Des Chevaux Noirs

“Chevaux au Crépuscule”
Christian JEQUEL Huile sur toile 73 cm x 92 cm

Des chevaux noirs dansaient sur le miroir des grèves
Je regardais le soir se faner dans tes yeux .
Ma mémoire a gardé , dissociés par le rêve
Des souvenirs épars de ces soleils anxieux .

A l'écho de ta voix frémissent les chimères
De mon songe éveillé ; Tu étais le regard...
Ma vie est comme absente, absorbée toute entière
Par un ailleurs putride et des réveils hagards .

Tous mes désirs s'engluent et il pleut sur la plage
Des méduses de mots harcelant les pensées,
Comme de bleus regards de noyés où surnagent
L'empreinte de tes pas à moitié effacée.

Souviens-toi mon amour, des soirs interminables
Lorsque nous respirions au rythme des marées
L'algue brune des jours échouée sur les sables
Dans l'univers des mots à jamais égarée .

Tu n'as vraiment connu ces grèves ni ces dunes
Et j'ai marché sans toi dans la tiédeur des soirs
Ces chevaux qui dansaient dans un rayon de lune
C'est en songeant à toi que j'avais cru les voir .

De trop attendre en vain s'épuise la mémoire
Ne subsiste de toi mirage sans saison
Qu'une ombre du passé , démente et illusoire
Et l'anxiété du soir teintée de déraison .

Enveloppée de mots comme dans un manteau
Je hante ton visage auréolé de vent
Et le rêve incertain qui me colle à la peau
S'enlisera enfin dans les sables mouvants .