Noël est un jour où la vie peut vous jouer des tours.
Comme dans chaque maison où il y a des enfants, chez Lucie, Noël devrait être un jour de joie.
Depuis que le papa est mort dans un accident de la route, Lucie n'a pas tous les jours une vie d’insouciance, même que quelques fois elle pleure car son papa, qui était le plus gentils des papas au monde, lui manque terriblement.
Lucie a huit ans, elle va à l'école, n'aime pas les vacances parce qu'elle a beaucoup de temps libre où elle s'ennuie toute seule à la maison pendant que sa maman, sans CDI, un contrat de travail à durée indéterminée, est obligée de s'absenter à n'importe quel moment, pour aller travailler là où l'agence par intérim l'envoie, souvent pour un remplacement de dernière minute, elle ne peut refuser, c'est le seul argent qu'elle arrive à gagner de temps en temps, et les temps sont durs.
C'est l'époque de fin d'année, depuis quelques jours la tristesse ne quitte pas le visage de Lucie qui reste seule jusqu'à très tard chaque soir.
Pour les fêtes, Nathalie la maman de Lucie, travaille en extra pour un grand magasin de jouets, elle doit s'occuper des rayons de jouets, veiller à ce que les jouets soient rangés par catégories à porté du regard des enfants et parents qui s'attardent nombreux, prenant un puis un autre, les déplaçant sans les ranger, son travail consiste à vendre le plus possible de jouets durant ces jours de grands vas et viens entre les rayon, de remplacer sitôt un jouet vendu, jusqu'à épuisement des stocks. .
Le soir quand Nathalie rentre à la maison, elle embrasse sa fille, lui fait un câlin et épuisée elle s’endort sur le canapé.
Le soir du vingt quatre décembre, Nathalie travaille et est un peu dans les nuages, elle a une baisse de moral à la pensée de rentrer à la maison, de passer son premier Noël sans le papa de Lucie. Mais surtout de ne pouvoir offrir à sa fille, un de ces jouets dont elle a la charge.
Le tourment qui la ronge la fait être dans les nuages, elle traîne entre les rayons de jouets et l’entrepôt, machinalement elle charge les caisses d'où elle sort les jouets au fur et à mesure qu'ils se vident de leurs rayons, puis un moment plus ailleurs les larmes aux yeux, tout comme si elle était ailleurs, elle ne voit pas que les rayons se vident, alors qu'elle devrait les remplir au fur et à mesure.
Comme absente de la réalité, elle entend au loin, comme un écho, des ho ho ho, c'est Jacques dans le rôle du père Noël qui est là comme Nathalie en extra, pour un extra, travaillant au magasin ces jours de fête, rôle qui consiste à prendre les enfants sur ses genoux pour des photos souvenir, que les parents s'empressent d'acheter.
Monsieur Martin, le chef du personnel, vient à passer pour voir si tout est comme il se doit d'être, il se rend compte qu'il y a des rayons qui sont vides et d'autres presque vides, il s'adresse à Nathalie d'un air grognon, et lui dit.
Mademoiselle, votre travail consiste à ce que les rayons soient remplis, et non pas à rêvasser.
Nathalie, désolée s'excuse et reprend son travail, jusqu'à onze heures trente minutes, l'heure du départ de tous les employés.
Au moment d'aller chercher son argent, Monsieur Martin lui dit :
Vous avez fait perdre de l'argent au magasin, ne remplissant pas les rayons comme il était convenu, je retiens un tiers sur votre salaire.
Mais ça fait un jour sur les trois, s'il vous plait monsieur, j'ai une fille qui compte sur moi.
Fallait y penser avant.
Il est tard, minuit passé, quand Nathalie rentre chez elle où sa fille l'attend, elle cache ses larmes, sourit à sa fille la serre dans ses bras et prépare le maigre repas qu'elles s'offrent, un bol de lait chaud sucré au miel, une tartine beurre et au miel, et une pomme pour chacune.
Au moment d'aller se coucher, Lucie demande :
C'est quand que le père Noël arrive ?
Cette nuit, mais il faut aller dormir et éteindre les lumières sinon il ne s’arrête pas.
Avant d'aller se coucher, Nathalie pose un paquet devant la cheminée éteinte, le bois coûte cher et la cheminée est plus un objet de décoration qu'utile.
Il est neuf heures du matin, Lucie se lève, sa maman est à la cuisine, elle se fait un thé de thym et un chocolat chaud pour sa fille, pour aller au salon Lucie doit passer par la cuisine, elle embrasse sa mère et court au salon voir si le père Noël est passé.
Tremblante d'excitation Lucie hurle, maman, maman, il est passé, il y a un cadeau dans ma chaussure devant la cheminée.
Ouvre-le, dit Nathalie, il est pour toi.
Nerveusement Lucie déchire le papier qui entoure et découvre une poupée de chiffons et un kiwi.
Regarde maman comme elle est belle, elle a la même robe que tu m'as fait à moi pour Noël, elle est belle maman, regarde.
Toute à sa joie, Lucie ne voit pas les larmes qui coulent sur les joues de sa maman, joues qu'elle essuie d'un revers de sa main.
Alors que le petit déjeuner est pris, Nathalie en lavant les bols, par la fenêtre devant l'évier, voit le portillon de son jardin ouvert, ce n'est pas normal, elle l'a bien fermé en rentrant.
Nathalie sort pour le fermer, et oh surprise, elle trouve devant sa porte, un filet avec des provisions rempli de quoi composer plusieurs repas dignes d'un jour de Noël pour elle et sa fille.
Nathalie ne saura jamais, qui est le donateur de ce présent de Noël.
Nandy
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