Cette nuit aux heures si lentes

La nuit j'ai respiré, languide aux heures lentes,
Ce parfum envoûtant qui montait du jardin,
J'ai entendu le vent qui caressait les plantes,
Affolant aussi rameaux et piques du jardin.

Le jour, sur le Vercors d'un mauve radieux,
Naissait à l'horizon, et la nuit chancelante
Perdait de sa noirceur en libérant les cieux,
Pour ce retour doré, de clarté insolente.

Je trottine pieds nus sur mon parquet ciré,
Et vais à mon balcon voir la voûte céleste,
Mais avaient disparu, Vénus et puis Circé,
Quand j'accueillis alors une senteur agreste.

Deux roses avaient fleuri, couleur de flamme ardente,
Et s'épanouissaient dans le petit matin ;
Le pampre qui grimpait, de récolte abondante
Finissait de couvrir de pruine mon raisin.

Pour mon jardin touffu j'implore enfin l'averse,
Qui gorgera le sol et gonflera les fruits,
Car depuis quelques jours, une chaleur perverse
A jauni mon gazon, sans le secours d'un puits