La goutte d'eau

La goutte d'eau

(À toi, qui me lis)

Je suis très minuscule, même élémentaire,
Offrande sublime de force créatrice,
Car de mon existence est la vie tributaire,
Et toute la nature sort de ma matrice.

Je voyage beaucoup, parfois en solitaire,
Comme joyau précieux tel perle irisée,
Trémule au coin de l’œil, ou sur un nectaire,
Qu’Hébé va recueillir pour l’ambroisie rosée.

Plus souvent il est vrai, j’agis en téméraire,
Et avec mes consœurs je forme une armée,
En devenant puissance, élan planétaire,
Éloquente et ardente, métamorphosée.

Dans les lieux très au nord, dans le cercle polaire,
Je suis alors banquise, grande mer glacée,
Et en descendant miroir de la voûte stellaire,
Tranquillité de lac, ou rivière argentée.

Si le vent me taquine, je suis l’émissaire,
Qui tambourine fort, de la soudaine ondée,
Ou l’embrun qui fustige de façon volontaire,
La face des marins sur la mer agitée.

À la fraîcheur du temple, dans le baptistère,
Sous le tendre regard de la mère dévouée,
Je transforme le sort de vie transitaire,
En promesse d’avoir du paradis l’entrée.

Mais l’humain impudent, cruel et velléitaire,
M’a partout polluée, brimée, fragilisée,
D’océan en ruisseau, ce méchant locataire
De la planète bleue ma mort a édictée.

Je suis la goutte d’eau, petite, élémentaire,
Ne t’ai-je pas servi, année après année?
Prends donc bien soin de moi, tu es le légataire,
De la source de vie que les Dieux t’ont donnée.

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La goutte d'eau Liv%20(5)

Il y a plus de mystère dans un grain de sable que dans tout le savoir humain

Il y a deux choses infinies: l'Univers et la Bêtise Humaine...mais pour l'Univers, je n'en suis pas emcore certain. (Albert Einstein)