Deuil d'automne

Deuil d'automne.

J'aimais la lourde brume
Qui dormait sur la plaine
Et qui dansait, sans peine,
A l'encre de ta plume.

J'aimais l'ardeur du vent
Jouant avec les feuilles
Et ces arbres en deuil
Aux regards impotents.

Mais, ce que j'aim' le plus
C'est ce vin de Bourgogne
Que je bois sans vergogne
Depuis que tu n'es plus...

... N'es plus là pour me dire
Que tu aimes l'automne,
Que ton âme résonne
À ses moindres soupirs.

J'aimais la feuille morte
Aux reflets de jonquille
Et la pauvre brindille
Qui quelquefois l'escorte.

Tu étais si gentille
Avec tes yeux de biche
Avec tes yeux... qui triche !
Et tes baisers vanille.

Mon coeur est monotone ;
Je veux voir le printemps
Siffloter comme avant...
... Avant, que tu sois Nonne !

J'aimais l'odeur du temps...
La pluie qui éclabousse
Et plonger dans la mousse
En te frôlant les flancs.

Tu es partie un jour
Sur ce chemin doré
Que j'avais adoré
Parcourir par amour.

Aussi, moi je veux boire
Et boire à la santé
Des Saints, des saintetés,
Et des beaux encensoirs !

J'aimais ces blanches oies
Qui partent de nature
Rejoindre dans l'air pur
Ce soleil qui flamboie...

... Ce soleil qui flamboie
Et s'étend dans le ciel
En versant de son miel
Sur ce bois qui ce noie...

Mais, ce que j'aim' le plus
C'est ce vin de Bourgogne
Que je bois sans vergogne
Depuis que... tu n'es plus.

© Copyright David.C

Nota : Ceci est un écrit de pure fiction. Toute ressemblance avec des faits ou des personnes ayant existé ne serait que fortuite.

Un si doux et si triste poème.
Je buvais ce texte !

Citation :

Mais, ce que j'aim' le plus
C'est ce vin de Bourgogne
Que je bois sans vergogne
Depuis que tu n'es plus...

Désastreux cette amputation… j'ai cherché, mais je vois pas comment contourner le poème. Au pire, tu peux laisser le "e" et la poésie moderne (du moins ses esprits) se chargera de le passer sous silence (pas sûr avec les classiques lol).

Citation :

Tu étais si gentille
Avec tes yeux de biche
Avec tes yeux... qui triche !
Et tes baisers vanille.

trichent

Mis à part ces quelques remarques de forme… félicitations ! Vraiment, ce poème est splendide. Belles images (je me sens me répéter de poèmes en poèmes… le radotage… je croyais que c'était pour plus tard lol), un plaisir que tu nous procures à la lecture. Rythme rapide, entraînant, des vers fluides et des mots enchantés…

Vraiment, je ne peux que te féliciter pour ces merveilleux vers.

Au plaisir,

F.

Un deuil automnal plus que plaisant à lire. Il y a une belle musicalité et les images sont fort belles.
Bravo pour ce poème et pour le partage

J'aime la progression de l'histoire... Une fiction qui se boit comme du petit lait

[quote="Frollo"]

Citation :

Mais, ce que j'aim' le plus........

Bonsoir Frollo,

Effectivement, cette "élision" n'est pas terrible...
( Mais ce que j'aim' le plus... )
C'est parce que le personnage est ivre...
En fait, j'ai sacrifié le vers pour faire ressortir le fond.
Je me suis dit que "cette expression " reflétait assez bien son état.
Bref !

Aussi, c'est pour cette raison qu'il est parfois hésitant, il a un regard très imagé sur son monde et que son expression est plus ou moins lancinante.

Nota : Pour le fond, mon personnage est ivre et il a de la rancoeur contre une "religion" qui lui a volé en quelque sorte l'amour. Pour la forme, son état doit être visible pour le lecteur. Sinon, je suis à côté de la plaque... N'hésite pas à me dire, à la relecture, si tu ne le ressens pas assez...

