Les fées
Il était une fois…
Que de fois vous avez entendu cette phrase. Elle vous ennuie peut-être, elle vous agace sans doute. Moi elle me fait frémir de plaisir. Car elle est annonciatrice de découvertes.
L’histoire que je vais vous conter aujourd’hui est très simple : c’est une fée qui me l’a dite. Elle était belle la coquette.
De longs cheveux noirs et des yeux joliment dorés, elle s’est assise tranquillement sur mon épaule pour que mon oreille écoute sagement l’histoire qu’elle avait à dire.
Moi j’aime bien la voir arriver cette jolie fée. Toute menue dans sa courte robe verte, elle n’est pas plus haute que mon doigt mais bien plus intelligente que moi.
A chaque fois, elle me raconte des histoires que mes mains retranscrivent. Des fois, elle est fatiguée alors l’histoire n’est pas forcément formidable mais j’aime tout de même l’écrire. Aujourd’hui je la vois arriver par la fenêtre ouverte, l’Irlande lui va bien. Elle a les joues rosies par le bonheur et les embruns de la mer. Elle me sourit et je ne sais pas si l’histoire sera de toute beauté mais je sais qu’elle me passionnera.
« Connais-tu, me dit-elle, les origines de mon peuple ? »
Je souris et lui dit non. Elle a une grande attente avant de me conter son histoire. Je ne la brusque pas en la pressant car je sais qu’à un moment où un autre elle se décidera à me parler.
Elle joue un instant avec ses ailes transparentes comme l’eau et fragiles comme le verre. Ses pieds s’agitent, c’est signe que mon stylo va bientôt se mettre à écrire.
« Il ya très longtemps de cela, un papillon s’ennuyait beaucoup. Il était assez différent des autres à vrai dire. Bien plus beau, bien plus intelligent. Tous les siens l’avaient chassé car ils paraissaient laids à ses cotés.
Le papillon errait donc tristement. Soudain il vit une jolie papillonne presque aussi belle que lui. Ils se sentirent attirés et eurent de nombreux papillons-bébé qui étaient beaux comme des petits soleils. La famille aimait voler. Voler toujours plus haut et plus encore.
Mais leur soif de voler leur apporter malheur et bonheur un jour. Un oiseau sournois leur conseilla d’aller rendre visite aux étoiles.
- Mais c’est trop haut pour nos ailes ! S’écria un des enfants.
- Bien sûr que non, répondit l’oiseau. Mes ailes m’y portent. Les vôtres sont plus elles, elles le doivent certainement !
L’oiseau mentait mais le compliment ne fit qu’exciter la famille qui décida d’aller à la rencontre des étoiles.
De longs jours passèrent. Ils commençaient à être fatigués d’aller toujours plus haut mais ils avaient beau continuer, les étoiles semblaient toujours s’éloigner.
Jusqu’au jour où…
Ils commencèrent vraiment à atteindre les étoiles.
Leurs ailes commençaient à brûler par le froid de l’espace, leur tête tournait et ils sentirent la vie s’enfuir d’eux. Trop tard, bien trop tard pour ces pauvres créatures. Mais avant de donner leur dernier souffle, ils touchèrent les étoiles.
Alors ils se métamorphosèrent en de jolies fées brillantes comme des étoiles et ayant des ailes comme les papillons.
Ces nouvelles créatures descendirent sur terre pour contempler la nature car elle les appelait depuis longtemps déjà. Là, ils volèrent à ne plus en finir afin de découvrir toutes choses dans le monde. Ce qui les intrigua le plus fut : un bébé humain. Il était mignon avec ses pieds potelés et ses grands yeux rieurs.
Une des fées décida de devenir sa gardienne. Mais, timide, elle préférait agir en secret et jamais cet humain ne sut qu’une créature féerique l’accompagnait.
Les autres fées virent que c’était une bonne chose et choisirent chacune un humain. Entre temps, d’autres papillons étaient nés étrangement beaux et se sentaient appelés par les étoiles. Ils rejoignaient ainsi la race des fées.
Bientôt, il y en eut tellement que tous les nouveau-nés de la terre eurent leur propre fée. Et les nouvelles fées qui descendaient sur terre attendaient la naissance d’un nouvel enfant à venir.
Et la vie continua ainsi et pour toujours. »
Ma petite fée ferma la bouche et sourit.
- Cette histoire te plaît-elle ?
- Je pense bien, dis-je en tendant mon doigt pour qu’elle s’y pose. Mais pourquoi as-tu décidé de te montrer à moi depuis quelques années ?
- Car je suis ta muse et ta vie était bien triste sans mes histoires alors me voici.
Et la fée partit comme elle était venue, belle et indépendante. C’était elle qui venait à moi mais je ne pouvais jamais la faire venir à moi-même.
Maintenant, je laisse mon stylo en espérant que ma fée ne tardera pas à revenir pour me conter encore de nouvelles histoires…
Septembre 2007
LES LITTÉRATURES
Sujet: Les fées 
