Nuits

Les yeux du ciel se sont grands ouverts à la nuit

et nuitamment pleurent longtemps des larmes blanches

qui mouillent le faîte où veille l'oiseau de nuit

l'engoulevent dont le vol est une avalanche.

Le guetteur solitaire du haut de son oeil

ripolin est la sentinelle nyctalope

l'ogre bûcher de lumière qui sur le seuil

savoure les bleuités du monde interlope.

                                    ***

Les persiennes du soir sont un filtre magique

le sort fut jeté tout au fond de la lagune

que forme l'épure ténue d'un clair de lune

où vivent encor de belles lueurs arctiques.

La ville est morte ce soir les rues sont muettes

des lambeaux de lumière subsistent aux murs

entre milles nuits parfois la tendre aventure

allume un songe une nictation violette.

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Névrotiquement, les limbes parcellaires du jour qui se dissèque s'exténuent en altercations contraires et de ce fait bouleversent un peu plus les dernières effluves du soleil alanguit, donnant à ce point d'horizon, vers lequel s'amoncellent les regards captifs du soir, la fureur concomitante des aurores boréales. A cet instant, nombreux sont ceux qui sentent en eux refluer l'ophélie équilibrantes de ces repères cognitifs que l'on dispose ordinairement, et selon une méthode autodidactique, autour de soi. Le regard échaffaude alors diverses conjectures susceptibles de lui révéler les hypothèses les plus inadmissibles du point de vue de la réthorique qui agréée l'ordre des choses. Chacun détient à cet instant sa part entière de vérité. Une nuit catalytique paralyse la ville, des volutes ombelliformes se répandent caressantes et fragiles dans les rues et dégagent un parfum anesthésique qui le long des rues enlace les arbres deux par deux comme des couples d'amoureux qui reluisent au clair de lune. Milles nuits électriques se faufilent entre eux, s'immiscent en eux et secrètent leurs poussières bleues, des baisers, des étoiles filantes, se posent sur des lèvres tristes et font scintiller les yeux de la nuit, puis s'éteignent et se rallument un peu plus loin sur les lèvres qui les ont suivi dans leur fuite.

                                  ***

Ribanbelle
sur le boulevard des pas perdus
la lumière infuse
cristallise autour des hommes sans visages
chacun escorté de son petit miroir
fait sa pirouette sur le trottoir
au gré de la multitude qui se délie
les miroitements du silence
embrasent un crépuscule allogène
un épais brouillard minutieusement dépecé
flotte à l'air libre
au dessus de la chair qui frissonne
des ombres alourdies par des vapeurs de lumière chaude
plombent au sol la nuit acide
avec ses couleurs fugitives qui coagulent sur le ciel cristallin
alentour des rues musicales échangent leur clameur souterraine
se renvoient un écho liminaire
et d'autres chants parallèles
exhument l'horizon

Coté fond : j'aime bien votre style, çà a été une lecture sympathique
Coté technique : J'aime bien le principe de la variation de technique çà me fait penser un peu à la peinture :)

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"Il pleure dans mon cœur, comme il pleut sur la ville." #Paul Verlaine

Une écriture iconoclaste, à la Henri Michaux. La création de mots et surtout la cascade de métaphores forgent un style décalé, surprenant, original et des plus plaisants à lire.

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L.Kazan **

Bravo à vous pour cet écrit. Belle fin de journée. IRIS

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