Retrouvailles

Retrouvailles


Un réveil dans le noir, un sentiment étrange,
Je me sens plus léger, aussi léger qu’un ange.
Je tente un mouvement, le corps ne répond pas,
Il est comme engourdi par le froid du trépas.
Mais l’esprit se débat, s’affranchit des matières,
De ce corps immobile et des mètres de terre.
C’est enfin les rayons d’une lune secrète
Eclairant froidement une stèle discrète.
L’inscription est si fraiche et le nom familier,
C’est ma vie disparue, souvenirs oubliés.
Comment ai-je crevé ? Je ne saurai le dire,
Ma chair est enterrée, mon âme peut s’enfuir.
 
Durant plusieurs années, elle est partie sans peur
Dans la quête insensée de retrouver sa sœur.
Tant de mers survolées, de pays parcourus,
Jusqu’à ce jour béni où elle est apparue !
Attiré à Milan, au cœur de La Scala,
C’est là que je trouvais ma sublime diva.
Au centre de la scène, en ton chant délicieux,
Ta voix tombe du ciel comme un présent des dieux.
Je n’ai plus de larme et j’ai perdu mon cœur,
Je ne suis qu’un esprit saisi par la douleur.
Je te vois et t’entends, ô vaste transcendance,
Mais ton regard ne peut me voir qu’en transparence.
 
Je sens ton compagnon assis à mes côtés,
Les yeux luisants d’amour et emplis de bonté.
Des œillades pour lui, le beau joueur de luth,
A moi l’indifférence, emblème de ma lutte.
 
Quelques heures ont passé, le concert est fini,
La foule dispersée, admirateurs enfuis.
Enfin, nous sommes seuls, dans ta chambre d’hôtel,
Mais tes yeux sont figés en tristesse mortelle.
Ce livre que tu tiens, je crois le reconnaître,
Il fut écrit pour toi à l’encre de mon être.
En lisant mon amour, un diamant à chaque œil,
Tu me redonnes vie à travers ce recueil.
Entends-tu chère Âmie ? Non, je ne suis pas mort !
Et pour l’enterrement, ce n’était que mon corps !
Allons ma tendre Âmie, pourquoi ton cœur est lourd ?
En toi vivront toujours mon âme et mon amour.
Nos âmes réunies résisteront au temps,
Quels que soient les soucis, je serai dans ton sang !
Douce demoiselle, sèche ces yeux meurtris,
Rejoins ton compagnon qui t’attend tout transi.
 
Je veillerai sur toi chaque jour et chaque heure,
Et l’on verra la nuit s’aimer nos âmes sœurs
A l’ombre de Morphée, dans la douceur d’un rêve
Qui, face à la douleur, est la plus belle trêve.

Merci pour ce partage Oiseau Lyre.
Je me suis laissé complètement happé par ton récit qui est d'une grande beauté, bien écrit et très touchant.

je me permets de te pointer trois vers sur lesquels j'ai buté:

"Au centre de la scène, son chant est délicieux," -> 13

"Je n’ai plus de larmes et j’ai perdu mon cœur,"

"Ô douce demoiselle, sèche ces yeux meurtris," -> 13

On m'a conseillé, il y a quelque temps, sur ce forum, d'éviter les terminaisons féminines à l'hémistiche si elle ne sont pas élidées, dans la mesure où elles peuvent alourdir le vers et interrompre le rythme.
Ayant trouvé ce conseil précieux, je me permets de faire passer le mot.
Le second vers pourrait aisément être reformulé ainsi "Je n’ai plus une larme et j’ai perdu mon cœur,".

Je m'excuse de cette intervention, symptôme d'un formalisme obsessionnel, qui ,cependant, ne m'a pas empêché d'apprécier tes vers et d'être ému par leur beauté.

Amicalement,

Atsen

Bonsoir Atsen, 
Il n'y a point d'excuses qui tiennent, bien au contraire ! 
Je te remercie très sincèrement pour ce retour constructif et bienveillant !
Je suis très touché que mes vers t'aient plu, malgré le fait qu'effectivement je suis un piètre stylistique et que le formalisme poétique est loin de m'être acquis, en dépit de certains efforts en la matière.
J'ai appliqué ta suggestion de correction de vers et j'ai regardé pour rectifier les deux autres vers bancales. A voir si c'est mieux désormais, plus fluide et agréable.
Merci encore pour tes remarques très pertinentes et ton aimable message.
Bien amicalement,
Oiseau lyre

Un très beau poéme et un très beau partage qui prouve le bien fondé de ce forum du quel je suis trop absent.
Merci à vous deux.
Amicalement

Envoyé depuis l'appli Topic'it