Blackangel Nouvelle plume
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Nombre de messages : 16 Age : 33 Localisation : au royaume de l'écriture... Date d'inscription : 31/03/2006
| Sujet: Une descente aux enfers Ven 31 Mar 2006 - 18:26 | |
| Une descente aux enfers Elle s’était contentée de commencer par le commencement. Grossière erreur. Elle n’aurait jamais dû faire cela, elle s’en était vite rendue compte. Il était maintenant trop tard pour faire marche arrière. Elle finit donc son récit, guettant avec inquiétude les réactions des autres élèves. Mais aucun commentaire ne vint et le professeur lui demanda de retourner à sa place, ce qu’elle fit dans un silence total. La sonnerie stridente du lycée la délivra de son malaise. Elle s’empressa de ranger ses affaires et sortit en vitesse de la salle de classe. Morgane avait quinze ans. C’était une jeune fille solitaire qui avait de grandes capacités intellectuelles. Elle s’intéressait énormément aux langues mortes et aux civilisations anciennes. Elle pouvait passer des heures à la bibliothèque à lire des livres colossaux sur des tribus éthiopiennes ayant vécues avant le quatrième siècle, date de l’introduction du christianisme dans le pays appelé royaume d’Axoum. En bref, c’était une passionnée. Physiquement, elle était très jolie. Son visage aux traits encore juvéniles était encadré par de longs cheveux châtains, eux-mêmes parsemés de reflets dorés. Elle avait des yeux d’un vert splendide où brillait constamment une petite lueur de tristesse. Les formes de son corps étaient bien dessinées, elle avait une taille fine et de longues jambes. Malgré son caractère timide et mystérieux, parfois renfermé, elle plaisait beaucoup aux garçons. Mais ces derniers la laissaient parfaitement indifférente, à leur grand malheur. À la cantine, elle s’installa à une table inoccupée. Elle avait besoin d’être seule pour réfléchir à ce qu’elle venait de dire. Elle avait dévoilé la chose la plus intime et secrète de son existence… C’était pendant l’été. Elle avait rencontré un charmant jeune homme de dix-sept ans nommé Nathan. Pourtant, il y avait chez ce garçon quelque chose d'obscur, légèrement effrayant. Morgane ne savait pas ce qui lui procurait cette sensation si insolite. Elle venait de fêter ses quinze ans. Un jour où il faisait particulièrement beau, il lui proposa d’aller à la plage. Ravie, Morgane accepta. Nathan avait l’air si doux et attentionné, elle n’était pas inquiète. Arrivés à la plage, ils se baignèrent dans une eau délicieuse. Le ciel était d’une superbe bleu, le soleil brillait, éblouissant. Curieusement, la plage était totalement déserte. Contre toute attente, le garçon se colla à elle et l’embrassa. Morgane s’était tout de suite sentie mal à l’aise. Elle le repoussa gentiment, lui disant qu’elle voulait rentrer à présent. Ils repartirent donc, après s’être convenablement séchés. En chemin, Morgane fut prise d’une envie pressante. Par chance, ils se trouvaient à proximité d’un petit restaurant sur le bord de mer. Laissant Nathan à l’entrée du restaurant, elle lui demanda de l’attendre car elle n’en avait pas pour très longtemps. Mais quand elle se retourna, elle vit qu’il était entré dans les toilettes avec elle et qu’il avait verrouillé la porte. Morgane était tétanisée par la peur, elle ne pouvait ni bouger, ni parler. Soudain, il bondit sur elle et la déshabilla brutalement. Il tenta alors de la violer. Elle se sentait prisonnière, impuissante. À cet instant, elle remarqua une cicatrice sur la cuisse gauche de Nathan. Il s’arrêta tout à coup en prenant conscience qu’il n’avait pas de préservatif sur lui. Quelle ironie du sort ! Ils s’en allèrent donc, sans que Morgane ne sache quoi faire. Elle avait peur de lui et du regard qu’elle sentait peser sur son corps. Il lui dit qu’il était fatigué et qu’il voulait s’arrêter un moment. Elle n’osa pas refuser. Ils parlèrent comme de bons amis