Les pirates

D’une page rescapée de l’attaque, j’ai confectionné une méchante coque,
Je l’ai baptisé L’Eric du nom de notre Capitaine et j’y repose le vague à l’âme.
Et comme on jette une bouteille à la mer j’ai jeté l’encre
Avec dessus le nom de mes compagnes et compagnons d’infortune
Que je retrouverai sur la grande Toile de l’amitié
Qu’aucun assaut informatique de bandits
Ne pourra jamais engloutir dans les flots de l’oubli.

Depuis que des pirates masqués sur de vilains hippocampes
Ont pénétré notre vaisseau, prisonnier en leur filet
Plus sournois que l’épervier lancé sur l’onde,
Je dérive sur les fils arachnéens pour des sites inconnus
De récifs en abysses par une navigation incertaine.
Et ma pagaie de graphite noyée de brumes et d’écume
Que ma main inquiète abandonne puis reprend,
S’effrite en copeaux de tristesse et de colère.

Nous voguions pourtant en pacifiques explorateurs
De mots nouveaux, de rimes riches et de pensées délicates
Que des boscos bien modérés rangeaient en trésors
Bercés en hamac dans les cales du navire.
Mais à l’horizon je le sais, bientôt surgira plus fort encore notre esquif vainqueur
Battant fièrement notre pavillon : plumes à l’encrier et comme des marins
Que la mer appelle, nous repartirons sur une vague nouvelle.