il n'est plus désiré.

Le jour de l'an passé, on le jette à la rue
Sur un trottoir glacé qu'il n'a jamais connu,
Où il rejoint les siens dans un même chagrin.
Pour un temps il s'était presque senti humain.

Mais qu’un homme, une femme ou bien même un enfant
Vienne à notre rencontre en nous tendant la main,
Nous détournons les yeux et nous faisons semblant
De ne rien avoir vu, poursuivant nos chemins.

Leur demande pourtant n'est pas extravagante :
De quoi se réchauffer, de quoi combler leur faim.
La survie est en jeu, elle est prédominante.
Ils ne demandent pas qu'on les traite en sapins.

Ha oui le pauvre... allez hop, invité dehors, tu as vieillit et laisses trainer tes aiguilles partout... 

Ca sent le sapin pour le pauvre invité.
Malheureusement également pour ceux qui ne le sont pas.