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Si toi aussi, tu entends souvent ton cœur parler à ta plume, viens déposer tes escarpins dans l'empreinte de nos pas.
Tu pourras alors alimenter cette rivière afin qu'elle devienne un fleuve prolifique de douceurs où tous, nous venons à notre tour, pour y tremper notre plume féconde.
Et cet affluent de pensées innombrables finit sa course magnifique dans un océan de lumières.
J'aime cet idée de partage.
Elle devrait régir le monde sans aucune faille.
Pour que nous regardions tous dans la même direction.
C'est pour cette raison que nous aimons tant la poésie... Et les poètes !...
Gérard SANDIFORT alias Sandipoete
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 COPPÉE François Édouard Joachim - La Veillée

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arcaro95
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MessageSujet: COPPÉE François Édouard Joachim - La Veillée   COPPÉE François Édouard Joachim - La Veillée EmptyLun 5 Mar 2012 - 7:31

François Édouard Joachim Coppée, né le 26 janvier 1842 à Paris où il est mort le 23 mai 1908, est un poète, dramaturge et romancier français.

À ne pas confondre avec Jean-François COPÉ

Dès que son fiancé fut parti pour la guerre,
Sans larme dans les yeux, ni désespoir vulgaire,
Irène DE GRANFIEF, la noble et pure enfant,
Revêtit les habits qu’elle avait au couvent.
La robe noire avec l’étroite pèlerine,
Et la petite croix d’argent sur la poitrine.
Elle ôta ses bijoux, ferma son piano,
Et garda seulement à son doigt cet anneau,
Seul souvenir du soir qu’au printemps fut ravi,
Au vicomte Roger, elle engagea sa vie.
Aveugle à ce qu’on fait et soude à ce qu’on dit,
Près du foyer stoïque et pâle, elle attendit.
Roger, dès qu’il connut la première défaite,
Comme un loriot qu’on trouve au milieu d’une fête,
Soupira. Mais agit en homme brave et prompt.
Il prit congé d’Irène et coupant sur son front,
Une mèche de fins cheveux, il l’avait mise,
Dans un médaillon d’or caché sous sa chemise.
Puis sans qu’on le retînt ou qu’on le retarda,
Il s’était engagé comme simple soldat.
On sait trop ce que fut cette guerre. Impossible,
Et de l’absent aimé parlant le moins possible ;
Irène, chaque jour à l’heure ou le piéton
Descendait sac au dos la route du canton ;
Le regardait venir, assise à la fenêtre.
Et lorsqu’il s’éloignait sans déposer la lettre,
Elle étouffait un long sanglot et c’était tout.
Le vicomte écrivit et jusqu’au milieu d’août,
Irène n’eut pas l’âme encore alarmée.
Enfin, il fut bloqué dans Metz avec l’armée.
Et sachant seulement d’un fuyard de là-bas,
Qu’il n’eût pas périt dans les premiers combats,
Irène aux yeux de tous domptant ses pleurs rebelles,
Eut le courage alors de vivre sans nouvelle.
On la vit devenir plus pieuse qu’avant,
Elle allait mainte fois à l’église et souvent,
Elle allait visiter les pauvres du village.
Parlant plus longuement et donnant davantage,
A ceux dont les enfants par la guerre étaient pris.
C’était le temps affreux du siège, où de Paris
Gagnant toute la France ainsi qu’une gangrène,
L’invasion touchait presque au château d’Irène.
Les Hulans fourrageaient dans le pays voisin.
Le curé de l’endroit et le vieux médecin
Avaient beau chaque soir au foyer de famille,
Ne parler que de morts devant la jeune fille ;
Elle n’avait au cœur aucun pressentiment.
Roger était à Metz avec son régiment.
A sa dernière lettre, il était sans blessure.
Il vivait, il devait vivre, elle en était sûre.
Et forte de l’espoir des fidèles amours,
Le chapelet aux doigts, elle attendait toujours.
Un matin, elle fut en sursaut réveillée,
Là-bas au bout du parc, sous l’épaisse feuillée,
Des coups de feu pressés annonçaient l’ennemi.
La noble enfant rougit d’avoir d’abord frémie.
Elle voulait ainsi que Roger être brave.
Comme s’il ne ce fut rien passé de plus grave.
Calme, elle s’habilla ; puis ayant achevé,
La prière du jour sans omettre un avé ;
Descendit au salon le sourire à la bouche.
Ce n’était presque rien, une simple escarmouche.
Des soldats bavarois venus en éclaireurs ;
