Il était une fois au pays des merveilles...

Il était une fois au pays des merveilles...

Il était une fois

Au pays des merveilles

Un sage qui, ma foi,

Voulu tenir conseil

Par défaut de tout roi,

À la cruelle reine

Qui en était, de droit,

La grande souveraine...

Il était fort âgé

Peu importait sa peur,

Il voulut s'engager

Avant sa dernière heure.

- Il faut dire que l'homme

En ce pays sans cœur

N'était qu'un simple atome

Sans la moindre valeur ;

Que la femme était maître

Sans aucune pudeur,

De tout ce qui peut être

Et de tout ce qui meurt. -

... Aussi, fut-il admis,

À son étonnement,

Auprès de l'ennemie

Qui causait son tourment.

Voici ce qu'il versa

Pour défendre les hommes

Afin qu'on s'avançât

Vers un consortium :

- Ô Vénus de cristal !

Somptueux édifice !

Le poison est un mal,

La haine un précipice ;

Aussi, viens-je quêter

Sans la moindre malice

Un soupçon d'équité.

Merci, pour votre office !

Oublions les écrits

Des antiques prophètes

Qui nous avaient proscrit

Un jour noir de tempête ;

Marchons plus près du sol,

Il fleurit ici bas

Assez de tournesol

Pour nourrir ce débat.

L'amour est un pétale,

Aux charmantes facettes,

Qui ne connait du mal

Que sa faible conquête ;

Il faut être au moins deux

Pour humer son parfum ;

Qu'il est bien malheureux

De rester sur sa faim.

Aussi, c'est vous punir

Que de jeter au bagne

Tous les pauvres martyrs

Qui vous font leurs campagnes ;

Je comprends ce dégoût

Qui vous monte du cœur,

Certains hommes, des fous,

Firent tant de malheurs...

Mais, il y a des mâles

Qui aiment la justice,

Qui aiment la morale,

L’éthique salvatrice,

Qui méprisent le mal,

Les sombres sacrifices,

Les folies radicales,

Les piétés destructrices...

Il y a tant de mâles
Qui aiment, sans complaintes,
Les clauses nuptiales
Aux fertiles étreintes...
Qui acceptent, normal !
L'amour qui se dévisse,
L'amour et ses dédales,
L'amour et ses abysses...

Oui, nous avons un cœur
Qui tremble, qui palpite,
Qui se tord de douleur
Ou, de désirs, lévite !

Malgré maintes erreurs
De certains hypocrites
Osez croire, sans heurts,
Qu'il en est émérite !

Essayons d'être honnêtes
Soyons sourd aux narcisses
Bannissons les sornettes
Faisons face à nos vices...

La femme est-elle pure
En ce monde animal ?
Et l'homme, sans injure,
N'est-il pas son égal ?

L'homme est parfois chacal,
À la vue d'une lice,
Et la femme vénale
Aux vues d'un bénéfice ;
L'homme est parfois vénal
Aux vues d'un bénéfice,
Et la femme chacal
Quand l'homme se fait lice.

Loin de toute apparence
L'homme est comme la femme :
Les mêmes appétences
S'agitent dans leurs âmes...

Voici ma quadrature :

Vous m'êtes l'idéal

Et par voie de nature

Je suis votre idéal ;

Par mon humble écriture,

Vous êtes mon égal ;

Je vous dois sans rature

Un respect général.

Si vous voulez l'entendre,

Je ne suis pas sexiste,

Je ne suis pas misandre,

Mais égalitariste.

Au vaillant mot du sage

Vénusté de cristal

Sortit de son corsage

Un funeste crotale...

- Il semblerait pour sûr

Que notre beau parleur

Vit en la créature

Sonner sa dernière heure. -

Courageux, mais point fou,

Par défaut de noblesse,

Il se mit à genoux

Pour flatter Son Altesse :

- Ô pureté divine !

Ô brillante machine !

Oubliez ces toxines

Qui bordaient mes babines !

Vous êtes, Amazone,

Ô grande chasseresse,

Légitime à ce trône !

Oubliez mes faiblesses !

Oublions les poisons !

Oublions les gibets,

L'haineuse déraison !

Méditons l'alphabet...

Par voie de tolérance

Je vous tendais la main

Car, ô jurisprudence,

Je cherchais votre bien.

J'invite votre grâce

À m'accorder clémence,

De ne punir qu'audace...

Je ferais pénitence !

À défaut... Ô Grandeur !

Laissez-moi vous conter

La vie de ce Seigneur

À l'auguste bonté...

Ayant brûlé la cire

De tout son candélabre

Notre joueur de lyre

Se jeta sur le marbre.

Finalement la reine,

Ayant ouï l'oracle,

Ayant vu sa déveine

Ou peut-être un miracle,

L'invita de bon cœur

À partager son trône,

À partager ses peurs

Et sa vie monotone...

On ne put dire enfin

Ce que devint Crotale

L'illustre gardien

Des fontaines du mal ;

Mais mithridatiser

Tout être du royaume,

Put être enfin grisé

Sans trembler sous son chaume.

C'est ainsi que l'amour,

Au pays des merveilles,

Coule à flot dans les cours

Et chante sous la treille.

© Copyright  David.C