Des étoiles et des colombes

Avide de sillons féconds
Quand le fardeau devient trop lourd
Nanti de mes sens en partance
Je délaisse mes champs en ruine
Pour des échappées fantastiques
En direction du firmament

Le corps de plus en plus léger
Comme une plume, je m'élève
Et j'atteins les voûtes célestes
Où des étoiles bienveillantes
Me designent la voie à suivre
Dans leur sillage, je m'engage

Des paysages gigantesques
Indescriptibles d'opulence
M'offrent d'étranges univers
Dans un décor qui se prolonge
Où de sublimes horizons
Projettent d'intenses lueurs

Ici, l'atmosphère est mythique
L'oiseau qui donne de la note
Niche dans l'arbre du savoir
Et le clapotis du ruisseau
Qui l'accompagne, répercute
D'incomparables trémolos

Adieu les corbeaux affamés
Qui jadis occupaient l'azur
En poussant des cris menaçants
Balayant les nuages gris
Une aurore à couper le souffle
Se répand peuplée de colombes

Un fil magique au bout des ailles
Sur de fabuleux pans de ciel
Elles tissent des tapis d'or
Façonnent des champs de labours
Dans une glèbe cristalline
Truffée d'éclatants girasols

Des végétaux, des minéraux
Démesurés, se superposent
S'enlacent, se tressent, s'épousent
Donnant à l'entour un spectacle
D'une troublante féerie
Qui dépasse l'entendement

Des silhouettes, des visages
Vont, se succédant, rayonnants
Apparemment transfigurés
Sous l'égide de bons génies
Le pur éclat de leur sourire
Est un jaillissement d'amour

Et je demeure éberlué
Toutes mes fibres en alerte
Face aux images inédites
Qui accaparent mon regard
Leurs rutilances, leurs fragrances
Subsisteront gravées en moi

Le son aigu de ma mémoire
Qui sommeillait en souvenir
Soudainement refait surface
Et me voilà, tombé des nues
Vaquant au ras des pâquerettes
Mais comblé d'un réel bonheur.