IVRESSE

IVRESSE



Encore, une nuit,
Orageuse, obscure
Lourde comme un fruit
Plein de pourriture.

Cruelle la douleur
De ses ongles impies
Labourant mon coeur
Comme des Harpies

Ses horribles pieux
Labourant ma chair
Lancent silencieux
De sombres éclairs.

Montent mes sanglots
Sourds et tumultueux
Etouffants garrots
Salés impérieux.

Noyée, éxilée
J' attends sur la grêve
Blême et déchirée
Que la mer m' achève.

La pierre qui me coupe
Ouvre mon poitrail
Répandant en coupe
Un sang de corail.

Sang, de notre amour
Terrible coulée.
Monstrueux vautour
T'attends la curée.

Sonnant l' hallali.
M' offrant une tombe
Gesticule et crie
Tout un peuple d' ombre.

Là, où il me pousse
Finissent les pleurs.
On dort. Oh ! ma douce
Dans l' odeur des fleurs...

Vertige de l 'alcool,
Sortant de frimas
Belle comme un symbole.
Tu me tends les bras

Heureuse je rejete
Ban Shee, Vanth, Charon.
Tout tourne en ma tête
En fou tourbillon.

Un feu me dévore
Destructeur, ardent,
Transformant mon corps
En brasier tremblant.

Je veux te saisir,
Pour calmer mes fièvres...
Enfin ! Rafraïchîr
Ma peau à tes levres.

Mais, funanbulesque
Tu fuis en riant,
Mon coeur romanesque
Mon désir mendiant.

Je rêve, j'affabule,
Névrose du chagrin.
J'écoute somnambule,
Laudes, comme tocsin.

Sans toi le soleil
Me pârait narquois,
Cherchant le sommeil
Alors ! Je rebois...