Madame Bonhomme

- Madame Bonhomme, ouvrez-moi vite !
Le maire frotte ses chaussures mouillées sur le paillasson et reprend son souffle. La porte s’ouvre sur le visage rubicond de Madame Bonhomme, ses cheveux blancs en bataille. Elle s’essuie les mains sur son tablier de cuisine.
-Qu’est-ce qui s’ passe, M’sieur le Maire ?
-C’est votre mari, Madame Bonhomme. Mettez vos chaussures, et suivez moi.
-Ben quoi, qu’est-ce qu’il a mon mari ?
-Il a fait un malaise. Allons, dépêchez-vous.
Madame Bonhomme est immédiatement dans la rue en pantoufles. Tout en trottinant pour suivre le maire qui marche d’un pas rapide, elle se recoiffe sommairement en se passant la main dans les cheveux. Elle arrive sur la place, les gens attroupés s’écartent pour la laisser passer. Son mari est allongé par terre, le visage livide, les yeux grand ouverts. Elle s’agenouille.
-Robert, mon Robert !
Et elle se met à le secouer avec des mots qui ne sont plus que des cris.
Mais déjà on entend la sirène du SAMU, et les pompiers approchent un brancard et y installent le corps inerte.
Madame Bonhomme ne veut pas laisser son mari partir sans arranger un peu sa tenue, elle enlève le journal qu’il tient encore serré dans sa main et puis aussi ce bout de papier qui dépasse de son autre main crispée.
Finale 1
Pendant que l’ambulance s’éloigne, elle jette un coup d’œil à ce papier qu’elle a ramassé, le déplie, mon Dieu, c’est un billet de loto. Elle est soudain saisie d’un pressentiment, ouvre le journal à la dernière page, compare les numéros et tombe lourdement inanimée sur le trottoir.
Finale 2
Elle reconnaît immédiatement un billet de loto et comprend dans un flash quelle émotion a tué son mari. Alors cachant une folle envie d’exploser de joie pour ce double cadeau elle s’adresse au médecin d’une voix déchirée à fendre l’âme :
-Il est mort, n’est-ce pas ?

tu est trop fort toi

tres sensible sa dame