L'air de l'enfance

L'éther avait enflé en mille teintes grises,
Sous son corps froid et mort, ne roulaient nulles brises.
Tous mes pas résonnaient en ce morbide écrin
Quand bientôt j'atteignais l'orée de mon chemin
J'entrevis dans le morne une obscure battisse
Qui, sous la vétusté, redevenait esquisse
Le spectacle était grand, par sa ruine et son gris
Et le calme y trônait entre chaque débris
Je m'en allais poser la vue en cette place :
Mon cœur y palpitait sous l'oubli et la crasse.
La cour avait perdu cet autrefois joyeux
A ses oies elle avait susurré les adieux
Les vitrages blanchis peignaient sur leurs fronts pâles
De vieux bustes jadis, aperçus dans ces salles.
J'entrais dans la demeure et franchissais l'enclot
Je pénétrais le seuil comme on ouvre un tombeau
Ce fut comme une main qui caresse en arrière
Dans le draps d'un berceau, le regard d'une mère.
Des monceaux de l'enfance habitaient tous ces lieux
Et jaillissaient à moi en mille grains heureux
Ils venaient ça et là, et leur vivante face
Chauffait la ruine entière ; étoiles d'un espace
Je restais là un temps, épandant mes regards
A contempler l'enfant qui courait ces couloirs :
Les rires rosissaient la pointe de ses joues ;
Véritables lotus, fleurs charnelles et floues 
En tout ça je perçus un transport inconscient
Magnifique et vieilli par la rumeur d’antan

De cette douce vue, j'interrompais la stance
À la prompte pensée de ma seule existence,
Souffletante et phtisique sous mille astres morts,
Convulsée et rampante en de vides décors.

Où sont elles passées les câlines soirées ?
Et le feu qui crépite ? Et les âmes aimées ?
Tout ça dort et soupire en des temps moins ténus
Et doucement me dit : "Nous ne reviendrons plus"

C'est un magnifique poème à la Victor Hugo
Très bel écrit !

"Avec le temps, tout s'en va..."

Merci Sandipoètes et Arbre pour vos réponses! (Et pour la gentille comparaison ;) ).

Très bel écrit, Phidias ! Merci pour le partage !

Roger.

Merci beaucoup Roger! :)