Et les genoux pliés

22h52


Et les genoux pliés

Et j'avais vingt cinq ans, les yeux dans les nuages
Ébouriffée la vie de tous ses avantages
Tel aimer ou survivre ou survivre d'aimer
Comme en bien des huis-clos l'on ne sait l'aventure
Où même l'on aima, à jamais, la nature 
Et ses choses de rien – par toujours - essaimées !

Et j'avais dans la tête l'ignorance du monde
Rejetant de partout déjà la chose immonde
Aux blessures des vies divisées de partout
Comme chantait Ferrat d'Aragon la blessure
Où je me retrouvais bien qu'Ils furent censure
Et dont je fus un rien projeté de partout !

Il advint qu'à mon pas, mon pas fut de travers
Et j'avais vingt-cinq ans – déjà vieux le trouvère -
Ou peut-être innomé par les chants des faubourgs
Lorsque l'on ne sait pas comment s'écrit la vie
Lorsque l'on ne sait plus si l'on a des envies
Quelque part en des lieux si parfumés d'amour !

Et j'avais vingt-cinq ans, il advint sur ma route
Un triste paysage évoqué sans un doute
Une façon de faire écrite par les lois
Et de m'en détourner cela fut impossible ;
J'étais l'homme curieux comme j'étais la cible
Des gens d'armes pourvus de leur médiocre foi !

Si je fus indigent et si je fus poète
En cet instant précis où l'on me dit : Vous êtes
Et cerné, et coincé, rendez-vous, arme à terre...
Moi j'avais vingt-cinq ans et j'aimais les saisons
Mais en ce pauvre instant, je ne pus que me taire
Et les genoux pliés, je connus... la prison !

Alain Girard

23h24