Et surpris brusquement par quelques francs-tireurs,
S’enfuyaient. Tout au loin rentrait dans le silence.
Il faudrait établir dit-elle une ambulance !
On avait justement ramassé sur les lieux du combat,
Un officier blessé, un bavarois,
Le cou traversé d’une balle,
Et lorsqu’on apporta ce grand jeune homme pâle,
Les yeux clos et saignant sur un vieux matelas,
Sans trembler d’un frisson, sans pousser un hélas ;
Irène le fit mettre avec sollicitude,
Dans la chambre ou Roger demeurait d’habitude,
Lorsque pour faire sa cour, il venait au château.
Elle porta dehors la veste et le manteau
Tout noir de sang pendant qu’on couchait le malade.
Grondant le vieux valet qui prenait l’air maussade,
Et qui ne montrait pas assez d’empressement.
Et quand le docteur fit le premier pansement,
Elle l’assista de ses mains ainsi qu’une sœur grise.
Enfin quand le regard tout rempli de surprise,
Et de reconnaissance heureuse. Le blessé
Ce fut parmi les doux oreillers affaissés ;
Elle s’assit près de cette tête assoupie,
Demanda du vieux linge et fit de la charpie.
C’était ainsi qu’Irène entendait le devoir.
Le soir du même jour, le docteur vint revoir
Son malade et faisant étrangement le mou,
Il dit entre ses dents « oui, le sang à la joue,
Le pouls trop vif, la longue mauvaise nuit,
La fièvre, le délire et tout ce qui s’en suit.
Moura-t-il dit Irène un frisson sur la lèvre.
Qui sait, je vais tâcher de couper cette fièvre.
Cette formule ci a souvent du succès,
Mais il faut que quelqu’un observe les accès.
Le veille jusqu’au jour et le soigne avec zèle.
Je suis prête docteur. Non pas mademoiselle,
Un de vos gens peut être bien…Non ! Docteur, car Roger
Peut-être est prisonnier, malade à l’étranger.
S’il lui fallait des soins que ce blessé demande,
Je voudrais qu’il les eût des mains d’une allemande.
Soit dit le vieux docteur en lui tendant la main,
Vous allez donc rester ici jusqu’à demain.
Il suffit d’un accès de fièvre pour qu’il meurt.
Donnez la potion de quart d’heure en quart d’heure.
Au jour, je reviendrais pour juger de l’effet,
Puis il partit laissant Irène à son chevet.
Elle était là depuis une minute à peine,
Lorsque le bavarois se tournant vers Irène,
Et sur la jeune fille ouvrant l’œil à demi,
Ce médecin dit-il me croyait endormi.
Mais, j’ai tout entendu merci mademoiselle,
Merci du fond du cœur, moins pour moi que pour elle,
A qui vous me rendez et qui m’attend là-bas.
Elle lui répondit ne vous agitez pas.
Dormez, c’est du repos que dépend votre vie,
Non reprit-il, il faut d’abord que je confis,
Le secret que j’ai là car la mort peut venir.
J’ai fait une promesse et je veux la tenir.
Parlez donc dit Irène et soulagez votre âme.
La guerre ; oh la guerre est une chose infâme.
C’était le mois dernier, sous Metz, j’eu le malheur,
De tuer un Français. Pour cacher sa pâleur,
Irène de la lampe abaissa la lumière.
Il reprit nous allions surprendre la chaumière
Où les vôtres s’étaient fortifiés. Ce fut
Comme font les chasseurs quand ils sont à l’affût.
Vers le poste français par des nuits très sombres,
L’arme prête, muets, nous nous glissions dans l’ombre,
Le long des peupliers disposés en rideau.
J’enfonce le premier mon sabre dans le dos,
D’un soldat qui faisait sentinelle à la poste.
Il tombe sans pouvoir crier main forte.
Nous prenons la masure et tout est massacré.
Irène se cacha les yeux tout effarés
Du combat. Je sortais de ce lieu de carnage
Quand la lune soudain découvrant un nuage,
Me fit voir éclairé de son pâle reflet,
Un soldat se tordant par terre et qui râlait.
Le soldat que mon sabre avait percé, le même.
Me sentant prit pour lui d’une pitié suprême,
Je me mis à genoux voulant le secourir.
Mais il me dit, il est trop tard je vais mourir.
Vous êtes officier, gentilhomme peut être.
Oui, que puis-je pour vous ? Simplement me promettre
De remettre ceci dit-il en saisissant
Un médaillon caché dans sa poitrine en sang.
Mais son dernier souffle emporta sa pensée.
Le nom de son amante ou de sa fiancée,
Par le pauvre français ne fut pas achevé.
En voyant un blason sur le bijou gravé,
Je l’emportais gardant pour plus tard l’espérance,
