Orpheline

En quatre-vingt-quatorze une rime orpheline
Tarit tous les efforts à trouver l’utérine.
Une sœur à rimer, ce n’est pas suffisant
Se verrait périmée, dès le premier instant.

Elle a ce goût de mors à ces cordes vocales
Étalons ces remords à plus grandes focales.
Ses révoltes aux sons, sa patrie d’insurgée
Dont elle est singleton, se veut désaliénée.

Que peut un couple alors à ses rêves de gloire
Chez toi sera dehors à jamais ton histoire.
Tu n’as pas mérité ce souffle d’agonie
D’être déshéritée, je te songe endormie.

Mais pas de réconforts ils me sont assourdis,
Pas plus que de sabords aux rêves obscurcis.

Du haut de la corniche ai-je un autre horizon.


J’aurai d’un pied de biche à faire ces liaisons.

Très belles rimes dedans dehors... partout cette nostalgie de la rime qui se lamente...

Il y a un travail fou sur la forme , mon cher David, que sur le sens (est-ce de la métapoèticité ?)

Comme dit Nandy et je surenchère , l'actant de ton poème c'est cette rime ( "orpheline"?).
Certes la rime exerce une fonction d'association par les couplages qu'elle assure des mots associés par leur correspondance phonique et par la tension qu'elle établit entre leur parallèlisme en leurs rapports de forme ou de sens .D'où les règles pratiques et jugements qui président à leurs relations lexicales (problème de la rime facile) sémantique (problème de la rime banaleet de fécondité des rapprochements) voire syllabique (problème de l'iso ou de l'hétérométrie des mots de rime)

Tu as su styliser cette figure poètique à ta façon

Ex
Elle a ce goût de mors
Étalons ces remords.
Ses révoltes aux sons
Dont elle est singleton,

Beau travail sur les hémistiches

Je m'attendais à ce que tu actualises un vers léonin
"Pour en venir à bout // mes moyens les plus beaux (Corneille)

Remarque : ne pas confondre "vers léonin" et "rime léonine"
Rime léonine : deux sens, l'un concerne la qualité phonique de la rime, l'autre , la succession des rimes dans le poème.
Qualité phonique: la rime léonine est une rime dont les homophonies s'étendent sur deux syllabes, la tonique prosodiquement finale et la pénultième (on dit aussi rime double).L'extension du terme "rime léonine"reste indécise.

C'est ce qui m'est resté après avoir tout oublié (Selma Lagerlof) des cours universitaires .Ah la belle époque !
J'espère que je dérange personne en étalant mon érudition" comme dirait un eventuel troll.
Non , je parle pour enrichir les autres et les sensibiliser à l'attention qu'il faut porter aux mots , aux structures phrastiques dont on fait usage pour écrire de la belle poèsie.
Dailleurs nous sommes dans un ATELIER et on apprend tous
Moi j'ai appris beaucoup de choses dans ce forum

DAVID ON APPREND BEAUCOUP DE CHOSES AVEC TOI

Merci Tigresse et Walido !


Quatorze est un mot unique en français, aucun autre mot ne se finit avec la même sonorité "orze", c'est ce son l'orpheline du poême.

C'est devenu un défi, enfin une fatalité jusqu'à ce poême, je me renseignais de droite et de gauche, mais rien à faire, "quatorze" était bannis, injustement, de Poesie, et "orze" n'était qu'un son peu aguicheur...

La poesie, enfin la rime avait ce mot tabou, sans frère: "quatorze", je trouvais cela intolérable et enfin j'ai trouvé...

Je n'en connaissais pas le nom, merci Walido, c'est par le biais du vers Léonin que je trouvais la clef de l'énigme: la rime à l'hémistiche

"Quatorze" peut donc rimer à l'intérieur d'un vers

Ses frères sont tous les mots en "-or", "ort", "-ord", "-orp", au pluriel et suivis d'une voyelle pour prononcer le son "z" grâce à la liaison !

Comme une rime s'efface quand suit l'autre, comme on s'époumonne à vouloir une perfection inaccessible, c'est souvent que je bute, que je m'écartèle les plumes pour qu'enfin un mot ou une liaison me plaise !


J'ai peur souvent de mes mots, parce qu'ils apportent souvent leur lot d'inexactitude, mais bon, j'ai appris à renoncer et leur laisser dicter leur loi !

Un texte aux termes recherchés, et un plaisir à vous lire.

A bientôt, sur d'autres rimes ou d'autres proses.

Re-création.

débat très pertinent... où j'aime aller y perdre ma plume... j'aime ton résonnement cher David et j'ai même consulté mes bouquins et j'ai retrouvé ce que tu as dit... choses auquels je n'avais pas pensé... fort interressant en tout cas... amitié de LIBELLULE.