Le poète – s'il fut – finira silencieux !

Le poète – s'il fut – finira silencieux !




Si la vie, de mes cris, protège notre amour
Au plus profond de moi comme en nos alentours
Lorsque, divinement, nous marchions sur la terre
En des lieux interdits où nous savions nous taire

C'est que – par tous les mots que j'ai semé pour rien -
Pour donner un espoir, moi le pauvre vaurien
Qui croit encor offrir un geste de tendresse
Et n'a plus qu'en retour le chant de la détresse ;

C'est qu'il se pourrait bien qu'à mon âge, aujourd'hui,
Comme de tous mes mots l'on calcule, on déduit
Et même ma rimaille ne sait plus son lieu ;
Le poète – s'il fut – finira silencieux !

Alors, Ma Chère Amie, qu'Ici nul ne connaît,
Toi dont la Poésie ne fut que douloureuse...
Mais l'amour qui s'en va et qui – de Toi – renaît
Éveille la beauté quand la neige est poudreuse...

C'est le feu du volcan, l'ombre d'un passager
Qui – bien sûr – à présent – est devenu âgé,
C'est la pluie du matin ou le froid de l'hiver
Qui effacent mes mots dont je faisais des vers !

C'est parce que je t'aime* après tant de saisons
Dont la vie sait les biais et nous plus l'horizon
Comme il reste , en mon cœur, des mots d'amour en pluie
Lorsque tu étais « Celle » et que j'étais... « Celui. »


* allusion à la chanson de Barbara : C'est parce que...


Alain Girard

Le 5 05 2015