En tout cas merci pour ton aide pour la "faute" et ton ressenti.

Bonsoir Phidias,
Merci, pour ton ressenti.
Au plaisir de te lire !

Bonsoir Pagnolesque,
Cela va peut-être te parler... En ce qui concerne la musicalité, lorsque je l'ais écrit j'ai pensé à Jacques Brel. "Les yeux qui trichent" (Les biches...)
Bref ! Merci, pour ton ressenti ! Au plaisir !

Anje a écrit:

J'aime la progression de l'histoire... Une fiction qui se boit comme du petit lait

Je mets fiction pour être sûr que personne ne se sente visé ou autres... Il est vrai que ça gâche un peu le plaisir. Mais, aussi pour qu'il n'y ait pas trop de retenue au niveau des différends ressentis. Bref ! Il s'agit bien d'une fiction !
Tu m'as donné soif ! Merci, pour ton commentaire.

C'est très beau.
Le rythme est parfaitement réussi pour le thème.
Hum...c'est très triste aussi.
;-(

Iloa a écrit:

C'est très beau.
Le rythme est parfaitement réussi pour le thème.
Hum...c'est très triste aussi.
;-(

Hum ! Je suis moins triste tout d'un coup !
Merci, pour ton passage ! Au plaisir !

Déjà à ma première lecture j'ai vu qu'il aimait bien le rouge… Je vais relire et je te dis à la suite sous cette lumière que tu nous cèdes.

Première remarque du coup… "J'aimais la lourde brume" tu parles du brouillard de la gueule de bois ? enfin, je dis ça comme ça, mais je te prévient, les remarque qui vont suivre vont peut-être toutes se raccrocher à l'alcool maintenant mdr

"Aussi, moi je veux boire
Et boire à la santé
Des Saints, des saintetés,
Et des beaux encensoirs !"
On sait tous que les curés aiment le vin de messe, c'est une vérité générale ça… ;p

Donc oui, au fond on ressent bien par quelques indices, vagues du coup (parce que la brume je ne la voyais pas comme je la voie maintenant avec tes dires), qu'on a affaire à un ivrogne.

Mais si ça peut consoler l'auteur, comme dieu est mort peut-être que la femme aimée s'en retournera… ou alors elle restera aveugle comme le sont beaucoup de mortels imprudents.

"Les martyrs ont nui à la vérité", et pourtant nous croyons en la véracité de ces vérités futiles…

Citation :

Mais, ce que j'aim' le plus
C'est ce vin de Bourgogne
Que je bois sans vergogne
Depuis que... tu n'es plus.

j'ai passé 10 ans en bourgogne où j'y ai perdu de vieux amis...
C'est ce quatrain qui me touche donc le plus pour l'avoir vécu !
L'automne est souvent la saison que les gens que l'on aime choisissent pour disparaître...enfin ils ne choisissent pas.

Merci de ce partage que j'ai apprécié

Tof

Bonsoir Frollo,

Lol !!
Les Curés sont aussi obligés de boire du vin...
N'oublions pas que le vin représente le sang du Christ.
Beaucoup d'entre eux doivent forcément succomber au "charme" du calice.

Il y a quelque temps je suis allez faire un tour du côté de la Chartreuse.
Un autre couvent que celui de la "Grande Chartreuse".
J'y ai rencontré quelques Nonnes... Je peux t'affirmer que dans leurs yeux Dieux n'est pas mort.
Aussi, je n'avais jamais vu de regards aussi radieux de toute ma vie.
Pas un regard pour l'homme que je suis, non ! mais un regard qui respirait la joie de vivre...
Suite à cette rencontre, j'ai écrit mon poème.

Bref ! Concernant mon poème...