jusqu’à ce que Nathan se mit à l’embrasser une nouvelle fois, de plus en plus bestialement. Il posa ses mains sur elle mais Morgane se releva d’un coup en déclarant qu’elle aimerait partir. Mais il l’attrapa violemment par le poignet et la jeta au sol. Il lui serrait le poignet si fort qu’elle en avait les larmes aux yeux. Il lui faisait horriblement mal ! Elle ne reconnaissait plus du tout son regard, si sympathique quelques heures auparavant. Morgane était terrifiée, et Nathan ressemblait à une bête enragée. Il s’allongea sur elle tandis qu’elle se débattait pour l’empêcher d’aller trop loin. Elle lui criait d’arrêter, qu’elle ne voulait pas. Rien n’y fit, il ne cessa pas. Et puis Morgane abandonna la lutte. Elle le laissa faire les choses monstrueuses qu’elle savait inévitables. Elle avait envie de vomir, de pleurer, de mourir. Elle n’avait plus aucune force, plus aucune volonté. Elle ne pouvait ni crier, ni s’enfuir. En rentrant chez elle, elle se sentait morte, gâchée, souillée, c’était comme si une partie d’elle-même avait été détruite. À partir de là commença pour elle une véritable descente aux enfers. Nathan réitérait chaque jour ce qu’il avait fait ce jour-là, parfois plusieurs fois dans une même soirée. Il s’arrangeait toujours pour qu’ils soient seuls et Morgane le laissait faire. Elle n’en pouvait plus de résister. Elle avait mal, il était violent et grossier. Mais elle faisait semblant de ne pas souffrir, elle ne voulait pas lui faire ce plaisir. Un soir où il l'avait trouvée sur la plage, Nathan décida de lui infliger une douleur plus atroce encore que les précédentes. Le crépuscule donnait à l'ombre du jeune homme un aspect étrange. Il s'approcha de Morgane qui, les yeux fermés, était allongée sur le sable. Celle-ci n'entendait rien, elle somnolait, cherchait un peu de quiétude et de réconfort, seule devant l'immensité océanique. D'un geste rapide, Nathan sortit un canif de sa poche, l'ouvrit, et s'appliqua à entailler profondément la jambe de Morgane. Le temps qu’elle réagisse, et il l’avait marquée à jamais, comme pour lui montrer qu’elle était à lui, qu’il la dominait. Depuis lors, elle avait toujours eu l’impression que c’était de sa faute ce qui lui était arrivé. Elle ne l’avait jamais dit à personne, elle voulait tout oublier, enterrer cette horrible histoire au plus profond d’elle-même. Cependant, elle avait honte, elle culpabilisait de ne pas s’être battue jusqu’au bout. Jusqu’à ce jour où elle avait cédé et tout raconté au professeur de français qui lui avait donné l’autorisation de s'exprimer devant toute la classe. Au début, Morgane était angoissée, elle craignait qu’on la rejette ou qu’on se moque d’elle ouvertement. Mais au fur et à mesure, elle sentait bien que cela la soulageait d’en parler. « J’ai été violée », avait-elle débuté. Elle s’était contentée de commencer par le commencement. | |
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| Sujet: Une descente aux enfers Dim 2 Avr 2006 - 22:11 | |
| C'est une nouvelle très bien écrite. Sa lecture laisse comme un goût amer au plus profond de l'âme. On essaye d'imaginer quelle peut être la souffrance d'une jeune fille violée... Cela doit être terrible à vivre. Comme une mort. Tu as très bien écrit ce texte qui donne à réfléchir.
:Félicitations: | |
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Blackangel Nouvelle plume
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| Sujet: Re: Une descente aux enfers Sam 8 Avr 2006 - 10:19 | |
| Merci sandipoete, ton commentaire me fait bien plaisir ! Cette nouvelle, je l'ai écrite pour un concours de nouvelles de mon département. J'ai tout de suite pensé à ce thème, très prenant, et malheureusement toujours d'actualité. J'ai écrit cette nouvelle d'après une véritable histoire. Bien sur, j'en ai modifié quelques aspects, mais dans le fond, c'est identique. Bisous | |
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