Le monde est ainsi fait (révisé)

Le monde est ainsi fait...

Le monde est ainsi fait
De paix ou de carnage,
De haine ou de bienfait,
D'éveil ou de naufrage ?...

Ce monde a ses ébats
D'états coloniaux
Élevés pour l'éclat
De sanglants idéaux...

Ce monde est mégalo,
Épris d'âcres conquêtes,
De pouvoir, de rameaux,
De nimbe ou de paillettes...

Ce monde est enfermé
En d'antiques blessures,
En des prisons dorées,
Ou des grottes obscures...

Ce monde est vénérant,
De princes richissimes,
Faussement clairvoyants,
Apôtres du régime !...

Ce monde a ses foyers
Chéris de capitaux
Où l'on aime à noyer
Les larmes des ghettos...

Le monde a ses bateaux
Peuplés de misérables
Qui sombrent dans les flots
De l'irrémédiable ?...

Ce monde a ses clôtures
Chargées d'indifférences,
Bouclées de conjonctures
À défaut de clémence...

Ce monde a ses drapeaux,
Plantés jusqu'à la lune,
Pour combler de pipeaux
Bonne ou pauvre fortune...

Le monde est sans abris,
Même au fond du caveau,
Même sous les débris
De tous ses renouveaux...

Un monde fraternel
Serait bien plus serein,
Nul besoin de chancel
Pour partager son pain.

À tout brave cheval
Bénéfice à son être,
À tout noble idéal
La raison est bon maître.

Ce monde a ses gloutons,
Prédateurs chafouins,
Gourmands de biffetons,
De chair ou de saint foin...

Ce monde a ses prêcheurs
En manque de délices
Qui brisent la pudeur
De leurs sages novices...

Plus besoin d'amulettes
Pour chasser ses démons,
La main au calfouette
Attrapons nos dragons,
Le mal est dans sa tête !
Il faut le conjurer !
Un bon coup de machette
Pourra le libérer ?

Ce monde est fait de pommes
Qu'il ne faut pas croquer,
Serinant que tout homme
Va se faire escroquer...

Ce monde est parano
Enfermé dans sa sphère
Suant d'un tas de maux
À damner sa grand-mère !...

Ce monde est puritain
Juste si ça l'arrange,
Les femmes sont putains
Lorsque ça le démange...

Le monde est fait de formes
Qu'il faut savoir aimer,
Une femme uniforme
Peut bien tout enflammer !...

Ce monde est trop jaloux,
Acceptons le partage,
À défaut, soyons fous,
Acceptons notre rage...

Le monde a des amours
Proprement parallèles,
Tant que c'est de l'amour
Ça n'est pas le bordel !...

Ce monde est empêtré
En des préservatifs
De psaumes encastrés
En des marbres poussifs...

Ce monde a ses sadiques
Recteurs de conscience,
Fouailleurs de pudiques
Objecteurs de souffrance...

Ce monde est enfumé
De dogmes primitifs
Ne pouvant assumer
Qu'un sens décoratif...

Ce monde est démago,
Hérissé d'exorcistes
Nourrissants leurs fourneaux
De concepts élitistes...

Ce monde a ses horreurs,
Disons "décapitantes",
Dictées pour la candeur
D'âmes purifiantes...

Ce monde n'a pas peur
De rejoindre trépas,
Pour lui c'est un honneur
Ou un mea-culpa...

Ce monde est enivré
De jardins exotiques...
Il faut le délivrer
De ce mal satanique !

Il suffit d'une histoire
Empreinte d'éternel
Pour bercer d'encensoir
Toute cruche fidèle...

Nul besoin de rituel
Pour envoûter quidam,
Ni d'air sacrificiel
Pour se couvrir de drame...

Il suffit d'un dessein
Pour secouer un monde
Et de deux spadassins
Pour s'abreuver d'immonde.

Ce monde est gémissant
De piquantes injures,
Mais si peu larmoyant
De pieuses souillures...

Ce monde est répulsif,
Têtu de l'épithète,
Souteneur processif
D'aimables silhouettes...

Il suffit d'une plume
Pour combattre canons.
Et qu'un goût d'amertume
Pour affronter les cons ?

Il suffit d'une idole
Et quelques brins de sacres
Pour encenser d'oboles
N'importe quel massacre...

Nul besoin de calices
Pour toucher au bonheur,
Nul besoin d'artifices
À tout bon créateur.

Le monde est impuissant
De toute vérité,
Laissons le tout-puissant
À sa réalité.

Éclaircissons nos chancres
Pour affiner nos chois,
Le bien est dans nos ventres
Ne gâchons pas sa voie...

Nous devons faire face
À notre identité,
La remettre à sa place
Pour la félicité !

Ce monde a ces tuteurs,
Barbares, malhonnêtes,
Raides comme la peur,
Rédempteurs de voilettes !...

Ce monde est agressif,
Cracheur de scolopendres,
Hautement impulsif,
Fanatique de cendre...

Ce monde est légitime
De tous les maux divers,
Quand il faut que ça rime
Avec son révolver...

Ce monde est toujours prêt,
Pour ou contre, à la dure,
Avec ou sans après,
Que victoire perdure ?...

