LKazan Grimoirien


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 | Sujet: JOAQUIN Sabina - Más de cien mentiras - Mer 19 Oct 2016 - 15:24 | |
| « D'un coup s'effaçait, comme un masque que l'on arrache, le visage que tentait de se donner un gouvernement prodigue de prospérité nouvelle et de promesses de liberté. On ne voyait plus, soudain, que les rides d'un régime vieillissant, hérité de la guerre civile, avec son appareil sinistre de conseils de guerre, de police vêtue de gris, de poteaux d'exécution, dressés à l'aube. "Que la sangre de Julien sea la ùltima - puisse le sang de Julien Grimau être le dernier versé", s'était écriée, en larmes, la veuve du chef communiste fusillé en 1963, l'année même qui vit les trois dernières exécutions capitales en Espagne. Sept ans plus tard, le procès de Burgos montre que le sang ne cessera peut-être jamais de couler…Quand un peuple retrouve des martyrs, son silence devient terrible. Mercredi, sous la pluie fine, au son du glas, les maisons d'Eibar, petite ville industrielle du Pays Basque, se sont vidées, toutes, d'un seul coup. Et une foule énorme, mâchoires serrées, visages tendus, a regardé passer à toute allure, escorté de Gardes civils, le fourgon mortuaire d'un jeune manifestant abattu par la police. Sans dire un mot. » (Décembre 1970 : le procès de Burgos – L’Express).Né en 1949, proche du parti Izquierda Unida (gauche unie), Joaquin Sabina fut, comme Joan Manuel Serrat, au nombre des artistes qui se sont dressés contre le régime franquiste. Dans la chaîne d’événements qui ont découlé du procès de Burgos, soudain révélateur dans l’Espagne du silence de trois décennies de justice militaire d’exception, de sévices et d’exécutions sommaires, Joaquin Sabina fut contraint à l’exil au moyen d’un faux passeport (son père, officier de policier, avait reçu l’ordre de l’arrêter), jusqu’au retour de la démocratie après le décès du vieux dictateur.Il nous livre ici un décompte de la condition humaine :Más de cien mentiras
Tenemos memoria, tenemos amigos, Tenemos los trenes, la risa, los bares, Tenemos la duda y la fe, sumo y sigo, Tenemos moteles, garitos, alteres.
Tenemos urgencias, amores que matan, Tenemos silencio, tabaco, razones, Tenemos Venecia, tenemos manhattan, Tenemos cenizas de revoluciones.
Tenemos zapatos, orgullo, presente, Tenemos costumbres, pudores, jadeos, Tenemos la boca, tenemos los dientes, Saliva, cinismo, locura, deseo.
Tenemos el sexo y el rock y la droga, Los pies en el barrio, y el grito en el cielo, Tenemos quintero, león y quiroga, Y un bisnes pendiente con pedro botero.
Más de cien palabras, más de cien motivos Para no cortarse de un tajo las venas, Más de cien pupilas donde vernos vivos, Más de cien mentiras que valen la pena.
Tenemos un as escondido en la manga, Tenemos nostalgia, piedad, insolencia, Monjas de fellini, curas de berlanga, Veneno, resaca, perfume, violencia.
Tenemos un techo con libros y besos, Tenemos el morbo, los celos, la sangre, Tenemos la niebla metida en los huesos, Tenemos el lujo de no tener hambre.
Tenemos talones de aquiles sin fondos, Ropa de domingo, ninguna bandera, Nubes de verano, guerras de macondo, Setas en noviembre, fiebre de primavera.
Glorietas, revistas, zaguanes, pistolas, Que importa, lo siento, hasta siempre, te quiero, Hinchas del atleti, gángsters de coppola, Verónica y cuarto de curro romero.
Más de cien palabras, más de cien motivos Para no cortarse de un tajo las venas, Más de cien pupilas donde vernos vivos, Más de cien mentiras que valen la pena.
Tenemos el mal de la melancolía, La sed y la rabia, el ruido y las nueces, Tenemos el agua y, dos veces al día, El santo milagro del pan y los peces.
Tenemos lolitas, tenemos donjuanes; Lennon y mccartney, gardel y lepera; Tenemos horóscopos, biblias, coranes, Ramblas en la luna, vírgenes de cera.
Tenemos naufragios soñados en playas De islotes son nombre ni ley ni rutina, Tenemos heridas, tenemos medallas, Laureles de gloria, coronas de espinas.
Más de cien palabras, más de cien motivos Para no cortarse de un tajo las venas, Más de cien pupilas donde vernos vivos, Más de cien mentiras que valen la pena.
