Boughmiga le néanderthalien réutilise
les bifaces après 20 000 ans
Cette fois ma
vadrouille irrésistible me mena assez loin, sur une colline immense où j’ai
trouvé quelques silex manipulés maladroitement par l’homme primitif. Avec mon
grand chapeau de paille mexicain ou plutôt Djerbien, mon sac de toile contenant
une bouteille d’eau pour palier à cette chaleur torride, mon Djellaba marron
que je mettais en fonction de mes
besoins d’ombre ou d’aération, je récoltais des bifaces et des pierres polies
par l’usage. Quelques aboiements lointains me parvenaient des huttes de berger à peine visibles. Bien
sur, comme un bon ami de la terre et du vivant, j’observais et profitais de la
réflexion du soleil sur les tessons, l’érosion de la surface de la terre par le
vent, la grêle, l’écoulement de l’eau de pluie, le grattage du sol par les
pattes animales, les excavations des rats, des lapins, des renards, … et sur
une moyenne de trois kilomètres de marche je trouve toujours un objet assez
intéressant. Au préalable, je jauge le
terrain et entreprend de le séquencer dans ma tête pour le ratisser en rond, en
diagonale ou par portions, en fonction
de la position du soleil et la direction du vent. Cette fois, le butin
est maigre et en plein sommet de la colline, j’ai eu le besoin de pisser un
coup, sans jamais penser que j’étais observé par les maitres de la place, car
une minute après une horde de chiens, qui auraient vu mon geste malencontreux
et le prirent pour une main mise de ma part sur leur espace naturel, m’entoura
en aboyant très fort. « Naturellement », comme un bon ami des animaux,
j’ai essayé la persuasion, les sourires, les grimaces, les
« accolades » gestuelles, les engueulades, … rien à faire. Ils
étaient sept chiens, dont quatre grands deux moyens et deux jeunes et tous se
relayèrent à tourner au tour de moi en cherchant une percée vers une partie
sans défense de mon corps. Le plus gros
qui était le plus inquiétant cherchait visiblement à se positionner derrière
moi, pour profiter d’une occasion de faiblesse et jouait sur le facteur temps
et l’usure de mes forces. Malgré le fait de tournoyer mon sac postal contenant
les pierres pour en faire un écran aux attaques des chiens, j’ai remarqué
qu’ils ont assimilé le mouvement et venaient au creux de la parade quant le
projectile balayeur est juste parti vers
l’autre coté. C’était devenu sérieux et
même dangereux et il n y avait nullement de possibilité de refuge ni de
secours et il fallait que je me
ressaisisse et je pris promptement une colère monumentale à la hauteur de mon
instinct néanderthalien et comme le premier homme à découvrir l’usage de la
pierre, pivota sur moi même dans un grand cri sauvage et pris du sac un bifax
que j’ai envoyé avec force vers le plus grand chien qui tournait rapidement
autours de moi. Comme dans un tir sur une cible mobile, la pierre effleura sa
patte de derrière et il partit en « chialant » avec un cri aigu de
douleur, que j’ai exploité psychologiquement à mon avantage pour lancer une
autre pierre sifflante et engager une
contre attaque « blitz » en courant derrière toute la horde en criant
ma colère et me rage. J’ai voulu même les poursuivre jusqu’au berger pour le
blâmer de sa passivité mais de loin, j’ai vu à l’horizon sa silhouette
s’appuyant sur un bâton et paraissait
vieux donc j’ai évité une confrontation infructueuse.
Ouf, enfin,
c’était juste et l’incident passa sans blessures à part une douleur au niveau
du rein gauche qu’un médecin, il y a quinze ans, m’avait dit qu’elle ne
fonctionnait plus, mais Boughmiga le néanderthalien, les avait envoyé balader
tout les deux, le rein et le médecin.
Ainsi, la
retraçabilité des effets de l’instinct animal, dans toutes ses formes, a été
claire et manifeste, dans une consécution des réactions légitimes pour la
survie et la sécurité. Les chiens se battaient pour leur territoire, les
oiseaux criaient et piquaient sur moi avec leur crotte chaque fois que je
m’approche du lieu de leur nidification, … et l’anthropocentrisme humain s’approprie les droits des autres
espèces et accumulent à son profit des avantages désastreux pour l’équilibre
naturel et la préservation des espèces. Ses avantages généralement iniques et
sur proportionnés, sont aussi à l’origine des conflits et les guerres entre les
hommes au point de craindre au devenir de l’humanité.
Mais,
Boughmiga le néanderthalien, n’entre pas dans ce jeu macabre et ne s’approprie
rien, ne dérange pas les espèces, car il considère qui tout lui appartient et
il appartient en entier à cette symphonie de la vie et son créateur.
Mais, quand même il a appris une fois pour toute, à ne plus se
« libérer les vessies » n’importe où !!! Par respect à
l’instinct de « l’autre » et il a appris aussi, qu’il reste en lui
toujours cet homme primitif, qui par la découverte ordinaire de la pierre, a pu
surpasser sa faiblesse naturelle par rapport aux autres animaux, et sur cette
base, a pu dominer le monde à partir de ce petit geste de défense par le bifax.
Lihidheb mohsen Eco artiste
4170 Zarzis le 13.08.2009
http://art.artistes-sf.org/mohsen