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| Sujet: Alcool Ven 14 Juin 2013 - 20:58 | |
| Pour ton recueil pluriel que je n'ai pas lu, ô Célèbre et Inconnu poëte, mais qui, acheté, traîne encore en ces rayons touffus de feuillages amazoniens. Perdu parmi elles, sur une planche il repose, en paix, tout comme toi-même sous le couvercle de ton lit souterrain. Puissent ces quelques lignes rendre ces vapeurs que semble émaner ton nectar verbal, — enivrant bien des critique au verbe risible, — bien que je n'ai pu siroter cette liqueur, n'étant pas de mon goût. Aujourd'hui du moins. Que savons-nous du lendemain ?
Je voguais vers les flots vagabonds, tanguant à bâbord à tribord, vomissant ça et là ces souvenirs passés, emportés, naufragés, rejetés par l'onde buccale. Voilà les immondices stimulées par l'insalvatrice écume. Tribord.
Bâbord.
Que dis-je ! Bercé par cette pensée maudite, j'en ai perdu l'amer balancement réel.
Bâbord.
Tribord. L'ondoyante nacrée, renversée d'un côté de l'autre par la houle nocturnale (1), se reflétait au-devant, admirant ses rondeurs féminines, nymphiques et divines, et la proue la fendait, et l'image reproduite en deux se séparait. On entendait le souffle d'Alizée, et gonflée elle se bombait, aguicheuse et fière, la voile sacrée où, danseuses étoilées, elles se retrouvaient, illuminant cet indéfini espace infini.
Bâbord.
Tribord. Ça bouge ! De haut en bas, encore et encore, mes pieds se dérobent. Insoutenable ! Les ombres s'écartent, mais l'ombre, elle, reste. Présente. Insoutenable ! Des rires à bâbord à tribord. On recule, on s'écarte, je traverse. Mouvement. — Mouvements ! — Je ne sens que cela. Je n'entends que cela. Déroutant ! Des bruits. Des vagues. Des rires. Un chant ! Cette sirène alarmante pèse son cri sur mon corps déboussolé. Je résiste. Je penche. Je m'avance. L'univers s'écarte, le navire s'engage.
Bâbord.
Tribord.
Silence.
Bâbord.
Tribord. Puis… plus rien. Le calme infini, devant moi enfin, le voilà qui s'ouvre. Calme. Déroutant ! Reposant. Repoussant ! Attirant. Plus rien. Le calme, le silence. Rien.
Le bois craque, l'ombre est là. Où que j'aille. Elle à moi, rompant l'hostie céleste : « Fuis. » Se moque-t-elle ? Ne voit-elle pas, aussi ténébreuse soit-elle, joyeuse mater dolorosa, que je ne peux, ma volonté tarie, courir vers l'horizon, pour à chaque orbe trébucher ? Non, ça ne sert à rien.
« Fuis. » Sa voix résonne, ma têtexplose (2). « Fuis. » Va-t-elle se taire, l'ébranleuse de rocs ? Ce voile de maya, la terrible obsession, la terreur nocturne, me laissera-t-elle en paix, un jour prochain, un jour lointain ? En attendant, elle ricoche contre les parrois de ma cloche. Encore. Toujours ! Pourtant, je l'avais fini, ce verre. Ce verre qui, en plus de ses amis, aurait dû m'aider, m'envelopper dans cette symphonie fantastique, aphrodisiaque, vulcanisante et euphorique !
« Tu ne peux m'oublier. », qu'elle me chantonne.
« Fuis. », qu'elle ordonne.
Tribord.
Bâbord.
Vagabond vers les flots je voguais.
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(1) nocturnale : nocturne et matinale.
(2) têtexplose : contraction de "tête" et "explose".Textes protégés par © Copyright N° 79Z516A ~ « C'est au poëte qu'il est donné de descendre dans les profondeurs les plus intimes de l'âme et de dévoiler ses mystères. […] C'est que le poëte est le premier qui ouvre la bouche à sa nation, et vient en aide à sa pensée en lui donnant une forme dans le langage. » Hegel | |
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| Sujet: Re: Alcool Sam 15 Juin 2013 - 9:03 | |
| j'ai du mal avec la présentation... mal de mer sans doute... du coup je n'arrive pas à me concentrer sur le texte lui-même. Lequel sans aucun doute doit être le résultat d'un long travail.
L'ombre qui te colle me fait penser aux première scènes du film "peter pan" .... lorsque la fillette recoud l'ombre au garçon... mais je m'écarte de ton sujet quoi que... le capitaine crochet ne crachait pas sur la bouteille.
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| Sujet: Re: Alcool Sam 15 Juin 2013 - 9:33 | |
| Il vaut mieux parfois rester enfant comme Peter Pan !
Pour la présentation c'est totalement voulu en fait, c'est pour déconstruire le texte en lui-même dans sa forme. J'ai fais d'autres essais qui allaient largement plus loin (le texte ne ressemblaient plus à rien et, par moment, j'avais même tapé mes mots à l'envers "aç emmoc" [comme ça] pour te dire lol). Textes protégés par © Copyright N° 79Z516A ~ « C'est au poëte qu'il est donné de descendre dans les profondeurs les plus intimes de l'âme et de dévoiler ses mystères. […] C'est que le poëte est le premier qui ouvre la bouche à sa nation, et vient en aide à sa pensée en lui donnant une forme dans le langage. » Hegel | |
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