Frère distant

Frère distant


Frère, il m’est arrivé de paraître précaire ;
Il m’est arrivé de paraître en tapinois
Étendu sur ce lit que l’on nomme pavois.

Frère, s’il est jamais advenu que salutaire
Je paresse avec les miens, quitte les sous-bois
Par lesquels tu files avec les taupes, coi !

Frère qui remarque bien promptement l’impair
Gagner ces prunelles familières…

Frère qui trouve bien dilatée du matois
L’inopportune connerie, pantois…

Frère, ma douce charité saura te complaire :
Si tes cils doivent tomber quand passe la proie
Embarrasse l’apatride qui fort aboie.

Frère, lève-toi et noie les contestataires
Du haut de ta grandeur, enseigne-leur la loi
Montre-leur ta force, qu’ils découvrent leurs émois !


Frère j’espérerai tranquille la fin de tes conquêtes
Reviens-nous lorsque tu auras fortifié ton corps, ton esprit,
Et que tu jugeras le temps opportun.
Et nous sourirons, ensemble ;
Et nous rirons, ensemble, à la barbe de notre bêtise.
Moquons-nous de nos feintes perspectives
Et, de nouveau, redevenons frères.


Frère…
Te voilà parti…
Me voici en guerre…




Il semblerait que de bons frères en apparence ne puissent s'abriter de quelque connerie intempestive. L'inopportun a tôt fait de vous prendre à revers... [Enfin, à revers... C'est ce qu'on dit, quoi, parce qu'après tout, du "haut de notre grandeur", on n'est jamais assez prévenu. (D'ailleurs, un certain Michel ne disait-il pas, les cheveux au vent, qu'on n'est jamais assis que sur son cul, quel que soit le trône ?)] L'inopportun... Il a beau posséder la faculté de faire grandir - du moins, on espère ! -, il existe tout de même de plus agréables façons de se porter à bourgeon. Mais bon... Il en existe certainement de plus désagréables.

Frère…
Te voilà parti…
Me voici en guerre…

Mais demain comme naguère...
Notre complicité vit
Et grandit sur cette terre...

Frère...
Tu es bien d'ici
et de nulle part ailleurs

Beau poème...
Cordialement
Brahim

Personnellement je n'ai pas tout compris... mais

Ta suite tient la route, cher Brahim !

Pagnolesque, ce que j'adore, avec mes poèmes, c'est de ne les comprendre qu'avec les justifications dont je les pourvois. Je vais te faire parvenir cette version. Annotée, elle devrait pouvoir faciliter ta compréhension. :D:

Frère distant[Ouf ! Y’a au moins ça d’évocateur ! Et puis ça donne le ton ! Ouf !]

Frère, il m’est arrivé de paraitre précaire ;
Il m’est arrivé de paraitre en tapinois1
Etendu sur ce lit que l’on nomme pavois. [« pavois » = « piédestal » : Un « lit » ? Le pavois ? Parlé-je bien de ce lit appelé à occuper la moitié de notre temps ? Parlé-je bien de ce lit appelé à m’accorder quelque repos ? Oui ! C’est dire si j’y consacre du temps, à mon piédestal premium ! (« Premium » car piédestal d’orgueilleux ! Et ça, si ce n’est pas un luxe, mes amis !)]
[Oh le superbe orgueilleux ! Oh le fourbe fier ! Son « pavois » se trouve si haut qu’il apparait, de votre point de vue, en cachette ! Le géant vous annonce cela comme s’il ne faisait point exprès de s’effacer de la sorte ! Oh le salaud !]

Frère, s’il est jamais advenu que salutaire
Je paresse2 avec les miens, quitte les sous-bois
Par lesquels tu files avec les taupes, coi ! [Le sens général de ce dernier tercet ? « Frère, si tu m’as jamais vu n’être pas opportun aux miens, sort de ce terrier où vont prestement se terrer les aveugles et dis-le moi en face, espèce d’aveugle qu’à pas compris que j’étais bon avec les miens ! » (Sauf qu’en fait je ne le suis pas, bon avec les miens. C’est en tout cas le ton que donne le paradoxal « paresse », double-sens évocateur et tout aussi charnière ! Avec lui, ce passage prend tout son sens ! T’es pas le seul à être aveugle frère ! Chacun son expérience : chacun sa part de spontanéité !)]

Frère qui remarque bien promptement l’impair
Gagner ces prunelles familières… [Oh la belle petite rupture au niveau des rimes !]

Frère qui trouve bien dilatée3 du matois4
L’inopportune connerie, pantois…



1 En tapinois, de l’ancien français tapin – « qui se dissimule » –, sournoisement, en cachette, à la dérobée !
2 Paresse ≠ Paraisse ! [Ah ! le beau rejet ! Et avec un tel jeu de mot ! Ah ! La belle opposition ! Je vous apparais exemplaire mais je n’en suis rien. Je paresse, trouve des excuses lorsqu’il s’agit de donner dans l’exemplarité ! Quel infâme perfide fais-je ! Ah ! En tapinois, comme dit l’autre !]
3 Dilatée, ou épanouie, ample, élargie ! [++ Parallèle avec prunelles.]
4 Matois, ou madré, malin, chafouin, fourbe, hypocrite, insidieux, perfide, rusé ou encore méfiant. (Couillon ça marche aussi.)




Frère, ma douce charité saura te complaire :
Si tes cils doivent tomber quand passe la proie [La proie, c’est moi^^]
Embarrasse [Et non pas « embrasse » ! Haha !] l’apatride[i]1-BIS qui fort aboi. [« l’apatride qui » : Le cas apatride serait-il donc plus répandu qu’on ne le croit ? (En tout cas « l’ » péjoratif à souhait !) Il aboi ? Qu’il aboie !]

Frère, lève-toi et noie les contestataires
Du haut de ta grandeur, enseigne-leur la loi
Montre-leur ta force, qu’ils découvrent leurs émois ! [Leur grand tort serait justement d’apprendre cette force. Force maléfique…]


Frère j’espérerai tranquille la fin de tes conquêtes
Reviens-nous lorsque tu auras fortifié ton corps, ton esprit,
Et que tu jugeras le temps opportun.
Et nous sourirons, ensemble ;
Et nous rirons, ensemble, à la barbe de notre bêtise.
Moquons-nous de nos feintes perspectives
Et, de nouveau, redevenons frères.


Frère…
Te voilà parti…
Me voici en guerre…



1-BIS L’apatride, ou le déplacé, l’inopportun (comme la connerie), le grossier, le malvenu, le saugrenu mais aussi et surtout le sans-patrie !

Pour la mise en forme, j'ai essayé de faire au mieux. (Seulement ce n'est pas forcément évident.^^')
Bonne relecture :D:

J'ai lu ta diatribe juvénile.. Quel élan, quelle foi !
Mais pour moi qui a derrière moi tant de jours qui ont arrondis les angles mon piédestal est à la hauteur de mes chaussures et je n'ai plus d'ailes pour m'envoler très haut, alors je poétise sans apporter trop d'explications aux autres.
En fait je rampe. LOL

Hehe mais comme le dit le poème la hauteur ne se résume pas à quelque volée d'étrennes et toucher terre peut recouvrir quelques avantages.

Et puis, lors d'une course, le premier arrivé n'est pas forcément le meilleur. Parfois, la victoire sied tout aussi bien - si ce n'est mieux ! - au participant qui aura exsudé les plus grosses gouttes, exhalé les effluves les plus altruistes, et dont la joie tombera louable, et dont la joie se sera vue digne d'être vécue !

Ton piédestal peut sembler rabougri.

Mais il n'est pas interdit au rabougri de séduire....... :)