Les amoureux de mai

Mai accrochait aux branches
Les hampes lourdes des lilas.
Malgré l'averse bruyante,
Elle se hâtait de rejoindre, 
Ce banc vert émeraude,
Où l'attendait peut-être, 
Le cœur battant,
Celui qui lui fit cadeau d' un bouquet de muguet,
Accroché à la fenêtre, le premier de ce mois,
Sans révèler seulement
Qui avait eut cette tendre intention,
Mais avait inscrit ces simples mots :
« Je t'aime Manon ».
Tous les matins, depuis une semaine,
Elle découvrait un bouquet de modestes pâquerettes
Accompagné des mêmes mots

« Je t'aime Manon »

Ce huit mai là , le temps était à l'orage,
Et la jeune fille se désespérait
De pouvoir enfin rencontrer, 
Au bord du canal,
Celui qui, la veille , lui avait donné rendez-vous 
Près du saule pleureur, là où nichaient les cygnes.
Peut-être que devant le déluge de pluie,
Cet amoureux allait renoncer à venir la rejoindre !
Mais elle était si impatiente,
Qu''elle tenta tout de même l'aventure,
Et brava éclairs et tonnerres...
Sur le banc verni,
Sous cette pluie battante,
Trempé jusqu'aux os, attendait déjà le soupirant,
Aussi attendrissant que l'amoureux de Peynet,
Avec son bouquet, qu'une main tenait serré sur son cœur.
Manon le reconnu
Mais n'éprouva pas à ce moment l'étincelle d'amour
Pour ce garçon rougissant,
Qui balbutiait ,dans la pose ridicule
D'un genou à terre, pour lui offrir ses fleurs
Et son cœur..
Mais l'amour 
ne commence pas toujourspar un coup de foudre
et après bien des années,
Marc et Manon 
Se souviennent, attendris,
De cette journée de pluie,
Et des mois qui suivirent,
où ils apprirent à s'aimer et à se comprendre,
Car ce n'est assurément pas 
Ce qui est beau qui plaît,
Mais bien ce qui plaît 
Qui nous enchante .