Hymne à la poésie
Je dis : la poésie exprime un état d’âme :
Au repos, l’âme s’ouvre et reçoit les accents
Le flux silencieux vivant au sein des choses,
Les insufflent en nous. Tout un monde descend.
Je dis : en toute chose une essence est enclose
Qui, par la force d’âme
S’évapore et s’enflamme
Et c’est alors ce feu qui échauffe nos sens.
Là, le temps d’un éclair s’impose une évidence.
Tout un enchaînement d’images sans rapport
Mais que l’on peut lier dans une poésie
Dont on entend les mots qui servent de support
Défilent dans la tête et comme par magie
Distillent leur essence,
Et par leur désinence
Aident à déchiffrer le code d’un trésor.
Que n’a-t-on point écrit sur le vers et la rime !
Qu’il y a le poète et puis le rimailleur.
Celui là ferait mieux d’écrire de la prose,
De regarder le ciel ou de planter des fleurs,*
Rimes de remplissage, inutile overdose
Qui sent la frime*
Qui nous déprime.*
Je crois honnêtement qu’il faut creuser ailleurs.
On dirait, pense-t-on, bien, ce que l’on veut dire
En employant les mots qui décrivent le mieux
L’idée ou le concept qui vient de la pensée,
Explicite et concret, sans propos vaniteux.
La rime ne serait qu’une pièce brodée
Qui sert à nous séduire
Et à faire reluire
Ce qui sans elle aurait un aspect trop rugueux.
D’autres disent ceci : celui qui est habile
A manier la rime est alors dérouté
En dehors de son but, de son idée première,
C’est son art qui conduit ; il se sent emporté
Et ne sait plus comment revenir en arrière
Car elle est difficile
Cette tâche subtile :
Faire fleurir l’esprit dans la réalité.
La rime agit en guide, elle est comme une étoile
Qui perce d’un nuage et donne rendez-vous.
Par amour, on la suit, d’autres étoiles naissent
Pour nous tendre la main, nous rendre sûrs de nous,
Et l’on est étonné des mots qui apparaissent
Tout en rimes duales
Justes et musicales
Déclinant nos propos, leur face, leurs dessous.
Je dis : la poésie est preuve de la vie
Donnée à toute chose au jour de Création
Et l’ineffable muse en est l’inspiratrice.
Au début, tous les mots étaient en gestation
Puis ont été liés aux forces créatrices
Dans la même harmonie
Et le même génie
Qui président aux lois des divines actions.
Ainsi, le vrai poète est celui qui retrouve
Par les rimes, les mots, les lois de l’univers
Tels que leurs vibrations imprègnent de leur vie
L’âme de l’auditeur en passant au travers
Des murs, des préjugés, et lui donnent l’envie
De chercher ce que couve
Ce langage qui prouve
Que d’édifiants secrets résident dans les vers.
Bien sûr, le chant des mots, leur rythme, leur cadence
Ne font pas que sonder les belles profondeurs
Du ciel, des océans, ou nous montrer la voie.
Le beau, la fantaisie et les élans du cœur
Les mots pour leur seul jeu, le chagrin ou la joie
Mènent aussi la danse
Déclinent les nuances
D’une onde qui chatoie, irisant nos humeurs.
Mais les spasmes des sens, de l’âme et des entrailles
Doivent faire jaillir l’engagement ou l’art,
Tels le feu d’un volcan, l’eau d’une source vive.
Alors, je dis ceci : émanant d’autre part
Que de nos sens obtus, l’inspiration arrive
Entre en nous un instant, car c’est un feu de paille,
Mais que l’on peut nourrir pourvu qu’on y travaille,
Et l’assiduité à chercher ces parfums
Nous fera pressentir que, comme une eau de pluie
Imprègne notre terre et fait germer les grains,
Quelque chose entre en nous comme une symphonie.
Et nous devons la déchiffrer.
Et si la création allume en nous la joie,
Sa manifestation est comme un lot commun
Que ressentent aussi « nos chères voix intimes ».
C’est un peu dans ce sens qu’un poète germain**
Put écrire ces vers célèbres et sublimes :
« joie, ô joie, fille du vieil Empyrée
flamme prise au front de Dieux ».***
· ces trois vers sont un exemple de remplissage inutile
** Schiller
*** l’hymne à la joie.
Textes protégés par © Copyright N° 79Z516A
Cliquez sur mon grimoire...
Mes poèmes sont là !