La Mort d'Orphée

Sujet: La Mort d'Orphée Sam 19 Jan 2013 - 18:13

Voici le chant IV que j'ai eu du mal à composé à cause des Bacchantes ; je trouvais leurs répliques creuses et avais du mal à leur donner consistance. Mais à présent je pense avoir réussi à leur donner la parole qui doit leur revenir. Vous me le direz, je pense, si c'est trop creux.

Pour ce qui est de l'intervention de la Voix, c'est une réécriture (ou révision) du poème "Isolement spirituel" composé au mois de juillet et que j'avais posté sur le forum il me semble.

Bonne lectures à vous !

CHANT IV

ORPHEE

Je ne vous aime pas,
Je ne veux de vos charmes ;
De vos voix j'en suis las,
Epargnez-moi vos larmes.

Pourquoi vous acharner ?
Je vous repousse encore.
Pourquoi toujours m'aimer ?
Vous n'aurez point mon kore.

Voilà un effrayant
Regard qui se veut sombre !
Je m'en irais content,
Moi qui ne suis qu'une ombre.

Devant tout vos malheurs,
Seule rira ma bouche,
Et vous fondez en pleurs,
A terre je me couche.

Je suis si dur, si froid,
Que votre âme est blessée ;
Voyez le hors-la-loi,
Voyez le vrai Orphée !

Pensez-vous à l'encens
Qui brûle tel ma femme ?
Poussez-donc cet amant
Qui mourra dans la flamme.

BACCHANTES

Jetons-le dans cette onde
Où la vague profonde
Portera ses morceaux
Sur la barque féconde
Voguant au cours des maux.

Pourquoi bercer encore
Le vaisseau de l'aurore ?
Pour la dernière fois,
Rage qui s'évapore,
Ecartes-donc ces bois,

Et qu'en débris fragiles,
Comme les non-dociles,
Cette houle d'airain
L'éloigne loin des îles,
Le coule au fond marin.

Admirez, sœurs fidèles,
Se noyer les nacelles
Dont les membres chéris,
Ô plaintes éternelles !
Se changent en débris !

Nous avons pris son âme
Et son corps sous la lame
Se disperse en ce jour !
Elle s'éteint, sa flamme,
Tout comme son amour.

Nous nous sommes vengées !
A présent délivrées
De l'amant importun,
Voyons nos hyménées
Libérées ce matin.

Mais soudain, fugitive,
S'élevant de la rive,
Une voix, à nos yeux
Bien loin d'être plaintive,
Récita ses adieux.

UNE VOIX

Dans les cieux étoilés je me suis échappé,
Voguant sur les amers flots de ma solitude,
Réfugié sur la mer, bâtiment dépravé.

Egaré en ces eaux d'inconnue latitude,
J'observe ton portrait aux traits si harmonieux
Qui me fit m'oublier dans cette multitude.

Dévoré par l'envie de rejoindre les cieux,
Je me laisse tomber dans l'onde du sourire,
Je me perds à nouveau dans l'ombre de tes yeux,

Et réponds tendrement à l'instant où chavire
Au regard plein d'espoir, mon navire isolé,
Je sombre dans l'abîme en un serein soupire.

Je m'enfonce avec lui, ce passé envolé,
Et m'agrippe à l'image éloignée des rivages
Où le temps désarrime en voyant ta beauté

L'épave de nos corps souffrants de mains ravages.

BACCHANTES

Un orage de voix
S'élève sur la plage
Où descendent les rois
Accompagnés des lois ;
En guise de présage
Le rayonnant visage
D'un dieu pousse un soupir
D'où s'échappe Zéphyr…

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« C'est au poëte qu'il est donné de descendre dans les profondeurs les plus intimes de l'âme et de dévoiler ses mystères. […] C'est que le poëte est le premier qui ouvre la bouche à sa nation, et vient en aide à sa pensée en lui donnant une forme dans le langage. »

Hegel

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Invité

Quel dur destin pour Orphée.

Tu passes directement, du monologue d'Orphée, à sa mort, cela me fruste un peu.
C'est vrai que de parler de son "exécution" aurait peut-être été trop long ?

Enfin son âme aura l'honneur de se retrouver tout de même, aux Champs-Elysées.

J'aime ce que t'as é

Bises

Sujet: Re: La Mort d'Orphée Sam 19 Jan 2013 - 18:28

Evelyne* a écrit:: Quel dur destin pour Orphée.