Tenemos caprichos, muñecas hinchables, Ángeles caídos, barquitos de vela, Pobre exquisitos, ricos miserables, Ratoncitos Pérez, dolores de muelas.
Tenemos proyectos que se marchitaron, Crímenes perfectos que no cometimos, Retratos de novias que nos olvidaron, Y un alma en oferta que nunca vendimos.
Tenemos poetas, colgados, canallas, Quijotes y sanchos, babel y sodoma, Abuelos que siempre ganaban batallas, Caminos que nunca llevaban a roma.
Más de cien palabras, más de cien motivos Para no cortarse de un tajo las venas, Más de cien pupilas donde vernos vivos, Más de cien mentiras que valen la pena.
Plus de cent mensonges Nous avons la mémoire, nous avons les amis, Nous avons les trains, le rire et les bars, Nous avons le doute et la foi, à pertes et profits, Nous avons les motels, les tripots, les autels
Nous avons les urgences, les amours qui tuent, Nous avons le silence, le tabac, les raisons Nous avons Venise, nous avons Manhattan, Nous avons les cendres des révolutions.
Nous avons les chaussures, l’orgueil et le présent, Nous avons les habitudes, les pudeurs, les vociférations, Nous avons la bouche, nous avons les dents, La salive, le cynisme, la folie, le désir.
Nous avons le sexe et le rock et la came, Les pieds sur terre, et la protestation, Nous avons Quintero, León et Quiroga, (*) Et un business en suspens avec le malin.
Plus de cent mots, plus de cent motifs Pour ne pas nous trancher les veines, Plus de cent pupilles qui nous voient vivre, Plus de cent mensonges qui en valent la peine.
Nous avons un as caché dans la manche, Nous avons la nostalgie, la piété, l’insolence, Les nones de Fellini, les curés de Berlanga, Le venin, la gueule de bois et la violence.
Nous avons un toit avec des livres et des baisers, Nous avons la morbidité, la jalousie, le sang, Nous avons la brume enfuie dans les os, Nous avons le luxe de ne pas être affamé.
Nous avons des talons d’Achille sans fond, Les habits du dimanche, sans aucune bannière, Les nuages de l’été, les guerres de Macondo, (**) Les champignons en novembre, la fièvre du printemps.
Les gloriettes, les revues, les vestibules, les pistolets, Qu’importe, je le sens, à jamais, je t’aime, Les supporters de l’Atlético, les gangsters de Coppola, Verónica et la chambre de Curro Romero. (***)
Plus de cent mots, plus de cent motifs Pour ne pas nous trancher les veines, Plus de cent pupilles qui nous voient vivre, Plus de cent mensonges qui en valent la peine.
Nous avons le mal de la mélancolie, La soif et la rage, le bruit et les noix, Nous avons l’eau et, deux fois par jour, Le miracle sacré du pain et des poissons.
Nous avons les lolitas, nous avons les don Juan ; Lennon et McCartney, Gardel et Lepera ; Nous avons les horoscopes, les bibles, les corans, Les ravins sur la lune, les vierges de cire.
Nous avons les naufrages rêvés sur les plages des îlots sans nom ni loi ni routine, Nous avons les blessures, nous avons les médailles, Les lauriers de gloire, les couronnes d’épines.
Plus de cent mots, plus de cent motifs Pour ne pas nous trancher les veines, Plus de cent pupilles qui nous voient vivre, Plus de cent mensonges qui en valent la peine.
Nous avons les caprices, les poupées gonflables, Les anges déchus, les bateaux à voile, Les pauvres exquis, les riches misérables, Le petit rat Pérez (****), les douleurs dentaires.
Nous avons les projets qui iront en fumée, Les crimes parfaits que nous n’avons pas commis, Les portraits de fiancées que nous n’oublierons pas, Et une âme offerte que nous n’avons jamais vendue.
Nous avons les poètes, les pendus, les canailles, Les Quichotte et les Sancho, Babel et Sodome, Les aïeux qui toujours gagnèrent les batailles, Les chemins dont aucun ne mène à Rome.
Plus de cent mots, plus de cent motifs Pour ne pas nous trancher les veines, Plus de cent pupilles qui nous voient vivre, Plus de cent mensonges qui en valent la peine. (Traduction personnelle)
(*) Antonio Quintero, Rafael de León et Manuel Quiroga, auteurs-compositeurs espagnols (**) Allusion au roman Cent ans de solitude, de Gabriel García Márquez (***) Matador espagnol (****) Personnage de petit rat, prisé par tous les enfants de culture ibérique et latino-américaine
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