La feuille blanche

Quand je vois une feuille blanche
J’imagine son potentiel
Je me figure une avalanche
Ayant recouvert l’arc-en-ciel
 
Le foisonnement démentiel
Des sens multiples de la page
Freine l’acte providentiel
D’y apposer la moindre image
 
De jeter l’ombre d’un nuage
Pour couvrir l’infini des cieux
De condamner au lourd ombrage
De la paupière tous les yeux
 
Une fois le geste odieux
Parti d’un élan extatique
Au fond du gouffre silencieux
Résonne une piètre musique
 
Dont le fier écho narcissique
Se mêle aussitôt au regret
D’avoir imposé sa réplique
Réduit à l’arbre la forêt
 
Boileau nous disait qu’un sonnet
Vaut à lui seul un long poème
La page blanche a cet effet
De valoir plus que l’on y sème
 
D’anticiper chaque blasphème
Chaque balafre sur sa peau
De conserver chaque morphème
Dans les faux plis de son drapeau
 
Blanc reddition face au pinceau
Soumis au sillon de la plume
Comme au passage d’un vaisseau
Venant scinder la blanche écume
 
La feuille blanche est amertume
Sous la pauvreté du décor
Quand la richesse de la brume
Se dilapide en lettres d’or

Merci Jeannie de m'avoir lu ^^
Elles ont encore beaucoup a nous apprendre alors aimons les pour ce qu'elles sont et pour tout ce qu'elles pourraient être

En attendant la page noire qui saura nous en dire autant...
Amitiés
Atsen

Bonjour Atsen,

L'angoisse de la page blanche ne touche vraiment que l'écrivain. Le poète en fera une aile d'ange pour traverser serein tous les rideaux de brune.

By

Ventpré