Tu passes directement, du monologue d'Orphée, à sa mort, cela me fruste un peu.
C'est vrai que de parler de son "exécution" aurait peut-être été trop long ?

Enfin son âme aura l'honneur de se retrouver tout de même, aux Champs-Elysées.

Bises

Ouais je sais, j'hésite à rajouter le passage où les Bacchantes sont outragées et où elles décident de démembrer Orphée avant d'arriver à "jetons-le dans cette onde", ce serait peut-être judicieux… j'y réfléchis et je verrai si je modifie ou pas ! Après ça peut être redondant, ça peut être chiant et tout… c'est à méditer en tout cas !

Merci de ton passage Evelyne :)

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« C'est au poëte qu'il est donné de descendre dans les profondeurs les plus intimes de l'âme et de dévoiler ses mystères. […] C'est que le poëte est le premier qui ouvre la bouche à sa nation, et vient en aide à sa pensée en lui donnant une forme dans le langage. »

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Invité

OK !

Sujet: Re: La Mort d'Orphée Sam 19 Jan 2013 - 20:02

Je ne peux une nouvelle fois que saluer l'immensité et la profondeur de ton travail.
Je l'avoue humblement, je serais tout à fait incapable d'écrire comme tu le fais.
Tout d'abord parce que la longueur du texte m'arrêterait avant même d'avoir commencé, d'autre part parce qu'il faudrait me plonger dans cette mythologie dont je te disais qu'elle ne m'attirait plus depuis bien longtemps.
C'est donc très sincèrement que je te tire mon chapeau, l'oeuvre, on peut le dire, est magistrale.
Je n'ai pas coutume de dire que l'un des nôtres est un vrai poète car je préfère à ce terme, à ce qualificatif, l'expression d'ami de la plume. Mais là, force est d'avouer que tu es sans conteste un véritable poète, de ceux qui ne rechignent devant l'ardeur de l'ouvrage.
Félicitations à toi.

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La Mort d'Orphée Sans_t11
Mon Grimoire

Telle est la vie des hommes.
Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins.(Marcel Pagnol)

Sujet: Re: La Mort d'Orphée Sam 19 Jan 2013 - 20:47

Je suis très touché par ton commentaire Pagnolesque ! Mais il me reste des vers moins gracieux que ceux de tes sonnets ;)

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« C'est au poëte qu'il est donné de descendre dans les profondeurs les plus intimes de l'âme et de dévoiler ses mystères. […] C'est que le poëte est le premier qui ouvre la bouche à sa nation, et vient en aide à sa pensée en lui donnant une forme dans le langage. »

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Invité

Bonsoir Frollo,

C'est sans lassitude que j'ai lu ces vers richement bien construit, c'est là un plat de roi d'une fluidité à toute épreuve quand on sait à quel point ce genre est ardu et peut se montrer très indigeste. C'est vrai que le raccourci laisse un peu sur la faim mais c'est le coté moderne qui me plait et je pense que vous n'avez pas dit votre dernier mot bien au contraire, je suis impatient de vous voir dans d'autres envolées épiques et lyriques.
Merci pour ce partage.

A vous relire prochainement,
Cordialement vôtre,
Philippe Andrejean.

Bravo

Sujet: Re: La Mort d'Orphée Dim 20 Jan 2013 - 19:15

Je suis plus lyrique et romantique qu'épique… je suis un bon poëte torturé, fou, malade dans sa tête et psychopathe dérangé tyrannique pervers cruel et insensible envers ce crétin d'Orphée qui n'a pu retenir Eurydice comme le créateur de ces vers. Brefouille, tu as lu un passage de

La Mort d'Orphée
ou le Suicide amoureux
Préface d'une tragédie romantique

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« C'est au poëte qu'il est donné de descendre dans les profondeurs les plus intimes de l'âme et de dévoiler ses mystères. […] C'est que le poëte est le premier qui ouvre la bouche à sa nation, et vient en aide à sa pensée en lui donnant une forme dans le langage. »

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Sujet: Re: La Mort d'Orphée Dim 20 Jan 2013 - 20:14

une très belle lecture pour moi merci de ce partage La Mort d'Orphée 499177

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Aucune grâce extérieure n'est complète si la beauté intérieure ne la vivifie.
La beauté de l'âme se répand comme une lumière mystérieuse sur la beauté du corps.

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