Le fantôme du téléphone.

Le téléphone est l’objet gourmand du hasard,
Où triste dans le fruit amer du cauchemar,
Insolite dans une erreur,
Pour y puiser peut-être son bonheur.
Parfois le téléphone s’épuise dans le vent,
Lorsqu’il n’y a pas de double agent,
Sur des messages fantômes,
Qui veulent tirer sur l’atome.
Le fantôme du téléphone agace ou s’efface,
Comme le visage d’un miroir dans la glace,
Pour se libérer et ne plus faire face,
Et fuir la réalité sur toute la surface.
Le téléphone est un objet plat,
Il s’illumine quand il allume sa voix,
Où l’espoir d’un désir très refoulé,
Qui n’a pas de courant de pensée.
Une messagerie n’est pas faite pour les chiens,
Même si ce n’est pas Didier Barbelivien,
Ou mon oncle d’Amérique,
Il faudrait que je sois là dans la grande rubrique.
La grande erreur du téléphone serait toujours d’y répondre,
De se douter de son infortune qui gronde,
Ou regretter une surprise,
Et tant pis pour moi si ce jour n’est pas de mise.
Le téléphone est une autorité,
Qui s’infiltre dans un foyer bien gardé,
Répondre avec une chaussure sur la table,
Et gare à cette voix si elle est redoutable.
On peut parfois passer sa vie au téléphone,
Pour fuir la réalité sur toute la donne,
Et s’anéantir de paroles dans le brouillard,
Pour se demander enfin pourquoi il est trop tard.
Le téléphone appelle un peu de fric,
Même si ce n’est pas un flic,
Ou une somme à payer,
Que l’on voudrait esquiver.
Le téléphone souhaiterait parler à qui l’on veut,
Cela serait parfois mon vœu,
D’un ministre ou de mes aïeux,
Mais c’est aussi la couleur d’être deux.
Le téléphone est une transmission,
Même si je ne parle pas à Alan Delon,
Ou dans les ondes d’une radio,
Pour parfois en faire rideau.
Le téléphone peut sonner d’un côté mystique,
Où l’interlocuteur peut-être magique,
Magique de transmission de pensée,
Que l’on aurait pu deviner.
Le téléphone devrait être considéré comme un objet d’art,
Qui se loge même dans le plumard,
Il réinvente la vie,
Pour donner parfois un peu d’énergie.