Je vais disséquer la chose... Ce sera plus simple !
Inutile d'en faire une thèse...
C'est juste pour savoir si tu as vu toutes ces choses...
Et si tu avais une remarque supplémentaire à me faire.

Merci d'avance pour ton avis.

Lol !!! J'aime bien ton regard "spontané" sur les choses.


Deuil d'automne.

(J'aimais la lourde brume
Qui dormait sur la plaine
Et qui dansait, sans peine,
À l'encre de ta plume.)

Parallèle : avec les brumes de la vie qui était moins lourde à supporter "à l'encre de sa plume" à travers son ressenti à elle.

(J'aimais l'ardeur du vent
Jouant avec les feuilles
Et ces arbres en deuil
Aux regards impotents.)

Parallèle : Il pense à lui qui ne peut rien faire devant la triste vérité...

(Mais, ce que j'aim' le plus
C'est ce vin de Bourgogne
Que je bois sans vergogne
Depuis que tu n'es plus...)

Lui qui noie son chagrin. Un brin "lancinant" sur la liaison N'est plus... n'est plus là pour...

(... N'es plus là pour me dire
Que tu aimes l'automne,
Que ton âme résonne
À ses moindres soupirs.)

Description : Elle ressentant une présence en toute chose.

(J'aimais la feuille morte
Aux reflets de jonquille
Et la pauvre brindille
Qui quelquefois l'escorte.)

Parallèle : Il pense à lui en tant que brindille escortant sa belle...

(Tu étais si gentille
Avec tes yeux de biche
Avec tes yeux... qui trichent !
Et tes baisers vanille.)

Sans commentaire.

(Mon coeur est monotone ;
Je veux voir le printemps
Siffloter comme avant...
... Avant, que tu sois Nonne !)

Sans commentaire. Un brin lancinant. Avant...

(J'aimais l'odeur du temps...
La pluie qui éclabousse
Et plonger dans la mousse
En te frôlant les flancs.)

Sans commentaire.

(Tu es partie un jour
Sur ce chemin doré
Que j'avais adoré
Parcourir par amour.)

Sans commentaire.

(Aussi, moi je veux boire
Et boire à la santé
Des Saints, des saintetés,
Et des beaux encensoirs !)

Les encensoirs...
coup d’encensoir : [Figuré] [Vieux] flatterie, louange excessive. Donner des coups d’encensoir. Manier l’encensoir.
L'enscensoir sert à... encenser : encensé au sens figuré veut dire : flatter pour x raisons
Ici, j’ai essayé de tourner la chose pour que l'encensoir soit considéré comme un "appât".
Je ne sais pas si cela est réussi...
Bref !

(J'aimais ces blanches oies
Qui partent de nature
Rejoindre dans l'air pur
Ce soleil qui flamboie...)

Parallèle : Il pense à sa belle, qui c'est "s'envolée"
A savoir que la lumière symbolise le "Saint Esprit" "la présence divine" dans la plupart des religions.
Le soleil étant une source de lumière... Je te laisse faire le parallèle.

(... Ce soleil qui flamboie
Et s'étend dans le ciel
En versant de son miel
Sur ce bois qui se noie...)

Parallèle : Il pense à lui et sans doute à d'autres personnes à travers ce bois qui se noie...

Mais, ce que j'aim' le plus
C'est ce vin de Bourgogne
Que je bois sans vergogne
Depuis que... tu n'es plus.

Snif !

À chaque fois qu'il revoit les "choses" de l'automne, il fait un parallèle avec son propre vécu...
Aussi pour faire tous ces parallèles il faut être dans un état plus ou moins second. Non ?
Ou bien peut-être un brin poète...
Bref !
Au plaisir !

Bonsoir tofka,

J'aime bien le vin de Bourgogne...
Mercurey ! Pomard ! Givry ! Santenay ! Côte de Beaune ! Côte d'Or ! Et plein d'autres encore. Que de trésors... Que de vie aussi !

Merci, de ton passage !!!