Un certain regard

« Un certain regard »

J’approche sans cynisme et toujours curieux des soixante-dix-neuf ans et je ne suis pas triste. Tout au plus je regrette l’inconscience des politiques qui, au nom de la « croissance » nous envoient sans vergogne droit dans un mur très dur. Je le regrette d’autant plus que je laisse des enfants et des petits-enfants se débrouiller avec ce merdier.

Même avec des gestes qui se veulent écologiques, avoir la certitude de n’être qu’un spectateur impuissant, un figurant sans nom, une seule ombre passante ne laissant qu’une infime trace, quelques mots sur du papier.

J’aurais voulu dormir mille ans et connaître l’après de cette humanité. Aussi folle d’exploiter de l’énergie partout ou plus rien de cette obstination consumériste à en crever. Il n’y a pas de convention de réciprocité, on est toujours à sens unique. Le temps s’égare aux sables des pas-perdus dans des gares de passage.

Pourtant, on ne se résigne pas, le jour à vivre est un jour bon. On prend aussi de l’empathie : « prends soin de toi » dit-on, n’est qu’une formule mais sincérité je l’espère.

En regardant le miroir de ma salle de bain, l’image que je renvoie me déconcerte un peu mais c’est le vieillissement. Je peux jour après jour définir par ma peau, le flétrissement des muscles, le processus horrible d’effacement progressif. L’inexorable qui s’avance, plutôt laid mais qui fait qu’on s’habitue à tout, un regard sur soi-même et sur le monde comme une résilience vers le pire.

Aucun regret, juste une nostalgie d’un élan qu’on avait mais que les rhumatismes freinent aux articulations. Pourtant, encore croise-t-on au gré des souvenirs, des gens, des endroits qu’on avait oubliés mais qui refont surface. On retrouve l’innocence sinon l’ingénuité d’un regard, d’une pensée qui trouve une raison dans l’aimable secret de vie en bandoulières sans aucun artifice, venu ici conté d’ultimes confidences.

On veut parfois couvrir de cendres quelques braises de rêves mal éteins, des souffrances qui grésillent mais c’est peine perdue ! La mémoire revient sans rien nous demander et régler tous nos comptes.

Invité

yes ! j'aime cette franchise mais monsieur c'est pareil pour une femme ou pire
je ne supporte pas cette vieillance que je croyais devoir ête paisibnilité avec petits enfants attentions jardin et roseraie ben non maladie solitude oiseaux envolés, faire semblant ou s'enclaustrer et attendre ou mourir alors bonne veilleuse à vous !
cerise sèche

Bonjour Cerise,
mais je n'ai jamais voulu faire un quelconque parallèle avec autre chose qu'un simple descriptif d'ordre personnel.
Néanmoins, je suis d'accord avec vous concernant la "vieillance ou la paisibnibilité" Nul n'est censé rester les deux pieds dans le même sabot (même à nos âges!!)
Bonne soirée à vous

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