RUPTURE

L'océan, la mer, c'est bleu, comme tes yeux. Le thème maritime, car symbole de Voyage et d'Idéal chez Baudelaire, chez moi devient source de rêverie, d'horizons nouveaux, mais aussi de naufrage, de mort, de lente agonie par noyade.

Dans tes yeux j'y ai vu Bonheur. A ses côtés j'ai voulu marcher, le découvrir, sympathiser avec lui. J'ai vogué sur ce navire, bravant les tempête, indolent compagnon, disait Baudelaire. J'ai su que je pourrais toujours le trouver à tes côtés, en toi.

Sur les flots, sur ces flots qui sont tiens, j'ai parcouru monts et merveilles. J'ai traversé vallons et vallées, mais toujours le sourire aux lèvres, le cœur enjoué, l'âme et l'esprit, couple inséparable, vagabondant enlacés dans ces collines verdoyantes. Mais où je me trouvais joyeux, toujours il y avait ce ciel bleu. Toujours il y avait cette mer chaleureuse. Toujours ton regard me suivait.

Mais éloigné, dépendant déjà de ces voluptés miraculeuses, j'ai sombré. Désolé je le fus, le suis et le serais. Mais tu es mon Idéal. Et qu'y puis-je ? Car loin de toi le ciel s'assombrit ; et dans mes mornes journées la mer s'écarte, et dans le gouffre sans fond tombe mon cri sourd et muet. Je chute, je meurt, je veux te parler, mais de mes mots tu n'entends rien. Ma coquille mal-menée subit les tourments passionnés des vagues, le bois grince, la coque s'écartèle tel les muscles de mon cœur malheureux. Prisonnier de son euphorie, de son vécu qui se noie, il le suit dans sa descente finale vers les abîmes marines…

… auxquelles je n'échappe que par les souvenirs de bonheur que tu m'a laissé…