DICTATEUR
Si je faisais de la politique
Je serais dictateur !
Pourquoi affronter la critique
Quand on peut régner par la peur ?
La peur ! La seule chose qui excite
Cet amalgame de crétins
Que d’autres crétins sollicitent
Dans ce qu’on appelle un scrutin.
Puisque mes idées sont les bonnes
Pourquoi faut-il s’embarrasser
Perdre son temps à discuter
Risquer de voir changer la donne ?
Aller cueillir des parrainages
Flatter, acheter des suffrages
Signer des compromis
Avec des ennemis :
Alliances hypocrites
Qui mènent à la faillite
Comme disent les palindromes :
« Elu par cette crapule »
Et puis plus tard
« Tu l’as trop écrasé, César, ce port-salut »
Quand il devient manifeste
Qu’on a retourné sa veste.
En plus, il faudrait négocier :
Les syndicats, les politiques !
Les manœuvres démagogiques
Finiraient par tout embrouiller
Par contre, avec un dictateur
Les choses sont claires et nettes :
A tout opposant, tout gêneur,
Il suffit de couper la tête !
Malgré tout, c’est un combat :
On doit nouer des alliances
Et d’abord, trouver les finances
Pour payer gardes et soldats
Constituer une milice
Et guetter le moment propice
Pour mettre au point son coup d’état.
*****
Si je faisais de la politique,
Je serais dictateur
Ce serait un choix fatidique
Un faux fuyant
Une fuite en avant.
Le dictateur a perdu la boussole :
Il est assis, là, sur son pôle
A contempler des morts vivants
Un troupeau de moutons bêlants.
Mais lui n’est même pas pasteur,
Il se joue la comédie
Pour oublier qu’il a peur
D’analyser ses phobies :
Les autres, la contradiction,
Peur de se remettre en question.
Alors, il devient loup et recherche l’appui
De ceux qui voudront mordre et hurler avec lui.
Pour l’occasion, il sait se montrer fin stratège
Afin que ses projets fassent boule de neige.
Sa culpabilité, au départ toute entière
Est ainsi diluée en de nombreux flocons.
Il saura bien trouver nombre boucs-émissaires
Qui prêteront leur dos à toute accusation.
Et c’est là que l’attend cette roue infernale
Qu’il a lancé lui même et qu’il ne peut freiner.
Une force inconnue est en train de tirer
Ce char de damnés vers les fontes abyssales.
C’est malheureusement par ces erreurs fatales
Qu’on apprend que le monde, à des lois est soumis
Et qu’un Dieu créateur des ères sidérales
Veille que s’accomplisse ce qu’il a promis.
La mutation d’un peuple, à un être est confié,
Mission n’est pas donnée à une multitude
De choisir elle même un chemin préparé.
Par une bonne étoile il doit être guidé.
Des êtres d’exception, par Dieu même agréés
Qui ont puisé leurs forces à l’infinitude
Viennent offrir leurs dons à ce monde enlisé.
Car les grands souverains, les initiés, les guides,
Ceux là même qui sont source des impulsions,
Qui ouvrent les chemins des civilisations
Oeuvrent à un moment où le temps coïncide
Avec le temps propice où échoit leur mission,
Ce moment où leurs forces longtemps préparées
Entrent en résonance avec les destinées.
Par contre, un dictateur pense avant tout à lui.
Dans sa tête, il entend ce que dira l’histoire
Et il voit son visage auréolé de gloire
Sur les livres d’école, et ses faits accomplis
Récités fièrement par ces braves petits.
On donnera son nom aux grandes avenues
Et chaque ville aura érigé sa statue
En bonne place.
Mais ce rêve est fugace et les lois de séant
S’effacent, cèdent la place
Devant les lois qui régissent le firmament,
Là où l’ordre du monde est écrit de lumière
En belles phrases d’or où parlent les mystères
Et pour les déchiffrer
Il faut les éprouver,
Quand les affres de la souffrance
Mènent enfin à l’endurance
Et à la prise de conscience
Qu’il existe vraiment de grandes vérités,
Oui ! mais que c’est en soi qu’on trouve leur clarté.
Je voulais être dictateur,
J’ai pris la tête de la course,
Je suis passé sous les clameurs
Mais j’ai présumé de mes forces ;
Et le nombre m’a rattrapé,
J’ai couru comme un éclopé,
Et chaque tour n’en finissait pas de finir.
Quelle leçon pour l’avenir.
Si vous avez lu ce poème jusqu’au bout,
Alors, vous avez de l’endurance.
Vous avez su passer outre la lassitude
Passé de séquence en séquence
Pour parvenir enfin au bout de cette étude,
A bout de souffle, mais content
D’être allé jusqu’au dénouement.
Et si ce récit coule en vous comme une source,
Alors, je vous invite à faire d’autres courses.
(A lire après coureur de fond pour comprendre ces deux derniers paragraphes)
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