Ce monde est fou de sport
Le ballon ça l'excite,
Un taureau mis à mort
Ça lui donne la frite !...

Ce monde aime le charme
Des trophées - Quel vertige !-
Tout autant que les larmes
Quand sombre le prestige ?...

Ce monde a ses bébêtes
Accrochés au salon,
C'est que nature, en fête,
Gêne en son doux vallon ?...

Ce monde n'aime pas
Qu'on lui prive la panse,
Il faut marcher au pas
De sa luxuriance...

Ce monde a ses bijoux,
Discrets ou triomphants,
Taillés dans les bajoues
De pan pan l'éléphant...

Ce monde a pris la mer
Grelotante de peur
D'écume sale, amère,
Marée montante au cœur !...

Ce monde a pris la terre
Comme on prend une verge,
Tirant jusqu'à l'artère
La cire du cierge !...

Ce monde est en sursis,
Il flaire son destin,
Il attend ses Messies
Comme on attend tin-tin...

Ce monde prie le ciel,
Le ciel prie le soleil,
Monde superficiel !
Où sont donc tes merveilles ?...
Où sont donc tes merveilles ?...

Monde super fi-ciel,
Où sont donc tes merveilles ?...

Où sont donc tes mer-veilles ?


David.C

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Désolé de ne pouvoir répondre de suite à vos messages s'il en est, je dois m'absenter quelques temps.
Amicalement,
David.

Majestueuse, est cette description architecturale du monde, bravo David, il est vrai que le poète achemine la connaissance du monde dans son épaisseur et sa durée, l'envers lumineux de l'histoire qui n'a que l'homme pour témoin.

Chaleureusement 

barateur

J'adore Sac à puces ! Le crecendo qui monte lentement ... et à n'en plus finir ... le tout toujours équilibré, c'est super ! Bon je remonte un post un peu vieux, mais c'est pour le coup de cœur ;)

Merci, à vous...
Je vais le réécrire... En fait, je pense l'avoir mis là un peu trop rapidement.
Je vais en profiter, qu'il soit remonté, car je ne voudrais pas qu'il reste en l'état...
Bref !
J'ai beaucoup de choses à dire, il va être beaucoup plus long...
Et peut être moins apprécié. Mais, j'ai envie d'écrire ce que j'ai sur le cœur... Après tout nous sommes là pour écrire.
Merci , pour votre lecture et apréciation.

Oui, j'avoue que j'ai préféré la première version. Je l'ai trouvé plus belle. Le plus souvent j'aime la concision en poésie. Dans un texte long il y aura forcément des imprécisions ou indélicatesses.

Si j'avais été plus précis celà aurait rallongé encore plus "cette caricature". L'indélicatesse vient sans doute de fait que je ne désirais pas être délicat... Mon intention ici, était surtout d'être percutant pour faire réagir un certain monde. J'essaierais tout de même d'être le plus délicat possible une prochaine fois.
Ce n'est pas facile de donner un avis sur ce genre de texte, plutot épineux, aussi je te remercie bien d'être venu le commenter.

 
J'ai beaucoup aimé ma lecture
Merci pour le partage

Merci pour cet encouragement, Atsen !

J'en profite pour éclaircir deux chose pour la compréhension de l'ensemble...
"Ce" monde, n'est pas "le" monde au sens large... c'est "le" vilain monde.

Et ce vers fait référence à Charlie Hebdo :
Il suffit d'un dessein pour secouer un monde
Et de deux spadassins pour tomber dans l'immonde.

Pour le reste, je peux aussi éclaircir d'autres choses... Concernant les possibles débats idéologiques sur le sujet... je dirais que le poème est un bon moyen de communication, inutile de s'en privé. ;-)

Je te comprends très bien mon ami, 
c'est un monde fait de systèmes et de régimes 
on peut écrire jusqu'à épuisement des rimes
et ce n'est que revendications infimes !

Toute mon admiration et mes amitiés.

Oui, ce sujet semble malheureusement inépuisable...
Merci pour ton admiration, et je te retourne d'ailleurs ce compliment que tu mérite bien plus que moi...

Il faut avoir beaucoup de cœur pour écrire une hymne aux damnés de la terre.
Au plaisir l'ami.

A dire vrais j'aime tout autant, différemment. C'est tout de même une entreprise un texte aussi long. personnellement je n'ai pas la constance, ni l'endurance. Ici on te sent révolté du début jusqu'à la fin, c'est très bien réalisé. J'aime en particulier le vers "Objecteurs de souffrance", puis cette fin ! ... elle m'emporte, me fait tourbillonner ... enfin bref, ça fonctionne.

J'ai tout de même deux trois strophes que j'aimerais modifier :
Concernant le "sport" et "trophé", lorsque l'inspiration viendra...
Aussi ça n'est pas toujours facile de "capter" l'ensemble des images d'un texte surtout lorsque celui-ci est relativement long.
De plus le sujet, n'est pas très très poétique en soit, il faut avoir envie d'en faire la lecture.
Bref ! Je te remercie d'être à nouveau repasser par là...
J'ai peut de temps ce jour, j'ai lu ton dernier poème, je commenterais en fin de journée, je serais moins affairé.
Bonne journée à toi !