Mise à mort

Dinguerie d'un réveil inutile. Mon dos, lui n'a pas attendu la sonnerie. Il s'est éveillé déjà tôt , avec sa lancinante douleur d'un rêve éclaté. Merde, même dans la boite le capiton double ne sera pas suffisant. Je tire ma carcasse usée par tant de voyages, tant de supplices infligés. Un pas après l'autre, oui surtout l'autre, car ce matin ma jambe gauche traîne un peu, fainéante et indolente. Je me glisse sous une douche chaude bienveillante, pour lisser et apaiser mon passé, sans jamais l'effacer totalement.

Le vent souffle et pousse, le temps s'échappe.

Les mains sur le lavabo, les épaule larges, le dos qui se trace encore. Les muscles ont revêtu un manteau d'hiver, mais ils sont là qui roulent, souvenir lointain d'un guerrier malin. Je lève les yeux doucement pour me fixer sur cette inverse image. Le bleu est toujours de ciel illuminé. Le sable du temps a griffés quelques sillons. Marques de vie aux charmes incertains, comme cette ligne qui barre mon font d'avoir, peut être, trop réfléchit.

Le vent souffle et pousse, le temps s'échappe.

Au fond de ces yeux, j'y vois pourtant la vie, forte et de résistance osée au sablier des jours. Je refuse ma mise à mort. Pied de nez à Chronos, le messager de la dame Camarde. Tiens, je me demande ce qu'il a comme montre le père du temps. Lui qui est marié à Ananké, la fatalité, je ne me sens nul envie de le copier, car au fond de mes yeux, j'y vois surtout de l'amour, brillance étoilée qui donne à mon sang, une jeunesse éternelle. Des palpitations juvéniles qui me donne l'envie de courir, sauter, croquer, sourire et aussi pleurer. De vivre.

J'ai choisi ma mise Amore

Le vent souffle et pousse, j'échappe au temps.

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