De découvrir parmi la noblesse de France,
La femme à qui revient ce leg du soldat mort.
Le voici, gardez-le, mais jurez-moi d’abord
Si la mort ne doit point ici me faire grâce,
Que vous accomplirez ce devoir à ma place.
Et sur le médaillon offert par l’étranger,
Irène reconnut le blason de Roger.
Alors le cœur tordu d’une douleur mortelle,
Je le jure, monsieur, dormez en paix dit-elle.
Le blessé soulagé d’avoir fait cet aveu,
S’est assoupi. Le sein palpitant, l’œil en feu,
Irène près de lui, reste debout sans larme.
Oui son amant est mort, ce sont bien là ses armes.
C’est bien là son blason aussi fameux qu’ancien.
Et le sang qui noircit son bijou c’est le sien.
Ce n’est pas d’une mort héroïque et guerrière,
Qu’a succombé Roger, mais frappé par derrière,
Sans pouvoir appelé ses amis sans crier.
Et cet homme qui dort là, c’est son meurtrier.
C’est bien son meurtrier, il s’est vanté de l’être,
D’avoir frappé Roger dans le dos comme un traître.
Et maintenant, il dort son lourd sommeil épais.
Et c’est à lui qu’Irène a dit dormez en paix.
Et comme une suprême et cruelle ironie,
Elle doit de ce front écarter l’agonie.
Veiller à ce chevet jusqu’au soleil levant,
Comme une bonne mère auprès de son enfant.
Elle doit lui verser de quart d’heure en quart d’heure,
Le remède prescrit pour empêcher qu’il meure.
Cet homme y compte bien ; il repose aliter,
Sous le toit protecteur de l’hospitalité.
Le flacon qui contient sa vie est sur la table.
Il attend n’est-ce pas que c’est épouvantable.
Quoi. Lorsqu’elle se sent lentement envahir,
Par tout ce que contient d’affreux le mot haïr.
Danse, gronde, dans son sein la colère terrible,
Qui dirige le bras de Gaëlle dans la Bible.
Lorsqu’elle clou au sol le front de Cissara.
Cet homme maudit elle le sauvera.
Allons donc, on n’est pas à ce point généreuse.
Lorsqu’elle cède presque à la pensée affreuse
A l’atroce désir de tirer du fourreau
Le sabre avec lequel a frappé ce bourreau.
Et dont brille en un coin le lourd pommeau de cuivre.
Pour obéir aux vains préjugés et poursuivre
On ne sait quel devoir et quel respect humain
Elle-même mettra dans cette horrible main
Par qui toute sa joie ici-bas fut ravie.
Le repos, le sommeil, la guérison, la vie.
Jamais cette fiole elle va la briser.
Mais non, c’est inutile, elle n’a qu’à laisser
S’accomplir le destin. Pour servir sa vengeance,
Il semble qu’avec elle il soit d’intelligence.
Ce blessé, elle n’a qu’à le laisser mourir.
Oui, le remède est là qui pourrait le sauver.
Mais ne peut-elle pas s’être une heure endormie.
Puis elle fond en pleurs et s’écrie infamie.
Et la lutte durait encore quand l’Allemand
Tiré de son sommeil par un gémissement
S’agita dans un rêve et fiévreux dit à boire.
Irène alors leva vers le christ d’ivoire
Suspendu sur le mur à la tête du lit
Un sublime regard de martyr et pâlit.
Puis l’œil toujours fixé sur le dieu du calvaire
Versa le contenu du flacon dans un verre.
Et délicatement fit boire le blessé.
Seigneur vous avez vu seul ce qui s’est passé.
Au chevet de ce lit dans ces heures funèbres
Lorsque l’ange du mal parla dans les ténèbres.
Vous qui fûtes conduit au désert par Satan
Et n’avez qu’à la fin sue lui dire va-t'en.
Vous pardonniez seigneur à cette âme tentée
Lorsque l’épreuve enfin fut par elle acceptée.
Vous seul étiez témoin et vous seul approuviez
Vous souvenant alors du mont des oliviers.
Et frémissant devant l’approche du supplice
Vous disiez oh mon père, éloigniez ce calice.
Vous avez eu pitié de ce cœur trop uni
Seigneur et je suis sûr que vous avez béni.
Mais quand le médecin qui revint vers l’aurore
La vit près du blessé le faisant boire encore
Et soutenant le verre avec ses doigts tremblants
Il s’aperçu qu’Irène avait les cheveux blancs.
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MessageSujet: Re: COPPÉE François Édouard Joachim - La Veillée   COPPÉE François Édouard Joachim - La Veillée EmptyMar 6 Mar 2012 - 8:14

J'aime la maîtrise parfaite de l'alexandrin.
L'amour détruit par la guerre.
C'est triste.

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